Lorsque vous jouez à un jeu "Suda51", vous savez que vous vous attendez à quelque chose d'unique. Compte tenu de ses succès plus récents, Suda51 a décidé de rééditer l'un de ses anciens jeux pour le public anglais, le titre d'aventure noirâtre The Silver Case 2425. Le jeu est une compilation de deux titres de la licence et est disponible sur Nintendo Switch.
Malheureusement, même si je peux comprendre son désir de faire découvrir ses anciens travaux à un nouveau public, le jeu n'a pas bien vieilli. Le style caractéristique du créateur fonctionne bien dans les jeux d'action où, même si vous n'avez aucune idée de ce qui se passe, il est possible de s'amuser en jouant simplement.
On ne peut pas en dire autant ici, dans un jeu avec très peu de gameplay réel et une intrigue presque impénétrable. Certains le qualifieront d'"artistique" et de "stylé", et ils n'auront pas tort, mais cela ne l'empêche pas d'être, au fond, un jeu assez dur (et pas dans le sens difficulté du terme).
Scénario
The Silver Case 2425 met en scène un jeune policier nommé Akira, bien que vous puissiez changer son nom pour celui que vous souhaitez. Son équipe est attaquée par le célèbre tueur en série en fuite Kamui, un événement auquel Akira survit de justesse.
Il est retrouvé par les inspecteurs de l'unité des crimes odieux, dont la plupart des personnages du jeu font partie. Ces détectives décident inexplicablement d'emmener Akira avec eux dans leur enquête, et l'engagent même plus tard dans leur équipe. Cela m'a paru étrange, car il est clair dès le début qu'Akira est tellement perturbé par sa rencontre avec Kamui qu'il est pratiquement incapable de parler.
Le jeu ne semble jamais établir quand cela change, et pourtant les détectives traitent Akira, toujours silencieux, comme s'il était un membre à part entière. Les protagonistes silencieux sont, bien sûr, c'est courant dans les jeux japonais, mais ils le sont généralement par choix. Ici, ce n'est probablement pas le cas.
Gameplay
La méthode d'investigation d'Akira consiste principalement à se promener, à parler aux gens et à examiner les points d'intérêt, le tout dans une perspective à la première personne. Cette approche n'est pas inhabituelle mais elle coïncide bien avec l'univers. Vous devez passer d'un mode "mouvement", dans lequel vous pouvez observer activement durant votre déplacement, à un "mode interaction", dans lequel vous pouvez examiner ce qui vous entoure. Ce basculement peut être un peu déstabilisant, mais à force, on s'y fait. D'autant plus que les scènes d'interaction sont configurées de telle sorte que vous pouvez tout observer clairement.
Le jeu vous poussera à explorer plus d'une fois un environnement ou un bâtiment pour pouvoir faire avancer l'histoire. Gardez l'œil ouvert, car la suite des événements se trouve peut-être à vos pieds. Dans un autre segment, vous devez frapper à la porte de pas moins de quatre étages d'appartements et interroger leurs habitants sur une mort récente, mais tous les habitants n'ont pas toujours de réponses à vous fournir. Je peux dire que ce genre de segments devient vite agaçant. Pourtant, même ces moments sont préférables à ceux où vous n'avez aucune idée de ce qu'il faut faire ensuite pour faire avancer l'histoire.
Lorsque vous êtes sur la bonne voie et que l'histoire avance, elle reste souvent longue. Les conversations entre les personnages semblent durer deux fois plus longtemps qu'elles ne le devraient, compte tenu de ce qu'elles vous apprennent. Dans sa globalité le titre est très, voire trop verbeux. Beaucoup de passages ne sont là que pour meubler et ralentir l'accomplissement d'une tâche.
Il existe aussi des passages nommés "Placebo". Ce sont des histoires parallèles à celle d'Akira mais du point de vue journalistique, par le protagoniste nommé Tokio Morishima, qui passe essentiellement son temps à vérifier ses emails ou à parler à sa tortue.
De temps en temps, il quitte son appartement pour aller interviewer quelqu'un. Je suis conscient que ce jeu est censé être, essentiellement, un roman visuel, mais la quantité de texte à parcourir est stupéfiante par rapport à la quantité minuscule de ce qui est nécessaire pour finir le jeu. Le premier chapitre "Placebo" m'a pris environ 45 minutes, consistant principalement à regarder Morishima apprendre tout ce que j'avais déjà découvert en jouant la première partie d'Akira. C'était une expérience assez frustrante.
Les chapitres d'Akira comportent plus que de la simple lecture. De temps à autres, vous devez déchiffrer une série de codes avec l'aide de votre partenaire, et d'autres fois, vous devez utiliser un objet pour franchir un obstacle, mais ces situations sont exceptionnellement rares.
La plupart du temps, ce qui se rapproche le plus d'une "énigme" est de savoir où aller et à qui parler. Il n'y a même pas vraiment de choix de dialogue, ce qui limite encore plus l'interactivité.
La direction artistique est top !
Tout cela ne veut pas dire que The Silver Case 2425 n'a pas de bons moments en son sein. Les scènes de meurtre, en particulier, sont véritablement troublantes grâce à leurs images gores dessinées à la main.
Les modèles de personnages sont également très bons, donnant à chaque personne un look distinctif, bien qu'ils ne changent pas d'expression dans la conversation, ce qui atténue quelque peu leur personnalité.
Certaines scènes sont accompagnées d'autres illustrations de ce style, souvent présentées dans une boîte sur une partie de l'écran, ce qui donne à la présentation une sorte de roman graphique. De temps en temps, il y a de brèves séquences animées, et même une poignée de FMV.
La musique
Les différents morceaux s'adaptent bien aux différentes ambiances du jeu, même si la partition principale, très rythmée, semble beaucoup plus énergique que les scènes qu'elle accompagne habituellement.
Il s'agit d'un retour à un style de musique de jeu vidéo plus proche des années 90, avec une quantité décente de claviers et de synthétiseurs. L'ambiance musicale sort vraiment du commun avec un bon dans le passé de plusieurs dizaines d'années.
Ma conclusion
J'ai trouvé que The Silver Case 2425 était un bijou graphique et musicale mais que les interactions sont trop peu nombreuses (en même temps, c'est normal pour un roman visuel).
Je peux voir les fans dévoués des romans visuels apprécier la nature artistique de ce jeu sans être touchés par les très longues séances de dialogue. Globalement, je me suis amusé sur le titre mais pour toutes personnes voulant l'acquérir, il faut être assez bon en anglais parce que le jeu ne bénéficie pas d'une traduction française ...
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