En explorant les méandres d'Internet après avoir formulé une appréciation mitigée de Sea of Stars, j'ai ressenti un sentiment d'insatisfaction grandissant. Mon vif désir était de m'immerger dans un JRPG rétro, niché dans un univers fantastique. Cependant, j'ai fait la découverte inattendue d'un jeu de science-fiction aux nuances clairement marquées par le cyberpunk et la dystopie, des genres qui ne sont pas nécessairement mes préférences. C'est là que Jack Move, dont je n'avais jamais entendu parler auparavant, a su se démarquer là où bien d'autres productions peinent. L'histoire de Noa résonne encore vivement dans mon esprit. Née dans un monde où les riches trônent au sommet de la technologie tandis que les moins fortunés jonglent avec des bidouillages pour simplement survivre. Laissez-moi vous entraîner dans l'atmosphère d'une réalité alternative où la débrouillardise rime avec le piratage informatique.
De la Pénombre à la Domination
En l'année 1997, une tempête solaire d'une ampleur inédite a frappé la Terre, libérant une intense salve d'ondes électromagnétiques. Cet événement eût des conséquences dévastatrices : toutes les communications à long et moyen terme par voie radio sont devenues subitement impossibles, et la grande majorité des appareils électroniques ont été irrémédiablement endommagés. En un laps de temps incroyablement court, notre planète a été plongée dans une obscurité totale, ce qui a valu à cet événement sinistre son nom évocateur : La Pénombre. Au cours du siècle dernier, de nombreuses personnes ont médité sur la question de savoir pourquoi notre société n'était pas mieux préparée à faire face à une telle catastrophe.

Un siècle s'est écoulé depuis lors, et l'univers de Jack Move est maintenant divisé en plusieurs cités distinctes. Ces cités vont des quartiers déshérités appelés Les Taudis à la métropole renommée de MonoVille Une. Nous pouvons clairement ressentir des disparités significatives entre les différentes localités explorables du jeu, ce qui se traduit par l'écart entre les classes sociales aisées et les moins fortunées. La cause de tout cela est une conséquence de la gouvernance d'entreprises. Celles-ci dictant la vie quotidienne des populations. Monomind, un géant de la technologie, en est le principal acteur.

C'est au sein de ce monde sous domination que nous faisons la connaissance de Noa, l'héroïne de Jack Move. Notre protagoniste, dotée d'un esprit rebelle, consacre sa vie à défier le système tout en gagnant sa subsistance en tant que hackeuse. Elle est secondée par son fidèle ami Ryder, qui, suite à un accident, supervise les missions de Noa à distance. Son oncle, Guin Blakely, un ancien espion d'entreprise aux manières distinguées, savourant de temps à autre quelques gorgées de Martini, apportera aussi son aide à sa jeune nièce. À la suite d'un événement inattendu, nous apprenons que la société Monomind a enlevé le père de Noa. La relation presque inexistante entre notre héroïne et son père ne semble pas l'arrêter dans son désir de le sauver. Noa devra donc, avec l'aide de ses compagnons, entreprendre la mission de pénétrer dans les locaux surprotégés du géant de la technologie pour sauver son géniteur..

Jack Move nous offre un récit à la fois simple et profond, regorgeant de dissensions et de messages. Le jeu explore les dérives d'une société ultralibérale prête à tout pour atteindre ses objectifs. Noa se révèle être un personnage résolu, mais elle n'hésite jamais à solliciter l'aide de ses compagnons. De plus, le personnage de Ryder incarne une sensibilité née de son handicap, qu'il compense avec ses compétences en hacking. Quant à Guin, il conserve son élégance héritée de son passé professionnel tout en demeurant proche et attentionné envers sa nièce.

Pour ma part, Il est vrai que j'ai une préférence marquée pour les personnages complexes. Cependant, Jack Move réussit néanmoins à narrer une histoire captivante avec un minimum de dialogues, sans trop céder à la sentimentalité. En revanche, j'émets une certaine réserve sur la localisation française du titre que je trouve de qualité moyenne. Entendons nous bien, Jack Move est un jeu indépendant développé par So Romantic, un micro-studio basé à Taipei, Taiwan. Par conséquent, nous pouvons considérer que cette localisation relève du miracle. Quoi qu'il en soit, Jack Move démontre clairement une maîtrise totale de son sujet. Je n'ai repéré aucune faille dans son rythme, et au final, j'ai vraiment apprécié chacun de ses personnages.
Une aventure futuriste, des affrontements cybernétiques
Jack Move présente en jeu des fonctionnalités intéressantes. L'exploration, bien que relativement sobre, vous plonge dans une multitude de petits écrans interconnectés. Ces derniers maintiennent une certaine cohérence grâce à la présence de bâtiments et de PNJ. Les personnages qui peuplent ces zones offrent des dialogues intéressants et parviennent à nous immerger dans l'univers du jeu. En effet, leurs dialogues évoluent en fonction de votre avancement dans l'aventure. Cependant, ce sont certains d'entre eux qui vous proposeront des quêtes secondaires, toutes scénarisées brièvement, mettant en scène leurs propres péripéties. Que ce soit retrouver le jouet d'un enfant ou répondre à la requête désespérée d'un homme amoureux, ce sont autant de petits épisodes de vie qui vous immergeront davantage dans l'émotion que le jeu tente de vous offrir. Ces missions annexes, en plus de fournir des moments divertissants, vous octroieront de belles récompenses. Je ne peux que vous encourager à entreprendre chacune d'entre elles.

En avançant dans l'histoire, vous serez confrontés à une série de donjons. Les zones entourant les villes habitées présenteront des rencontres aléatoires. Celles-ci surviendront à une fréquence précise, indiquée en haut à droite de l'écran sous forme de radar. Une fonctionnalité que j'ai particulièrement appréciée est la possibilité d'influencer la fréquence des rencontres en les réduisant ou en les augmentant, vous permettant ainsi de personnaliser votre expérience. La progression se fait par niveau en accumulant de l'expérience, chaque niveau octroyant une augmentation de statistiques.

Les particularités intégrées dans les combats sont, qui plus est, vraiment intéressantes. Chaque terme, chaque mécanique, correspond à un concept technique du domaine de l'informatique, allant de la surcharge de la pile au bug, en passant par le glitch, et bien d'autres encore. Le système de combat est basé sur le tour par tour. Noa, aidée de son Deck, s'engage dans des affrontements virtuels avec les ennemis. Ce dispositif peut être configuré avec un ensemble de matériels (Hardwares) et de logiciels (Softwares). Les premiers agissent comme de l'équipement, offrant des bonus ou des emplacements de RAM, tandis que les seconds sont des programmes nécessitant un certain nombre de ces emplacements. Ces Softwares correspondent aux compétences de Noa et présentent des affinités élémentaires au nombre de trois : Wetware, Électroware et Cyberware.

Vous l'aurez compris, les ennemis, eux aussi, bénéficient d'affinités élémentaires, il faudra donc agir en conséquence avec les Softwares que vous avez à disposition. De plus, Noa a la possibilité, en combat, d'équiper des compétences à la volée en sacrifiant un tour. Vous pourrez donc, en fonction des situations, adapter votre dispositif pour qu'il soit le plus optimisé possible. Au-delà des caractéristiques classiques du tour par tour, comme la défense ou l'utilisation d'objets (Patchs), la jauge de Jack Move (JM) vous donnera accès à l'une des attaques ultimes de Noa une fois remplie. En suivant un simple QTE, vous infligerez plus ou moins de dégâts en fonction du résultat obtenu. De plus, ces compétences dévastatrices jouissent, elles aussi, d'une affinité élémentaire.

J'ai grandement apprécié la cohérence entre les fonctionnalités du jeu et l'univers dans lequel évolue notre protagoniste. Cependant, je tiens à émettre deux critiques. La première concerne le manque de diversité dans le bestiaire, et la deuxième, si vous progressez rapidement, vous créerez un décalage entre la puissance des ennemis et la vôtre. Enfin, j'ai apprécié le schéma de certains boss qui exigeait de l'observation, non seulement de leurs attaques, mais aussi de mini-puzzles intégrés à leur script.
Un univers Cyberpunk certes, mais minimaliste
Les décors proposés par le jeu sont certainement bien réalisés, mais souffrent d'une sobriété un peu excessive. Bien que le design de l'univers parvienne à nous immerger dans cette atmosphère cyberpunk faite de néons et d'obscurité, nous sommes face à une œuvre en Pixel Art qui manque de détails. Cela dit, le jeu n'est en aucun cas une catastrophe visuelle, l'ensemble fonctionne bien, mais une fois de plus, le manque de budget pour ce type de production est à l'image de ce qui nous est proposé.

En ce qui concerne les combats, les animations sont sublimes. Le bestiaire, bien que peu diversifié, semble cohérent avec l'univers et est d'une excellente qualité visuelle. Outre l'aspect graphique du titre, la musique, quant à elle, a un impact particulièrement positif sur moi. Le synthé omniprésent dans des variantes allant du hip-hop électro en ville à la dubstep énergique en combat, les morceaux restent en tête pour notre plus grand plaisir.
Jack Move, quand l'indépendant inspire
Entendons-nous bien, Jack Move n'a pas la prétention d'être un jeu révolutionnaire. Il s'agit d'un jeu indépendant qui parvient à nous toucher grâce à son propos et son univers. De plus, le gameplay est rempli de bonnes intentions et propose des concepts en cohérence avec ce que nous raconte l'histoire. Noa, le personnage principal, a réussi à m'attendrir, tant son aventure mérite d'être racontée. La Pénombre, cet événement bouleversant, a réussi à faire surgir en moi plus de lumière que certaines productions bien plus riches en contenu grâce à leur budget. Au cours de ses quelques quinze heures de jeu, Jack Move a réussi à me réconcilier avec l'univers sombre du cyberpunk.
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Jack Move
- Date de sortie (Europe) : 20/09/2022
- Développeur : So Romantic
- Éditeur : HypeTrain Digital
- Genres : Tour par tour
- Consoles : Switch, PC
- Gameplay au tour par tour innovant
- Personnages bien écrits
- Univers cyberpunk réussi
- Scénario prenant
- Ultra coloré
- Manque de détails graphiques
- Maigre bestiaire




