Fuga Melodies of Steel 3 — De l'enchanteur au dramatique

Nous étions loin de nous imaginer que la licence Little Tail Bronx — avec ses chiens et chats anthropomorphes vivant sur des îles flottantes — allait un jour nous briser le cœur. Et pourtant, après les aventures légères de Tail Concerto et Solatorobo: Red the Hunter, Fuga: Melodies of Steel est arrivé pour nous rappeler que derrière les pelages soyeux et les méchas rutilants, il pouvait y avoir des histoires d'une noirceur profonde. Retraçons ensemble les inspirations de cet univers et ce qu'apportera la conclusion de la trilogie Fuga. Comme quoi, il ne faut jamais juger une œuvre à sa couverture...

Myazaki, Sherlock Holmes et tutti quanti

Il est difficile de ne pas voir dans Sherlock Holmes — l’anime de 1984 — une source d’inspiration pour l’univers de Little Tail Bronx. Cet anime, fruit d’une collaboration entre la RAI et Tokio Movie Shinsha, a été porté par Hayao Miyazaki (on ne vous fera pas l’affront de le présenter) sur ses premiers épisodes, ainsi que par Kyousuke Mikuriya, connu notamment pour Lupin III. La filiation italienne est totalement consommée par la présence des trois frères Pagot — Tony, Marco et Gi — au sein de l’équipe italienne, eux-mêmes créateurs de Caliméro et Grisu. Pour les plus jeunes, Caliméro est ce célèbre poussin noir qui trouvait la vie "trop injuste", tandis que Grisu était un jeune dragon rêvant de devenir pompier.

Ces dessins animés, et particulièrement Caliméro, baignaient dans une certaine tristesse et une nostalgie palpable, certes contrebalancées par de bons sentiments, mais néanmoins bien présentes. Ce qui renforce encore la filiation avec Fuga: Melodies of Steel, où de jeunes recrues sont mises à rude épreuve, certaines allant jusqu’à activer le Soul Cannon — arme dévastatrice nécessitant le sacrifice d'une âme.

De plus, Sherlock Holmes et Little Tail Bronx partagent un socle commun qui va au-delà du simple bestiaire canin. L’anime de 1984 transpose les aventures du célèbre détective dans un univers steampunk, où les canidés anthropomorphes évoluent dans une société structurée et technologiquement avancée. Une démarche qui fait écho aux mondes imaginés par CyberConnect2, où chiens et chats coexistent dans un cadre rétrofuturiste, inspiré de la Belle Époque européenne. Si Sherlock Holmes privilégie un ton léger et des enquêtes pleines d’ingéniosité, Fuga: Melodies of Steel en reprend les codes esthétiques et thématiques en y injectant une dimension déchirante, où les conflits prennent une ampleur des plus dramatiques.

Un hommage, peut-être, une influence indiscutable à travers une filiation esthétique et narrative...

Little Tail Bronx — De Tail Concerto à Fuga

Little Tail Bronx, c’est un monde où chiens et chats marchent sur deux pattes. Ces créatures humanoïde pilotent des méchas et s’embarquent dans des aventures qui oscillent entre le mignon et le tragique. Le tout sur des îles flottantes, parce que pourquoi pas. Comme nous vous le disions plus tôt, cette licence, née avec Tail Concerto en 1998, a grandi avec Solatorobo: Red the Hunter et a pris un tournant plus sombre avec Fuga: Melodies of Steel.

D’abord, il y eût Tail Concerto, un jeu où un flic canin du nom de Waffle pourchasse une bande de chats-pirates. Mignon, coloré, fun… Bref, de quoi marquer les esprits sur PlayStation. Puis est arrivé Solatorobo, qui nous a propulsés dans une aventure plus ambitieuse avec Red Savarin et son mécha Dahak.

Mais c’est Fuga: Melodies of Steel qui a vraiment changé la donne. Finis les héros insouciants : ici, des enfants doivent piloter un tank géant pour survivre à une guerre, et chaque décision peut être une question de vie ou de mort. Et comme si ça ne suffisait pas, Fuga 2 a ajouté un système de Jugement — conséquences narratives dans les choix du joueurs — pour encore plus de dilemmes moraux.

Little Tail Bronx a grandi, laissant une partie de son insouciance derrière lui.

Ce qui reste, c’est un univers déchirant de beauté et de tristesse, qui mélange action, narration et émotions avec un savoir-faire que seul CyberConnect2 peut nous proposer. Une licence qui a su évoluer sans perdre son identité, et qui continue de surprendre — Qui aurait cru qu’un jeu avec de mignons petits animaux ferait autant réfléchir sur la guerre, le sacrifice et l’amitié ?

Fuga: Melodies of Steel 3 — La maîtrise du concept ?

Dans Fuga: Melodies of Steel 3, CyberConnect2 pousse encore plus loin les mécaniques qui ont fait la force de la saga. Parmi les nouveautés marquantes, le Mega Soul Cannon, une version encore plus dévastatrice de l’arme ultime, pousse le sacrifice à son paroxysme en exigeant l’immolation de tous les enfants du tank Taranis pour annihiler l’ennemi. Une mécanique qui renforce encore le poids émotionnel et stratégique des choix du joueur.

Le jeu introduit également de nouveaux systèmes, comme le Terminal Oméga, permettant d’accéder aux archives du Taranis et de débloquer des compétences spéciales via le Gestionnaire de Compétences, ou encore une boutique exclusive dirigée par Chathie, offrant des objets rares. L’exploration prend aussi une nouvelle dimension avec des éléments comme les Balloon Bombs pour affaiblir les ennemis avant un affrontement, ou encore le Téléporteur, permettant de se déplacer instantanément sur la carte.

Côté narration, le jeu mise sur une grande rejouabilité avec huit fins différentes, dont une Special Ending accessible uniquement après avoir débloqué toutes les autres. De plus, 19 événements secrets permettent de découvrir des révélations sur les personnages et même de voir ce qu’ils deviennent après l’histoire. Enfin, pour marquer chaque avancée, les joueurs pourront débloquer de superbes illustrations en terminant les 11 chapitres du jeu, réalisées par une sélection d’artistes talentueux.

Fuga: Melodies of Steel 3 marquera sans doute la fin de cette aventure dans Little Tail Bronx. Il n'y a qu'à voir toutes les fonctionnalités ajoutées à ce dernier opus pour comprendre que les développeurs veulent taper un grand coup avant de tirer leur révérence. Pour nous, la franchise n'existe pas seulement depuis 1998, mais prend place bien plus tôt au travers d'un hommage à un univers de génie créé par des génies. Il ne nous reste plus qu'à attendre le 29 mai 2025 pour en savourer l'apothéose.