C’est avec une certaine joie que je m’apprête à vous livrer mes impressions sur Atelier Yumia : L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée. Gust a choisi de prendre une direction différente — et très inspirée — pour mettre en scène les péripéties de la nouvelle héroïne pleine de charme : Yumia. Ce nouvel Atelier possède un charme parfumé — loin de ce que nous connaissons de la licence — initiant une autre forme d’alchimie, liant mystère, croyance et exploration.
Clair Obscur: Expedition Yumia
La charmante Yumia Liessfeldt est une jeune alchimiste, marquée par la perte de sa mère dans un tragique accident. Cette perte a révélé l'héritage alchimique de sa famille, suscitant en elle une quête de vérité sur cette discipline, désormais considérée comme dangereuse et taboue. Animée par le désir de comprendre les intentions de sa mère et les mystères entourant l'effondrement de l'Empire aladissien, Yumia rejoint l'équipe de recherche d'Aladiss. Elle y rencontre Viktor von Duerer et sa sœur Isla, avec qui elle explore un continent en ruines, cherchant à découvrir les secrets enfouis dans les souvenirs du passé.
La situation initiale est simple : vous vous retrouvez face à un terrain de jeu gigantesque composé de plusieurs régions. Yumia est la seule autorisée à user de l’alchimie pour exhumer des décombres la moindre information permettant de décoder ce qui a bien pu arriver à l’Empire d’Aladiss.
Au départ, ses collègues se montrent froids avec elle. L’alchimie étant interdite et considérée comme la cause de cette tragédie, ces derniers la voient donc comme une ennemie. Un simple outil dont ils se débarrasseront une fois la vérité exposée. Yumia, elle, reste déterminée, d’une part pour prouver que la puissance de cet héritage peut être bénéfique à tous, mais aussi pour l'apprivoiser.
C’est dans cette écriture que le jeu m’a surpris. Même si les antagonistes brillent, la plupart du temps par leur absence, ce n’est pas par leur biais que nous ressentirons le danger. Ce nouvel Atelier ne nous narre pas les aventures d’une héroïne sauvant le monde des griffes des méchants, mais comment, par sa pureté et sa détermination, elle arrivera à changer les mentalités.
Pour ce qui est des personnages secondaires, ils évoluent en apprenant à connaître Yumia. Viktor, le plus froid et droit de tous, s’adoucit. C’est mignon ! Isla, elle, est plus avenante, plus compréhensive, même si elle garde une certaine retenue. Elle, elle est en admiration devant la magie de l’alchimie, elle veut en apprendre plus. C’est une jeune femme déterminée à laisser sa chance à notre héroïne.
D’autres personnages les rejoindront plus tard, mais ces derniers seront mieux à même de comprendre la jeune alchimiste, compte tenu de leurs connaissances et expériences personnelles. Les personnages de ce nouvel arc sont plus humains, plus vivants. Nous les sentons affectés par ce qui les entoure, et ils comprennent que la magie n’a de brutal que celui qui la manie.
Alors bravo Gust ! Bravo car nous sommes loin du ton un peu niais des précédents opus. Le travail effectué sur le scénario de cette nouvelle entrée restera, sans aucun doute, gravée dans ma mémoire.
Atelier Yumia — Un monde de mystères à perte de vue
Sans vous énoncer exhaustivement les composantes du monde ouvert d’Aladiss, je me contenterai de vous les faire découvrir pas à pas. L’écosystème qui nous est offert est rempli d’activités. Qu’il s’agisse de battre des monstres, de résoudre de simples puzzles ou même de ramasser un nombre affolant d'éléments, suivre les pas de Yumia ne sera pas de tout repos — mais pas pour les raisons que vous imaginez.Vous partez, bien content, à la recherche d'un ingrédient. Vos pas vous amène au milieu d'une ruine. Tout à coup, vous observez en contrebas, une ligne. "Elle brille, elle est jolie" — me direz-vous. C'est là que vous vous retrouvez dans la sauce avec une envie irrépressible de la suivre.

Au bout du chemin un geyser de mana et vous récoltez les composants qu'il vous offre. Non loin de là, un coffre. Vous voulez l'ouvrir — normal ! Alors vous poursuivez vos recherches pour trouver le ou les interrupteurs ou même le monstre à affronter qui vous permettra de le débloquer. Quand à ce moment une créature encore inconnue vous barre la route, vous la trouvez sublime et êtes impatients de savoir quels objets elle va bien pouvoir vous offrir. Une fois combattue, la nuit tombe et vous vous retrouvez à court de mana pour continuer votre exploration. Vous rentrez donc à l'Atelier, en tête le résultat de vos pérégrinations — "Qu'en est-il de l'ingrédient que je cherchais jusqu'alors ?".
Voici le résumé de vos aventures : entre cinématiques et quêtes secondaires, Atelier Yumia prendra un malin plaisir à vous perdre dans son monde. Si, comme moi, vous êtes d’un naturel distrait, il ne vous faudra pas longtemps pour faire tout, sauf ce que vous aviez prévu. Organique à souhait, l’écosystème du jeu est de loin sa première qualité. De plus, la connexion entre les différents éléments du game design est parfaitement maîtrisée. Je m’explique...
L'alchimie
Ce qui distingue cet Atelier, c'est la façon d'aborder l'alchimie. Si vous êtes débutant, les options de création vous faciliteront la tâche. Si, au contraire, vous préférez une approche plus minutieuse, vous pourrez sélectionner chaque ingrédient avec soin et analyser ses effets pour créer l’objet le plus performant possible. Dans tous les cas, le jeu reste indulgent et ne vous impose pas d’atteindre la perfection pour les objets liés aux quêtes ou à l’histoire. Tout repose sur l’optimisation.
Pour user d'alchimie, vous avez besoin de composants. Ceux-ci se trouvent sur les monstres, dans les coffres, et partout dans la nature. Une fois le bon nombre acquis, vous rentrez à l'atelier pour confectionner d'autres composants et objet finis. La fonctionnalité principale du jeu vous demandera de préparer toute une série d'objets. Pour ce faire, un mini jeu de composition s'offre à vous. À partir d'un noyau appelé cœur, vous aurez toute une série d'emplacements à remplir avec vos récoltes. Certains emplacements vous demanderons un objet d'un type spécifique, quand d'autres en accueilleront d'un type totalement arbitraire. Feu, eau, vent, électrique... sont autant d'affinités élémentaires qui composeront vos objets finaux. Bien sur, ce sera la minutie avec laquelle vous produirez qui influencera la qualité de vos objets. En plus de celle-ci, la résonance et les caractéristiques de base des ingrédients utilisés seront déterminantes. Cette discipline est de loin la plus gratifiante mais ô combien difficile du jeu. Gust pense cependant aux plus néophytes d'entre-vous en proposant une alchimie automatique en fonction de plusieurs critères.
Pourtant, cette connexion entre les éléments de gameplay ne s’arrête pas là. Chaque objet collecté ou fabriqué pourra non seulement servir à confectionner des armes et des armures, mais aussi à créer des éléments d’habitat et du mobilier. La nouvelle fonctionnalité de housing vous offrira, dans des zones prévues à cet effet, la possibilité de construire des bâtiments et de les décorer. Entre stèles d’alchimie, tables de craft et établis de création de recettes, vous pourrez également fabriquer des lits, des canapés et même diverses décorations pour embellir vos espaces de vie. Une fois ces domiciles construits un peu partout dans le monde, ils débloqueront alors des bonus pour votre aventure — une boucle sans fin…
Le mana au centre du gameplay
Pour ce qui est de l'exploration, Yumia ne serait rien sans son Noyau d’Énergie. Un artefact lui permettant d’emmagasiner et d’utiliser le mana nécessaire à ses actions. Cette précieuse ressource se régénère lentement avec le temps, mais il existe plusieurs moyens de l’accélérer : absorber l’énergie de certaines fleurs, utiliser des Générateurs d’Énergie, ou encore améliorer le Noyau grâce aux Prismes d’Énergie trouvés dans les Sanctuaires de Prière.
Le mana
Dans le monde de Yumia, chaque être qui disparaît laisse derrière lui une trace : sa force vitale retourne à la terre, emportant ses souvenirs, qui se transforment alors en mana.
Invisible aux yeux du commun des mortels, cette énergie n’a aucun secret pour Yumia, capable non seulement de la percevoir, mais aussi de la manipuler et d’explorer les mémoires qu’elle renferme.
Ce pouvoir unique lui permet de s’aventurer dans les zones où le mana est très condensé. Des régions enveloppées d’une brume bleutée où le mana stagnant empêche quiconque d’entrer sans protection. Yumia, elle, peut s’y aventurer en toute sécurité, mais son énergie s’épuise rapidement. Une fois son Noyau vidé, la fatigue se fait ressentir et ses capacités s’amenuisent, rendant chaque combat plus dangereux. Pour libérer ces zones et permettre aux habitants de les explorer, elle devra trouver et activer les Circulateurs capables de restaurer l’équilibre de l'air ambiant.
L’exploration dans Atelier Yumia ne s’arrête pas là. Avec son alchimie, Yumia peut improviser et créer en quelques instants des objets essentiels à sa survie. Une potion de soin, des munitions pour son pistolet, un kit de réparation pour déverrouiller un coffre, une porte ou même une échelle… tout ce qui est nécessaire peut être synthétisé à partir des matériaux qu’elle transporte dans son Sac d’Exploration. Plus elle améliore ses compétences, plus elle peut emporter d’objets.
Mais Aladiss est vaste, et il ne suffit pas de marcher pour tout découvrir. Yumia pourra grimper plus haut grâce à des impulsions, franchir des obstacles, ou encore s’élancer à toute vitesse sur sa moto, la Procella (une charcuterie ?), une moto aussi rapide que pratique pour récolter des ressources en chemin.
Les vestiges d’Aladiss regorgent de secrets et chaque ruine raconte une histoire. Les sanctuaires permettent de débloquer de nouveaux points de voyage rapide, tandis que les coffres, protégés par d’anciennes serrures, renferment des plans et des artefacts précieux. Les Sanctuaires de Prière, quant à eux, nécessitent d’être réactivés pour délivrer leur puissance et renforcer le Noyau d’Énergie. Enfin, cachées dans les profondeurs des ruines, les Fioles de Mémoire cachent les fragments d’un passé oublié, vestiges d’un monde révolu que seule Yumia peut comprendre.
La maîtrise du mana permet également d’utiliser l'arme de Yumia comme un pistolet en déclenchant des mécanismes, analyser les créatures au loin, ou même surprendre des ennemis avant un affrontement.
Atelier Yumia quitte le tour par tour pour ...
Le système de combat d’Atelier Yumia apporte une dynamique plus nerveuse tout en restant fidèle au tour par tour de la série. Chaque affrontement demande de réagir en temps réel : choisir l’action la plus efficace, anticiper les attaques ennemies et ajuster la distance pour maximiser les dégâts. L’équipe est composée de six personnages, avec trois en première ligne et trois en soutien, permettant de jongler librement entre eux en fonction de la situation.
Les combats offrent une plus grande liberté de mouvement, permettant d’alterner entre attaques de mêlée et magiques selon la position et le type d’ennemi. Certains affrontements isolent les membres du groupe, tandis que d’autres impliquent toute l’équipe simultanément. Chaque adversaire possède une résistance propre et affiche un symbole indiquant le nombre de coups nécessaires pour l’étourdir. Une fois affaibli, son affinité élémentaire est révélée, vous permettant de choisir l'attaque appropriée.
Une fonctionnalité qui en mode normal ou facile peut paraitre secondaire, mais qui prendra tout son sens dans les difficultés plus élevées.
En surveillant les signaux d’attaque ennemis, il est possible de parer ou d’éviter les coups en changeant de position — l'arène de combat étant un arc de cercle. En maintenant un bon rythme offensif et défensif, le Taux de combat se remplit, réduisant les délais entre les actions. Toutefois, tomber au combat entraîne une perte brutale de cette jauge.
L’utilisation des objets a été simplifiée dans Atelier Yumia, avec la possibilité d’en assigner plusieurs pour un accès rapide. Synthétiser et équiper des objets puissants permet d’optimiser ses performances, qu’il s’agisse d’infliger des dégâts élémentaires ou de soutenir les alliés. À un stade avancé, la Hausse de Mana devient accessible : en accumulant de l’énergie ambiante, les compétences de Yumia et de ses compagnons se transforment en attaques redoutables. Mais attention, une fois cette réserve épuisée, continuer à l’utiliser aura un coût sur leur santé.
Enfin, l’arbre de compétences permet de personnaliser la progression des personnages en échange de points obtenus lors de l’exploration et des quêtes. Ces compétences passives ou actives apportent des avantages en exploration, combat, ou confection d'objet.
Même si les affrontements partent d’une bonne intention, une fois face aux ennemis, l’ensemble reste assez brouillon. Les animations nuisent à la lisibilité de l’action et empêchent de réellement ressentir l’impact des coups. Si l’on devait comparer ce système à d’autres jeux existants, Sword Art Online: Last Recollection ou, plus récemment, Fairy Tail 2 viennent en tête. Malheureusement, les défauts évoqués plus haut se retrouvent également dans ces titres.
La DA d'Atelier Yumia, deux salles deux ambiances
Il y a une certaine déception à évoquer la direction artistique d’Atelier Yumia. Les environnements ne sont tout simplement pas à la hauteur de la qualité de réalisation des personnages. Entendons-nous bien : la direction artistique reste cohérente, et l’ensemble fonctionne visuellement. Mais face au soin apporté aux détails des héros, le manque de profondeur et de consistance des paysages saute aux yeux. Difficile alors de ne pas y voir une contrainte technique à l’origine de cette disparité.
Un monde ouvert conçu pour tourner de manière fluide sur un support comme la Nintendo Switch ne peut rivaliser avec un titre pensé avant tout pour des machines plus puissantes. Gust s’obstine à rendre ses jeux accessibles sur un maximum de plateformes, mais cela ne trahit-il pas une certaine limite, tant en ressources humaines que financières ? Quoi qu’il en soit, sur PlayStation 5, le jeu reste fluide et globalement agréable à l’œil. Mais si, comme nous, vous êtes sensible à cela, certaines textures ou zones pourraient vous sortir de l'immersion.

Pour en revenir aux personnages, l'esthétique japanime est au rendez-vous. Cependant, Gust avec Atelier Yumia ne cache pas son envie de rendre sa licence plus accessible au monde occidental. Cela passe par un adoucissement du fan service (sauf pour le personnage de Nina), par des animations de personnages moins stéréotypées et par des couleurs moins saturées dans son univers. En définitive, nous avons apprécié l’expérience visuelle du titre, car elle s’inspire des références de la pop culture japonaise tout en cherchant à se rapprocher de l’Occident.
Au final une question reste... Est-ce un bon Atelier ?
Nous serions tentés de répondre par l'affirmative. Gust a pris des risques pour rafraîchir sa franchise, et le pari est plutôt réussi. Les personnages gagnent en profondeur, s’éloignant des archétypes pour paraître plus humains. Si le gameplay de la série était déjà riche, il atteint ici un nouveau niveau de complexité, avec des activités toutes interconnectées, fruit d’un travail méticuleux des développeurs. Nous nous sommes laissés happer par son monde ouvert, d’autant plus accessible grâce aux nombreuses options proposées. Nous avons apprécié Yumia, son innocence et sa détermination, et avons pris un plaisir certain à synthétiser des objets pendant des heures. Au final, même si l’univers d’Atelier ne vous attire pas à première vue, il y a fort à parier que vous trouverez votre compte dans Atelier Yumia : L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée.
Jeux liés à cet article
Atelier Yumia: The Alchemist of Memories & the Envisioned Land
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Atelier Yumia : L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée.
- Développeur : Gust
- Éditeur : Koei Tecmo
- Genres : Action
- Consoles : PS4, PS5, Switch, PC, Series, One
- Scénario 70%
- Technique 70%
- Gameplay 80%
- Plaisir 100%
- Le chara design
- Les activités du monde ouvert
- La profondeur de l'alchimie
- La prise de risque par rapport aux anciens jeux
- Nina <3
- Les balades en moto
- La rejouabilité
- Les combats...
- ... Même s'ils sont brouillons visuellement
- La dualité entre la réussite visuelle des personnages et la manque de finesse des décors