Nous ne nous attendions pas à un retour d'AQURIA si tôt. Inutile de dire que leurs dernières productions, notamment The Caligula Effect, n’ont pas vraiment su convaincre les fans. Pourtant, leur nouveau projet, VARLET, semble avancer des arguments plutôt intéressants, si l’on en croit la présentation de FuRyu. Entre inspirations familières et nouveautés, le titre pourrait bien marquer les esprits des fans de JRPG. Découvrons ensemble ce qu’il a à proposer à travers cet article.
AQURIA semble avoir un faible pour les mondes parallèles mêlant mystères, technologie et une touche d’artistique. The Caligula Effect posait déjà les bases d’un univers oppressant : µ, idole virtuelle, enfermait des étudiants dans une réalité cloisonnée, les empêchant de fuir grâce au pouvoir de la musique. Le même son de cloche résonne dans ce nouveau JRPG. Avec VARLET, c’est une école entière qui se retrouve plongée dans une technologie capable d’enfermer les esprits — non plus par la force, mais par le désir même de reconnaissance et de gloire.
L'Académie Kousei, théâtre d'une dystopie naissantes, se divise en trois parcours : la filière Arts pour les élèves artistes — musiciens, mannequins, acteurs ou idols en devenir ; la filière Avancée pour les cerveaux orientés recherche, entreprise et innovation ; et enfin la filière Générale, pour ceux dont le potentiel n’a pas encore trouvé de terrain d’expression. C’est dans ce microcosme numérique et académique que notre protagoniste fraîchement transféré fait son entrée — à peine arrivé, qu’il est nommé président suppléant du SSS (Student Support Services) par sa cousine Yuri, présidente en titre. C’est une sorte de guilde informelle chargée de résoudre les petits (et grands) tracas des élèves.
Dans la cité de Meifu, Johari est devenu aussi indispensable que l’air que l’on respire. Cette technologie permet à tout un chacun de rechercher des informations, faire des achats, s'envoyer des messages... Cependant, et il fallait s'y attendre, la dérive des réseaux sociaux touchera aussi les élèves de cette école. Les poussant, simplement, à rechercher la célébrité.
Pris dans le jeu du "m'as-tu-vu", les élèves qui y excelleront, subiront le courroux du Johari. Ces derniers seront remplacés par des créatures monstrueuses à l'insu de tous — les Glitches seront-ils leurs ultimes tombeaux ?
Bientôt le héros s'en rendra compte. En tant que membre du SSS, il forgera des liens pour protéger ses camarades de la menace imminente. Parmi eux, Aruka Arisaka, élève de la filière Arts et membre du groupe d’idols Merveilleux, lutte contre l’image réductrice qu’on lui impose : admirée pour sa beauté, mais ignorée pour son art. Sous ses airs soignés se cache une langue bien acérée, reflet d’un mal-être intérieur profond. Taki Sukina, élève de troisième année en filière Avancée, vit l’éternel conflit entre excellence exigée et besoin de liberté. Brillant et rigide en surface, il trouve dans le street art un exutoire à la pression familiale étouffante. Enfin, Sota Kodaki, camarade du héros en filière Générale, est le reflet de ceux qui se sentent "ordinaires" dans un monde obsédé par l’exception. Gentil, volontaire, il rêve en silence d’un éclat qui le rendrait enfin unique. Ces relations s'avèreront complexes… Se rapprocher de plusieurs personnes pourrait entraîner des conséquences inattendues. Par ce biais, nous comprenons alors que de nombreux personnages graviteront autour de lui. Comptez une bonne trentaine de figures — ça en fait des liens !
Mais le véritable pivot du système se joue ailleurs. Dans un monde parallèle façonné par les désirs démesurés des individus se situent les Glitches. Ces espaces à la frontière du réel et du numérique prennent la forme de donjons où se terrent les Desires, créatures nées de frustrations profondes et prêtes à tout pour combler un vide. Le joueur y affronte ses adversaires selon un système de combat au Timeline Command, à la fois nerveux et tactique. Loin des mécaniques rigides, VARLET propose deux styles de combat diamétralement opposés — le Leader, stratège altruiste, et le Ruler, guerrier égoïste — illustrant une dichotomie qui traverse tout le jeu.
À cela s’ajoute un système de Triades divisé entre traits lumineux (morale, empathie, altruisme) et obscurs (machiavélisme, psychopathie, narcissisme). Ces statistiques, invisibles mais omniprésentes, modulent les dialogues, influencent les combats et orientent peu à peu le destin du protagoniste. À travers ces mécaniques, VARLET ne se contente pas de raconter une histoire : il questionne la nature même de celui qui la vit. Un jeu de rôle où l'on incarne autant ce que l'on fait, que ce que l'on devient.







Ressemblance avec Persona ? Normal !
Kazunari Suzuki a travaillé depuis 1987 dans l'installation de la licence Megami Tensei. En effet, celui qui est aujourd'hui dans l'écriture scénaristique de VARLET, a débuté aux côtés d'Atlus en travaillant sur la recherche de démons et comment les implémenter dans cette franchise historique.
Il existe donc des liens entre les deux jeux. Il en va de même pour l'un des scénaristes. Nous retrouvons la patte de Ryutaro Ito dont nous nous étions délecté de la lecture de Devil Summoner ou encore Monark... édité par FuRyu. Qu'on aille dans un sens ou dans l'autre, nous avions évoqué nos premières impressions comparatives. VARLET nous rassure en démontrant que nous sommes connaisseurs.
Même au niveau musical, l'oreille du compositeur et arrangeur Tsukasa Masuko, se fera à nouveau entendre. Il avait œuvré à l'époque sur les licences Devil Summoner et même Soul Hacker.
C'est tellement proche de Persona qu'on y retrouve MENA, un chat presqu'homonyme de Mona, vous savez le chat qui aidait Joker dans Persona 5... C'est l’IA personnelle du protagoniste — mais pas n’importe laquelle. Derrière ses airs de petite chatte espiègle se cache une intelligence artificielle capable de se matérialiser en réalité augmentée, lui permettant non seulement d’échanger avec son maître, mais aussi d’interagir avec le monde extérieur. À la fois guide, complice et curieuse spectatrice, elle accompagne le joueur dans ses aventures avec un mélange de malice et de pragmatisme. Sous ses airs kawaii, MENA pourrait bien en savoir plus qu’elle ne le laisse paraître.
Aussi proche dans le design que dans les thématiques abordées, VARLET semble surfer sur ce qui a fait le succès du JRPG ces dernières années. Vie estudiantine et retour du système de combat au tour par tour stratégique. Tous les ingrédients sont réunis. Cependant une appréhension demeure. Bien que le gameplay de The Caligula Effect et sa possibilité de voir à l'avance l'effet des attaques proposaient une touche rafraichissante aux affrontements, c'est dans sa construction des liens sociaux — Causality Link — que le jeu a perdu la plupart des fans de JRPG. Revenir avec une approche similaire sans une certaine re-conceptualisation, risquerait de provoquer le même effet.
Alors, qu'en ressort-il si ce n'est du déjà-vu ? Les mystères autour des écoles, les japonais aiment ça, même s'il paraîtrait qu'ici, ça touche moins de monde. Pourtant, notre jeune combattant en herbe a bien son rôle à jouer parmi la cruauté scolaire et les maltraitances subies à cet endroit. Quels fantasmagories va-t-il s'inventer ? Quelles seront les échappatoires pour la jeunesse nippone, il y a de l'alléchant et du méchant, ce JRPG restant élégant.
VARLET sortira le 28 août 2025 sur Nintendo Switch, PS5 et PC via STEAM.
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