J'étais un peu perdu en lançant Scar-Lead Salvation. Peut-être un nième jeu Compile Heart où l’on passe plus de temps à regarder des poses suggestives qu’à jouer. Peut-être un énième trip anime dark mais sexy avec des dialogues lunaires et un gameplay vaguement là pour meubler. Et puis… non. Surprise. C’est un jeu de tir. Un vrai. À la troisième personne, avec des murs gris métalliques, des robots qui tirent des lasers partout, et une héroïne amnésique qui court comme si sa vie — ou du moins son cycle de résurrection — en dépendait.
— Merci à Idea Factory pour la version Steam du jeu. Le test a été réalisé sur Asus ROG Ally sous SteamOS.
Alors oui, ça sent Returnal à plein nez. Le décor ? Une base futuriste générée aléatoirement. L’ambiance ? Solitude, sueur et science-fiction. Les ennemis ? Des machines à tuer programmées pour vous faire regretter votre première erreur. L’héroïne ? Une inconnue nommée Willow, dont l’armure semble avoir été designée dans un concours sexy mais fonctionnel, promis juré. La particularité ? Chaque mort la renvoie au point de départ, un petit compteur numérique sous l’œil comme seul témoin de sa progression — ou de son agonie.
Et ça marche. Enfin, presque. Parce que Scar-Lead Salvation a de bonnes idées. Mais à force de vouloir tout faire entrer dans sa structure roguelike, il oublie un truc fondamental : le rythme. Ce qui devrait être une descente effrénée dans un enfer mécanique se transforme parfois en randonnée stérile dans des couloirs trop vides.
Alors, Compile Heart qui s’essaie au shooter exigeant avec une touche narrative à la sauce anime désabusé ? C’est inattendu. Et pas sans ratés. Mais bon sang, il fallait oser !
Willow Martin ne sait pas qui elle est, où elle est, ni pourquoi tout le monde veut sa peau. En revanche, elle sait viser. Heureusement. Réveillée dans une capsule high-tech sans autre mode d’emploi que sa propre survie, elle découvre très vite qu’elle n’est pas seule : une IA logée dans son casque lui tient compagnie. Enfin, compagnie est un bien grand mot. Imaginez un GPS avec la voix d’un assistant de bureau passif-agressif, qui vous donne les infos après coup et se permet des jugements moraux au pire moment. Voilà.
C’est donc à deux que Willow va traverser les entrailles d’une base militaire en ruine, où chaque salle semble avoir été copiée-collée par un stagiaire en level design. L’objectif ? Survivre. Et peut-être comprendre ce que signifient ces chiffres qui s’ajoutent sous son œil à chaque mort. Le compteur augmente aussi vite que les morts, la mémoire revient — un peu — et les questions s’accumulent.
La structure narrative se délivre au goutte à goutte. On vous donne un peu, puis on vous remet dans une salle pleine de lasers. Le tout est entrecoupé de conversations entre Willow et son IA, parfois touchantes, souvent étrangement intimes, mais trop souvent noyées dans le bruit des tirs ennemis. Mauvais timing, ou design maladroit ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que l’histoire a ce petit goût de fin du monde par l’ennui, où l’humanité n’est plus qu’un souvenir et les machines continuent de faire la guerre parce que personne ne leur a dit d’arrêter.
Rien de révolutionnaire, mais ça tient. Et par moments, ça accroche même. Parce que derrière les dialogues de SF un peu convenus, il y a des fragments d’identité, des bribes de passé, et cette bonne vieille question existentielle — est-ce que ce que je vis a un sens… ou est-ce juste un programme qui tourne en boucle ?
On a déjà vu ça ailleurs, et souvent en mieux. Mais Scar-Lead Salvation parvient malgré tout à intriguer. On veut savoir ce que Willow est vraiment. On veut comprendre ce qui est arrivé à l’humanité. On veut, surtout, que cette foutue voix dans le casque cesse de nous parler en énigmes pendant qu’on évite des lasers.
Dans Scar-Lead Salvation, chaque run est une tentative désespérée de s’échapper d’un complexe militaro-industriel tentaculaire, et chaque échec est une renaissance sans fin. En tant que Willow Martin, l’héroïne amnésique au corps recouvert d’une exo-armure évolutive, le joueur plonge dans un gameplay roguelike structuré en étages générés de manière procédurale. La boucle de jeu est claire : explorer, combattre, améliorer… mourir, puis recommencer.
Chaque étage se compose de couloirs et de salles de combat. Les couloirs, parfois interminables, servent surtout de respirations narratives, ponctués de dialogues entre Willow et son compagnon IA, qui distillent peu à peu les fragments d’une intrigue dystopique. Mais une fois la ligne de dialogue terminée, ces sections deviennent vite monotones. Heureusement, les salles redonnent du souffle : entre vagues d’ennemis au pattern de bullet hell, coffres à butin, et autels d’améliorations, elles concentrent toute la tension du jeu.
Willow dispose de plusieurs armes qu’elle ramasse au fil de sa progression, mais en cas de mort, elles sont toutes perdues. Seuls les cores de son exo-combinaison sont conservés. Ces noyaux sont l’épine dorsale du système de progression persistante : buffs de dégâts, régénération de vie, aide à la visée ou bonus à l’activation de l’exo-suit, chacun d’eux peut changer la donne. En les récupérant à nouveau, on peut les faire monter en puissance. Le système d’armure, quant à lui, agit comme une couche tampon : chaque coup reçu détruit une pièce de l’armure, avant de grignoter la jauge de vie, puis d’entailler la combinaison de Willow elle-même — un détail esthétique qui s’accompagne de cinématiques montrant son équipement endommagé.
L’action, au cœur du jeu, est fluide et rapide. Willow se déplace avec agilité, peut esquiver ou parer certains projectiles, et même absorber l’énergie des tirs ennemis pour déclencher un état temporaire d’invulnérabilité. Les combats de boss sont les grands moments du gameplay : intenses, visuellement impressionnants, et exigeants. À l’inverse, les phases entre les boss peuvent paraître laborieuses, en raison de la répétitivité des ennemis et du manque de variété visuelle dans les salles. L’environnement métallique et les textures homogènes participent à un sentiment de lassitude, d’autant plus que le bestiaire s’étoffe très lentement.
— Tout se ressemble ! Les murs de métal finiront par avoir raison de votre patience...
Des tentatives ont été faites pour briser cette monotonie. On peut débloquer des raccourcis vers les étages supérieurs, limitant la frustration liée au recommencement. Et les développeurs ont soigné l’impact visuel des effets en combat : particules, reflets, lumières, tout est plutôt réussi malgré un budget modeste. Malheureusement, cela ne suffit pas à masquer les limites de l’ensemble. L’équilibrage est inégal — le début du jeu est étonnamment facile pour un roguelike — et les mécaniques de progression manquent d’impact immédiat. Heureusement, plus vous trouverez de buff, armes ou améliorations identiques, plus ils seront puissants. La progression est bien gérée et c'est ce point qui vous maintiendra en haleine.
— Visuellement, ça se passe très bien... Du moins pour Willow !
La direction artistique de Scar-Lead Salvation joue une carte audacieuse : celle du contraste entre l’ultra-technologie froide et une héroïne singulièrement humaine, à la fois puissante et vulnérable. Ce mélange de métal, de néons et de chair meurtrie donne une véritable identité visuelle au jeu, qui cherche constamment à faire coexister brutalité mécanique et émotion.
Le design de Willow est particulièrement soigné. Elle débute chaque run parée d’une armure stylisée, aux reflets métalliques élégants, qui évoque autant la science-fiction militaire que l’esthétique cyberpunk japonaise. L’armure n’est pas qu’un ornement : elle est une couche de gameplay, de lore et de narration visuelle. Au fil des combats, elle s’effrite, se désintègre, et laisse apparaître une combinaison plus fine, avant de révéler la peau sous-jacente — chaque impact laissant une trace tangible sur son corps et l’histoire qu’elle écrit avec sa survie. Ce système se veut organique, et vient renforcer la sensation de solitude et de persévérance dans un monde qui veut sa mort — enfin presque...
Les environnements, eux, oscillent entre le stérile et l’hostile. Les couloirs métalliques interminables, souvent un peu trop vides, sont rythmés par quelques jeux de lumière — reflets sur des parois chromées — mais manquent de variété. Chaque salle semble avoir été conçue pour servir le gameplay avant tout, avec des éléments géométriques simples destinés à favoriser la lisibilité dans les combats. Cela a du sens mécaniquement parlant, mais donne à l’ensemble un côté un peu monotone sur la durée. On aurait aimé voir des environnements plus distincts, plus marqués thématiquement.
Cela dit, Scar-Lead Salvation compense en partie ce manque d’expressivité des lieux par une mise en scène stylisée de l’action. Les effets spéciaux sont soignés : tirs laser, éclats d’énergie ou explosions en plein dash — chaque action est accompagnée d’un feedback visuel clair et dynamique. Lorsqu’on déclenche les capacités spéciales de Willow, le jeu frôle l’esthétique anime de science-fiction, avec ralentis, surbrillances et effets de surchauffe simulant la montée en puissance de l’héroïne.
Enfin, mention spéciale au chara design : les boss, bien que trop peu nombreux, arborent des silhouettes mémorables — hybrides monstrueux mêlant armures massives, appendices mécaniques, et éléments de design plus ésotériques. On sent un effort d’identité dans leurs formes et leurs couleurs — nous aurions aimé qu'il en soit de même pour les ennemis classiques...
— Alors, fonce-t-on ?
Scar-Lead Salvation ressemble clairement à une tentative, un premier pas de Compile Heart dans un genre qu’il ne maîtrise pas encore totalement. Difficile de passer après un monument comme Returnal. Pourtant, je ne peux pas dire que l’ennui ait vraiment été au rendez-vous. Le jeu a ce côté addictif propre aux boucles de gameplay bien rodées. Mais à force de revoir les mêmes couloirs, les mêmes murs métalliques et les mêmes ennemis, la lassitude finit par s’installer. En somme, c’est un bon divertissement, surtout si vous avez déjà bouclé Returnal et que vous aimez l’esthétique anime. Pour les autres, il y a de fortes chances que vous n’y trouviez pas votre compte.
Scar-Lead Salvation sortira le 29 mai 2025 sur PS4, PS5 et PC via STEAM.
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Scar-Lead Salvation
- Date de sortie (japon) : 29/05/2025
- Date de sortie (Europe) : 29/05/2025
- Développeur : Compile Heart
- Éditeur : Idea Factory
- Genres : Action
- Consoles : PS4, PS5, PC
- Scénario 70%
- Technique 60%
- Gameplay 70%
- Plaisir 60%
- Le personnage de Willow
- La précision du gameplay
- L'originalité de l'histoire
- Le chara design
- La présence du français
- La narration (difficile à suivre durant les combats)
- La répétitivité des ennemis et des lieux
- La qualité de la version française (j'ai préféré y jouer en anglais)