Depuis quelques années aux travers de licences connues, le JRPG est parvenu à s'extraire de cette notion de style de niche, ce n'est pas le cas pour Mugen Souls Z. Sorti à l'origine sur PS3 en mai 2014 des studios d'Idea Factory en collaboration avec ceux de Compile Heart, le titre ressort aujourd'hui sur Switch. Je vous propose de découvrir, si, en 2023, cela était un choix judicieux ou non.
Avant-propos
Il me faut débuter ce test par une petite alerte. Mugen Souls Z s’adresse avant tout à un public averti sur principalement deux aspects : son humour souvent en dessous de la ceinture, et son caractère parodique du RPG nippon. Par conséquent, je déconseille fortement ce titre à toute personne qui ne serait pas un minimum familier du genre.
Un prétexte à l'aventure
Autant le dire toute de suite, l’histoire de Mugen Souls Z n’est pas un moteur du jeu. Plate et sans grand intérêt, si ce n’est un twist que l’on sent venir à des kilomètres, elle est un prétexte pour l’exploration et la conquête des douze mondes scintillants.
Nous incarnons Syrma, la déesse ultime, qui est, comme dans beaucoup de JRPG, amnésique. Après une courte introduction posant les bases de l’univers loufoque, ainsi que l’humour constant du titre, elle absorbe, grâce à son cercueil particulier, les pouvoirs de Chou-Chou. Celle-ci est la déesse incontestée de l’univers, personnage principal du premier opus. Transformé en chibi, Chou-chou voit son plan de conquête de l'univers mis à mal. Qu’à cela ne tienne ! Elle force Syrma à prendre sa place et l'utilise comme moyen de locomotion pour tout de même parvenir à ses fins. Nous suivons donc deux intrigues, la conquête des douze univers de Chou-Chou et la mission de Syrma : absorbé les douze autres dieux ultimes afin de recouvrer la mémoire.La caractéristique principale de cette histoire tient surtout à son irrévérence. Les personnages sont tous des caricatures et si, sur ce point précis, le résultat est plutôt réussi, il en existe un autre qui aujourd’hui en 2023 me fait beaucoup grincer des dents, le fan service.
Je n’ai pas de problème avec le principe de manière générale, mais, il m’est impossible de l’apprécier lorsqu’il met en scène des protagonistes enfantins, dans ce qui peut s’apparenter à une agression sexuelle. L’irrévérence doit être maniée avec finesse et parcimonie, Mugen Souls Z ne présente aucune de ses caractéristiques.
De discutable à acceptable
Sur le plan visuel, Mugen Souls Z est fonctionnel. Si la direction artistique, en particulier des personnages féminins, est à mon sens plus que discutable. Elle n’en reste pas moins efficace pour appuyer l’aspect parodique du titre. Du reste, une planète amène un nouvel environnement suivi de son temple. Les mondes présentent des ambiances variées, aux couleurs chatoyantes et éloquentes, qui correspondent bien à leur thème respectif, mais qui souffre de leurs petites tailles et de leurs classicisme. Les temples ne sont guère mieux lotis, tous très semblable dans leurs esthétiques et leurs agencements, cela conduit les environnements de Mugen Souls Z à ne jamais nous émerveiller.
Chacun de ses lieux est accompagné d’une musique aux sonorités souvent chaudes et chaleureuses qui retranscrit assez bien les particularités de chacune des planètes, tout en étant parfaitement convenue. Durant les combats, le festif et joyeux cèdent leurs place pour du rock à l’harmonie plus héroïque. À noter que les musiques des affrontements évoluent en fonction de votre avancée dans le jeu et de l’astre dans lequel vous vous situez. Cependant, je ne me suis jamais surpris à fredonner un de ces airs, une fois la manette posée, signe qu’à mon sens ils n’ont rien de bien transcendant.
Système de système, de sous-système, le vrai cœur de Mugen Souls Z
Derrière ce nom de partie un peu barbare, se trouve en réalité l’attrait principal de Mugen Souls Z. C’est également ici que l’on va retrouver tout l’aspect parodique du titre qui, pour le coup, est plutôt bien traité et intégrer, mais demande de connaître les mécaniques du genre pour être justement appréciées.
Nous allons d’abord aborder comment optimiser son groupe de personnages, et vous allez tout de suite comprendre que vous n’allez pas compter vos heures de farm si vous aimez le jeu. C’est bien simple que ce soient vos serviteurs, votre équipement, vos armures, vos compétences, tout dans ce jeu possède un niveau. Si le système de vêtement vous permet d’augmenter encore plus certaines caractéristiques en cas de niveau supérieur, les bains vous octroient des bonus de statistiques fixes pour vos incursions sur les différentes planètes. Attention ! Cependant, ce dernier s’accompagne d’un mini-jeu où le fan service bat son plein.
Soyons francs, la plupart des JRPG s’arrêteraient à ce genre de systèmes, mais Mugen Souls Z pousse le vice. En effet, en plus de son casting de base composé d’anciens personnages du précédent opus et de quelques nouveaux, il propose également de créer ses propres servants et de les fusionner afin de créer tout simplement le ou la combattante ultime.
Bien, maintenant que nous avons notre personnage ultime niveau 999, comment guerroie-t-on réellement ? Là encore, Mugen Souls Z ne fait pas dans la sobriété. Le jeu se présente sous la forme d’un JRPG au tour par tour traditionnel à tendance tactique, dans lequel vous sélectionnez vos actions dans un menu. On remarque bien vite que sous cette apparente simplicité se cache un système complexe. Tout d’abord, parlons des cristaux qui flottent tranquillement dans l’arène. Il en existe de deux types, des petits et un grand. Les premiers offrent différents bonus et malus dans leurs aires d’effet, tandis que l’autre, toujours seul, englobe toute la zone de combat. Retenez bien ses informations, elles seront utiles plus tard.
À cela s’ajoute la capture de monstres en les… séduisant. Pour se faire, Syrma peut se métamorphoser en huit formes distinctes : Ego, Sadist, Masochist, Bipolar, Graceful, Ditz, Hyper et Terse. Vous aurez dès lors l’occasion de choisir parmi trois poses pour contenter votre cible. Trois possibilités vous sont alors prodiguées : soit vous parvenez à la capturer et elle se transforme en Shampuru (sorte de petit animal mignon), soit vous réussissez à la convertir en objet, soit elle s’enrage et récupère de ses blessures tout en voyant ses capacités de combat augmenter, mais en cas de triomphe vos récompenses seront meilleures. Maintenant, notez que les cristaux peuvent également être charmés afin de provoquer les mêmes effets selon leurs zones d’influences respectives. Vous avez là, la première combinaison de systèmes proposé par Mugen Souls Z.
Mais ce n’est pas tout, Syrma peut déchaîner une puissante attaque nommée Ultimate Soul dont l’intensité dépend de plusieurs facteurs, dont le nombre de Shampuru en votre possession. Bien, nous avons déjà un système intéressant et plutôt stratégique, mais Mugen Souls Z ne sait pas quand s’arrêter.
Vous ai-je parlé de la possibilité de jouer au ping-pong avec les ennemis ? Oui, vous avez bien lu. Baptisée Blast Off, cette aptitude permet par le biais de certaines compétences de transformer la zone de conflit en flipper géant. Si cette mécanique peut paraître amusante, elle est en réalité primordiale, puisqu’elle octroie des dégâts bonus, et augmente votre nombre de combos qui influe sur vos récompenses en fin de combat. Une cible envoyée par le moyen de cette capacité peut frapper les petits cristaux qui, en explosant, produiront des effets dévastateurs. Il en va de même pour la destruction du gros cristal qui provoquera le Fever Mode.
Pour déclencher cette mécanique, il faut remplir plusieurs conditions et une fois ces conditions satisfaites, des bulles apparaîtront dans les airs de la zone d’affrontement. Vous n’aurez plus qu’à faire votre meilleur home-run dans leur direction et profiter du bonus de combo et de G, la monnaie du titre.
Tous ces éléments font de Mugen Souls Z un jeu extrêmement stratégique où comprendre l’intérêt et le fonctionnement de ces systèmes est primordial. Malheureusement, il pêche de ce côté-là, malgré le nom très évocateur de son tutoriel (Overwhelming tutorial), il ne parvient pas à expliquer clairement ses mécaniques en rentrant suffisamment dans les détails. Aussi je vous conseillerai de vous pencher du côté de son Wiki qui est particulièrement bien fourni en la matière.
Mugen Souls Z jouit également d’un système de duel avec votre mécha le G-Castle. Ce dernier est assez simpliste et plutôt anecdotique, puisqu’il s’agit d’un pierre-feuille-ciseaux sans grande importance et qui peut devenir particulièrement long. Dommage, car le côté loufoque de ces affrontements est bien rendu.
Enfin, nous avons l’exploration. Encore une fois, le jeu ne brille pas par cet aspect. Puisque les zones à traverser sont plutôt vides et les objectifs en deviennent redondants. Si faire d’une planète son serviteur peut prêter à sourire la première fois, c’est tout de suite moins amusant lorsqu’on se rend compte qu’elle se contente de cela. Surtout quand la séduction est si répétitive. Vous n’avez que trois options propres à chacun des points d’intérêts présentés sur la carte. À savoir : le subjuguer en le séduisant (utiliser la bonne forme, choisir les bonnes poses et avoir un niveau de charme satisfaisant), lui apporter l’objet qu’il désire, ou avoir affronté un nombre suffisant d’adversaires. À chacune de vos incursions sur une planète, vous reviendrez irrémédiablement au hub central du jeu le G-Castle, votre vaisseau. Là encore, la zone est toute petite et contient les quelques marchands nécessaires à votre progression. C’est ici que vous pourrez achetez votre équipement après avoir récupéré les matériaux sur les monstres, ou encore créer les fameux serviteurs. L’utilité principale de ce hub est qu’elle vous offre la possibilité de rejoindre le Mugen Field.
Seul véritable donjon optionnel du titre, composé de 100 étages au total. Il se découpe en une série de batailles à pieds ou avec votre mécha et sera le défi le plus corsé du jeu avec ses DLC présents dans cette réédition.
Enfin Mugen Souls Z tourne très bien en docké, mais ne parvient pas à maintenir son framerate en nomade. Ce qui rend sa progression encore plus laborieuse, mais vous permet de vous entraîner n'importe où !
Mugen souls Z, un jeu qui aurait dû rester dans les limbes
Vous l'aurez compris, Mugen Souls Z m'a heurté par ses choix artistiques que je juge obscènes en 2023. Même si le classicisme du jeu permet une certaine mise en abîme du genre JRPG, il finit par en desservir le titre. Heureusement, le gameplay étoffé et hautement stratégique du jeu, parvient à en faire une expérience moins désagréable, dommage qu'il n'y est pas que cela. Si ce style de jeu vous parle alors, je vous le conseille. Dans le cas contraire, le monde du JRPG possède d’autres histoires bien plus intéressante et mieux écrites à raconter. Personnellement, je ne suis pas certain que cette aventure méritait d’être à nouveau contée.
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] Mugen Souls Z- Date de sortie (Europe) : 14/09/2023
- Développeur : Idea Factory/Compile Heart
- Éditeur : Eastasiasoft
- Consoles : Switch
- Le gameplay en combat
- L'optimisation des personnages
- La diversité des environnements
- L'histoire
- Très répétitif
- Prise en main pas toujours évidente
- Hyper sexualisation des personnages enfantins