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Garden of Witches — Faut-il craquer pour ce roguelike ?

Nous avons eu l’opportunité de découvrir Garden of Witches, un roguelike d'action signé Team Tapas. Disponible en accès anticipé sur Steam depuis mai 2025, ce titre affiche d’emblée l’ambition d’offrir une expérience sombre et soignée, entre stratégie, progression et atmosphère féerique. Dès les premiers instants, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un simple énième roguelike : chaque détail semble pensé avec attention par une équipe désireuse de montrer qu'elle maitrise le genre.

Pour commencer, ce qui frappe, c’est l’équilibre entre profondeur mécanique et prise en main accessible. En effet, Garden of Witches affiche ses influences (Hades, Dead Cells, ou encore Rogue Legacy) tout en parvenant à façonner une identité propre, plus douce et davantage tournée vers la poésie. Plutôt que de chercher à impressionner coûte que coûte dès l’écran de lancement. Le jeu installe son atmosphère progressivement, comme on entrouvrirait les pages d’un vieux grimoire près d’un feu crépitant. Une vraie surprise, surtout dans un secteur où l’originalité commence à se faire rare.

L’univers de Garden of Witches repose sur un concept assez simple : préserver un jardin magique. On y incarne Sil, une jeune sorcière pourvue d’une paire de ciseaux gigantesques, déterminée à rallier ses congénères pour une cérémonie indispensable à l’équilibre du monde. Toutefois, l’oubli, la peur et l’isolement qui frappent ses semblables menacent la réussite de ce rituel sacré. Dès lors, le joueur embarque dans une quête symbolique : reconnecter des êtres ensorcelés à leur vocation première.

Par ailleurs, la narration mise sur une approche minimaliste. À chaque chapitre, on découvre une nouvelle sorcière, chacune marquée par son histoire, ses cicatrices intérieures et une manière différente de voir la vie. On perçoit clairement l’effort d’écriture pour donner à chaque personnage une véritable personnalité. Plutôt que de se cantonner à un strict habillage, le récit aborde des thématiques universelles : la solitude, la mémoire, la rupture et les promesses oubliées.

De plus, l’histoire s’intègre harmonieusement au gameplay. Les boss, eux-aussi, sont des figures incluses de l’intrigue. Lorsque l’on les affronte, c'est pour tenter de les ramener à la raison. En plus de progresser dans les niveaux, on reconstruit un monde tristement fragmenté.

En outre, l’écriture du jeu ne nous impose pas de voie unique. Au contraire, elle laisse la place à l’interprétation ; on peut ainsi ressentir dans certaines scènes une atmosphère parfois floue, qui renforce le mystère global de l’aventure. On y décèle des métaphores claires : l’oubli, la résilience ou même le deuil sont présents à travers les rencontres et les épreuves que vit Sil. Cette liberté laissée au joueur permet de s’identifier aux personnages et de donner un sens personnel à chaque moment. Garden of Witches réussit là où beaucoup échouent : proposer un récit simple, mais à la fois symbolique et riche de signification, capable de toucher autant par sa poésie que par les émotions qu'il procure.

En termes de mécaniques, Garden of Witches s’inspire des fondamentaux du roguelike : les niveaux sont créés de façon aléatoire, la mort est définitive et une partie de votre progression se conserve d’une partie à l’autre. Cela dit, la réalisation est soignée et l’ensemble se place dans une courbe d’apprentissage agréable. À chaque nouvelle partie, on doit faire des choix : quelle arme utiliser ? Quels sorts combiner ? Comment associer les artefacts récupérés pour créer la meilleure stratégie ? Ces décisions nous incitent à réfléchir et à adapter notre approche à chaque run.

Les combats, quant à eux, sont rapides et précis, exigeant une grande attention. Sil manie exclusivement ses ciseaux géants. On alterne entre attaques rapides, coups chargés et esquives, tout en gérant les effets de nos sorts et artefacts. Le système sait se montrer gratifiant, surtout lorsque l’on parvient à anticiper les patterns des ennemis.

L’un des points forts du gameplay s'illustre clairement dans le système de synergies, introduit dès les premiers chapitres. Certains objets interagissent subtilement entre eux, modifiant le cours d'une run. Par exemple, combiner un sort de feu avec une relique renforçant les dégâts incendiaires peut transformer une tactique défensive en pur carnage offensif. De fait, le jeu encourage l’expérimentation et l’élaboration de builds différents — du tout bon !

La difficulté apparaît très bien dosée. Certes, on meurt souvent, mais chaque échec devient l’occasion d’apprendre. Le système de progression permanente permet de débloquer des améliorations facilitant légèrement les débuts, sans pour autant niveler le jeu vers le bas. Ainsi, à mesure que l’on saisit les mécaniques, les enchaînements ennemis et les subtilités des synergies, on se sent de plus en plus compétent et confiant.

La variété de builds réalisable au fil des runs constitue un autre atout. Le titre incite à prendre des risques, notamment par le biais d’objets très puissants, mais à double tranchant. Parfois, il est tentant de sacrifier la défense pour maximiser les dégâts, ou, à l’inverse, de construire un build ultra-résistant. La rejouabilité s'en voit grandie, les expérimentations aussi ! En parallèle, le système d’amélioration entre les parties est assez malin. On peut faire monter les statistiques de base de Sil, débloquer des bonus passifs ou accéder à de nouvelles variantes de sorts.

Lorsqu’on aborde la dimension visuelle et sonore, Garden of Witches dévoile un univers délicat. Son style dessiné à la main évoque sans peine les albums jeunesse, mais avec une nuance mystérieuse supplémentaire. Les personnages adoptent des postures expressives, les décors regorgent de détails, et chaque niveau offre une ambiance visuelle bien à elle : du bosquet en pleine floraison à la forêt crépusculaire, jusqu’aux ruines baignées d’une lumière et d'obscurité. L’ensemble demeure toujours cohérent, sans jamais sombrer dans l’excès de couleurs ou le foisonnement indigeste.

Les animations sont fluides et élégantes et participent à la clarté de l'action. Qu’il s’agisse d’un sort, d’une attaque ou d’un simple déplacement de Sil, chaque mouvement est soigné.

La bande-son, quant à elle, fait parfaitement le boulot sans jamais voler la vedette au reste du jeu. Les morceaux, souvent doux et délicats, savent se faire discrets pendant les phases d’exploration, puis gagner en intensité quand les combats s’enchaînent. Chaque chapitre introduit sa propre ambiance musicale, et il arrive qu’un thème vous reste en tête bien après avoir éteint l’écran. En prime, les effets sonores donnent du poids aux attaques et maintiennent un tempo dynamique. Pour ceux qui voudront prolonger cette expérience, il est possible de récupérer la bande-son complète en DLC.

Au terme de ce test, Garden of Witches est une jolie surprise. Entre conte aux accents mystiques et roguelike exigeant, il parvient à capter l’attention grâce à son univers, sa patte artistique inspirée et son gameplay intelligent. On sent que l’équipe de Team Tapas y a mis tout son cœur.

Pour l’instant disponible en accès anticipé avec les premiers cinq chapitres, le jeu semble déjà avoir des bases solides et donne envie d'y revenir. Si les développeurs continuent d’ajouter du contenu, d’affiner l’équilibrage et d’écouter leurs joueurs, Garden of Witches pourrait rapidement devenir un soft indépendant de qualité.

Alors, si vous cherchez un jeu qui allie défi, originalité et écriture subtile, n’hésitez pas à lui donner sa chance : vous ne risquez pas d’être déçu. Pour notre part, on a été conquis.

Garden of Witches est diponible en accès anticipé sur PC via Steam.

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