Test de Process of Elimination - Un roman visuel et un jeu d'enquête moyen !

Process of Elimination est un jeu d'enquête ainsi qu'un visual novel développé par Nippon Ichi Software, sous la direction de Munenori Hirose, qui a également travaillé sur Yomawari: Lost in the Dark. Le scénario a été imaginé par Johana Kento, qui a déjà collaboré sur Bokuhime Project, tandis que les musiques ont été composées par a_hisa, également responsable de la bande originale d'un autre titre récent de Nippon Ichi Software, Asatsugori, ainsi que de certaines musiques de Mad Rat Dead. Le character design, quant à lui, a été confié à Katsumata Mio. On pourrait penser qu'avec cette équipe de choc, on aurait entre les mains un concurrent solide pour la licence Danganronpa... Mais lisez plutôt la suite !

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Un scénario tantôt prévisible, tantôt déséquilibré...

Poussé par une soif de sang sans pareil, le Quartering Duke a commis plus d'une centaine de meurtres, plongeant inexorablement le pays dans un abîme de chaos. Face à l'ampleur de ces atrocités, l'élite de la Detective Alliance a pris la décision de mettre un terme à la folie meurtrière de ce tueur sanguinaire. Ainsi, un groupe trié sur le volet a été choisi pour mener l'enquête.

C'est alors qu'entre en scène Wato Hojo, un étudiant ordinaire au rêve de devenir détective. Malgré lui, il se retrouve mêlé à cette affaire. Guidé par le mystérieux Senior Detective, il s'associe à ses héros d'enfance pour dénouer les fils de l'enquête. Mais ce qu'il va découvrir est bien plus effrayant que tout ce qu'il avait pu imaginer, car le tueur en série se cache derrière l'un des détectives de l'alliance.

La révélation de cette vérité insoupçonnée va bousculer l'équilibre fragile de l'enquête, plongeant les personnages dans une course contre la montre effrénée pour démasquer le coupable avant qu'il ne soit trop tard. L'avenir du pays et de la Detective Alliance sont en jeu, et chacun des protagonistes doit faire face à ses démons pour triompher dans cette lutte acharnée contre le mal.

Au premier abord, l'intrigue de Process of Elimination peut sembler surprenante. Cependant, elle perd rapidement de son attrait après la première heure de jeu pour sombrer peu à peu dans l'ennui. Juger un roman visuel est délicat étant donné que ce type de jeu ne propose que très peu de gameplay. D'après mon expérience, ce jeu se rapproche le plus d'un Danganronpa classique, à l'exception de l'exploration. La progression de l'histoire se fait donc essentiellement par la lecture des événements, contrairement à la série de Spike Chunsoft. Toutefois, cela ne suffit pas à susciter la passion du joueur. Les scènes censées choquer sont souvent maladroites, en raison d'une légèreté mal maîtrisée, incluant des réactions de personnages tous plus stéréotypés les uns que les autres.

Chaque personnage de Process of Elimination appartient à la Detective Alliance, une organisation officiellement reconnue. Les agents de la DA sont récompensés pour chaque affaire résolue et leur rang est ajusté en conséquence. Au-delà de cela, il y a un véritable effort pour mettre en avant les particularités de chaque personnage. Nous les découvrons tels qu'ils sont et ils prennent leur place tant bien que mal au sein de la distribution. Cependant, leur excentricité tranche avec l'atmosphère mystérieuse et intrigante de l'histoire. À titre d'exemple, ils peuvent avoir des comportements drôles ou totalement exagérés durant des portions d'histoires horrifiques. Ceci annule toute crédibilité et nous extirpe, malgré nous, hors de toute immersion.

Afin de ne pas dévoiler l'intrigue, je préfère ne pas entrer dans les détails, mais il convient de noter que certains éléments clés de l'histoire de Process of Elimination s'insèrent dans le domaine de la science-fiction ou du surnaturel. Bien que ces genres puissent avoir leur place dans une narration, je pense qu'il y a des limites à ne pas franchir si l'on souhaite préserver la crédibilité de l'intrigue policière. En effet, lorsque les éléments de science-fiction ou de surnaturel prennent trop de place, ils risquent de détourner l'attention de l'enquête en cours et de rendre l'histoire incohérente. Dans ce cas précis, je regrette que l'accent ait été mis sur des éléments fantastiques au détriment de la logique et de la cohérence de l'histoire.

Malgré les défauts évoqués précédemment, il convient de souligner que l'intrigue de Process of Elimination sait se faire apprécier. En effet, l'histoire n'est pas dépourvue de qualités, notamment grâce aux relations plus profondes entre certains des héros. Ces relations offrent des situations variées, allant du romantique au drôle, en passant par la violence et l’excentricité. Ces moments de tension et d'émotion permettent aux joueurs de s'attacher davantage aux personnages, de mieux comprendre leur psychologie et de s'immerger dans l'histoire. Il est ainsi possible de ressentir de la sympathie pour eux, de s'inquiéter de leur sort et de se sentir concerné par leurs actions. Malheureusement, les quelques retournements de situation auxquels j'ai été confronté lors de mon expérience de jeu ne m'ont pas vraiment impressionnés. Soit parce qu'ils étaient trop prévisibles, soit parce que la mise en scène était exagérée ou maladroite.

L'atout de Process of Elimination se trouve dans son gameplay

Entre chaque longue période de texte, le jeu vous proposera des simulations d'investigation. Ces portions de gameplay mettent en scène une série de détectives dans des zones limitées des différents lieux du jeu. Chaque détective agit individuellement, mais il arrive que certains domaines de compétences leur échappent. Le joueur peut ainsi intervenir pour les aider à résoudre les énigmes plus rapidement. De plus, chaque enquêteur possède des statistiques et des compétences en matière de déplacement (Movement), de raisonnement (Inference), de vérification (Inspection), de coordination (Assistance) et d'investigation (Analyzation). Chacun des héros a des statistiques qui garantiront ou non la réussite de l'investigation, à vous de choisir le détective le plus adapté à une action particulière. De plus, si plusieurs personnages assistent le détective en cours d'investigation, un boost de statistique sera activé. Celui-ci permettra de déjouer les pièges ou de récolter un indice sur les Mystery Point plus rapidement. Ces compétences sont nécessaires pour résoudre toutes les énigmes dans le temps imparti, car oui, à chaque session, vous avez un nombre de tours limités pour vérifier, analyser et récolter des indices pour chaque zone. À la fin de chaque simulation, un rang vous sera octroyé en fonction de votre efficacité.

Pendant les simulations d'enquête, divers événements se produisent. Les Mystery Point, qui contiennent des énigmes à résoudre, peuvent être éliminés en utilisant les compétences de raisonnement des détectives pour obtenir des preuves. Il est donc primordial d'utiliser les personnages ayant les statistiques les plus élevées en raisonnement pour résoudre rapidement le mystère. Dans certains cas, il est également nécessaire d'utiliser leur statistique de coordination respective pour accélérer la résolution d'une énigme. Par ailleurs, vous rencontrerez des Evidence Squares, des zones de couleurs mauves sur le sol qui nécessitent d'être analysées avant la fin du tour pour pouvoir récolter un indice supplémentaire. Ce point d'intérêt nécessitera donc de choisir un personnage avec une statistique d'analyse élevée.

Au fil de la progression dans le jeu, les zones s'étendent, les pièges se multiplient et la difficulté s'intensifie. Pour avancer dans les enquêtes, il est primordial de réfléchir stratégiquement, car une erreur peut vous mener rapidement au Game Over. D'autant plus que les pièges (Dead Herring) agissent comme les Mystery Point, et que si les personnages se trouvent dans sa zone à la fin du tour, ils meurent instantanément. De plus, les choix effectués durant les investigations peuvent débloquer des dialogues inédits entre les personnages, offrant ainsi une certaine rejouabilité. En somme, si vous appréciez relire maintes fois les mêmes conversations avant de vous lancer dans les enquêtes, cela peut vous plaire.

Après chaque investigation vient la phase de résolution. Le joueur devra faire des déductions grâce aux indices qu'il a collectés afin de déterminer le coupable. Il doit analyser les preuves trouvées au cours de l'enquête pour dévoiler les agissements du malfrat. Pendant cette phase, il y aura des niveaux de confiance établis, de sorte que si le joueur se trompe ou propose une hypothèse incorrecte, la confiance des autres détectives sera perdue, aboutissant finalement à un Game Over.

Je dois vous avouer qu'à part la collecte d'indices et la montée en confiance des détectives, il n'y a pas de réelle sensation de progression dans le jeu. Cependant, le gameplay, bien qu'extrêmement simpliste, demeure plaisant, à condition de ne pas être lassé par sa répétition. La difficulté se voit grandie à chaque nouvelle simulation, mais seulement à travers une configuration différente des points d'intérêts, des personnages disponibles ou par le nombre de pièges présents sur la zone.

Une direction artistique classique

Bien qu'il soit vrai que les préférences esthétiques varient d'une personne à l'autre, il est difficile de nier que Process of Elimination souffre d'un manque d'originalité visuelle. Les arrière-plans, pour la plupart, sont d'une simplicité telle qu'on pourrait les confondre avec des images par défaut fournies par des logiciels tels que RPG Maker. De plus, ces illustrations ne parviennent pas à instaurer un contexte visuel captivant.

Je dois avouer que le design des personnages est une grande réussite en comparaison au reste du jeu. Leur style de dessin est très marqué, avec des lignes droites qui rappellent un peu les personnages de The World Ends With You, mais avec une épaisseur de trait moindre. L'opposition entre la faible qualité des arrière-plans et le travail remarquable effectué sur les personnages crée un déséquilibre esthétique et nuit un peu à l'ensemble.

Process of Conclusion

Se frotter au succès de Danganronpa en essayant de proposer une expérience similaire n'est pas chose simple. Malgré quelques ratés durant le récit et dans l'écriture des personnages, l'histoire sait se faire apprécier à travers des relations intéressantes entre les protagonistes. Tout ceci vous permettra sans doute de tenir jusqu'à la fin du jeu. Pour ce qui est du gameplay, je dirais qu'il y a de bonnes idées, mais celles-ci manquent cruellement de profondeur et peinent à proposer un vrai sentiment de progression. Du point de vue artistique, j'ai l'impression que le budget fut dilapidé pour les personnages, laissant, malheureusement, les arrières-plans... en arrière plan. En dépit de ses défauts, Process of Elimination reste un jeu amusant, mais qui aurait pu bénéficier d'une bien meilleure finition.