Il était temps que la licence se renouvelle. Rune Factory: Guardians of Azuma s'impose comme une métamorphose audacieuse pour une franchise qui commençait à ronronner. Développé par Marvelous, ce nouvel opus fait le pari d’un équilibre plus dynamique entre action et simulation de vie, troquant la routine des saisons agricoles contre un souffle d’aventure orientale aux accents mystiques. Fini le soporifisme de la ferme paisible : bienvenue dans Azuma, une terre inspirée par le folklore japonais, où chaque recoin possède un charme bien à lui. Là où les précédents épisodes s’ancrent dans une boucle bien rodée — cultiver, combattre, courtiser — Guardians of Azuma bouscule les habitudes sans pour autant les renier. Certes, quelques concessions techniques s’invitent à la table, notamment sur Nintendo Switch — mais nous y reviendrons.
Dans les terres oubliées d’Azuma, le vent souffle des légendes antiques aux oreilles de ceux qui savent encore écouter. Jadis berceau d’esprits sacrés et de gardiens élémentaires, ce royaume oriental fut fracturé par une mystérieuse calamité. Aujourd’hui, le lien entre l’homme et la nature s’est effiloché, et les échos d’un équilibre brisé résonnent encore dans les forêts silencieuses et les temples enfouis.
Vous incarnez un protagoniste amnésique, recueilli par une petite communauté aux confins d’Azuma. Si l’oubli vous enveloppe comme une brume persistante, vos pas vous guideront vite vers une destinée plus grande que vous. Car au-delà des cultures à semer et des amitiés à tisser, un pouvoir ancien sommeille — et il semble avoir choisi votre cœur pour s’éveiller.
Aux côtés des habitants de ce monde aussi sublime que sauvage, vous devrez restaurer la nature corrompue, apaiser les créatures possédées, et lever le voile sur le secret des Gardiens : ces entités ancestrales liées aux éléments et aux saisons, dont la disparition a plongé Azuma dans le déséquilibre. Mais chaque alliance se mérite, et chaque fragment de vérité exigera son lot de labeur, de combat, et de doutes.
Dans cette terre de contrastes, entre traditions brisées et renaissances possibles, serez-vous celui ou celle qui rendra à Azuma sa lumière d’antan ?
Guardians of Azuma — Entre ciel et terre
Le monde d’Azuma, fragmenté et suspendu entre ciel et terre, vous invite à explorer des terres éparses et des îles flottantes. Et sincèrement, c’est un vrai régal. Ce continent prend de la hauteur, joue avec la verticalité, et offre des panoramas aussi surprenants qu’apaisants. Sans trop en dire — parce que la découverte fait partie du plaisir —, arpenter le ciel à la recherche de secrets bien cachés fait partie de ces expériences qui marquent, et dont on aurait du mal à se passer une fois qu’on y a goûté.
Guardians of Azuma porte en lui une sensibilité rare et le lien à la nature est le cœur même de l’histoire. Cependant, c’est dans les détails du monde, dans son lore, que l’on trouve les plus belles surprises. Le casting, sans doute l’un des plus marquants de la série, rassemble des personnages aussi expressifs qu’attachants. On pense notamment à Ulalaka, déesse du printemps à la beauté solaire et au penchant affirmé pour l’alcool, ou encore Matsuri, la déesse de l’été, maladroite et imprévisible en public. Ces figures divines, comme les habitants d’Azuma, débordent de sincérité.
Ils vivent, réagissent, laissent une empreinte. Et c’est sans doute là que Guardians of Azuma fait mouche. L’un des grands plaisirs du genre, c’est cette capacité à nouer des liens — qu’ils soient d’amitié ou d’amour — avec les figures qui peuplent le monde. Et je dois l’admettre : rarement un jeu ne m’a autant donné envie de passer du temps avec ses personnages. Chacun d’eux dégage une présence marquée, comme s’ils attendaient vraiment qu’on vienne les découvrir.
Même si la structure du jeu reste classique, presque scolaire dans sa progression, c’est dans son écriture que Guardians of Azuma gagne en profondeur. Oui, il y aura des quêtes FedEx, des temps morts, des phases plus mécaniques — mais à chaque fois que l’histoire reprend le dessus, que l’on découvre une nouvelle divinité ou un personnage, une vraie fraîcheur s’installe. Et franchement, ça fait beaucoup de bien à la licence.
— Une flopée de contenus... Trop !
Il est difficile de résumer Guardians of Azuma, tant le jeu regorge d’idées et de mécaniques. Marvelous semble avoir puisé dans une source d’inspiration divine pour la conception de son univers. Le nombre de systèmes intégrés est tout simplement impressionnant. Que ce soit à travers les rixes, l’artisanat, la gestion ou les interactions sociales, chaque élément s’imbrique avec une telle cohérence et générosité qu’il en devient difficile de ne pas être frappé par son ingéniosité. Je vais tenter de décrire chaque aspect du jeu pour vous en donner un aperçu.
Votre rôle, en tant que Danseur·se Tellurique, est de purifier les terres d’Azuma, frappées par la corruption. Pour restaurer l’équilibre des saisons et redonner vie aux sols épuisés, vous devrez exploiter les pouvoirs des divinités que vous libérerez au fil de votre aventure. Celles-ci vous transmettront des artefacts — les Trésors sacrés —, qui sont au cœur des mécaniques du jeu. Chacun d’eux possède une fonction particulière : la Danse du tambour, par exemple, permet de soigner la végétation ou d’accélérer la pousse des cultures, tandis que l’Épée sacrée dissipe les malédictions qui affectent certaines zones. Ces Trésors Sacrés sont des outils polyvalents, utilisés dans des contextes variés — agriculture, exploration, bataille — et vous permettent non seulement d’interagir avec l’environnement, mais aussi d’optimiser votre gestion du temps, particulièrement lors des récoltes.
— D'abord on se tape, on verra la suite après !
Le jeu propose un large éventail d’armes : épées courtes, épées longues, lames doubles, arcs ou talismans. Le système est suffisamment fluide pour permettre de passer rapidement de l’une à l’autre, bien que vous ne puissiez en équiper que deux à la fois. Chaque arme peut être forgée, améliorée et sertie auprès des forgerons, et dispose de son propre arbre de compétences. Les Trésors sacrés, quant à eux, bénéficient du même traitement, avec leurs propres évolutions et spécificités.
Vous aurez également la possibilité de constituer une équipe en nouant des liens avec les personnages d’Azuma. Une fois le premier niveau de relation atteint, ces compagnons pourront vous accompagner en donjon. Chaque personnage possède des compétences uniques, peut être équipé et bénéficie de sa propre progression.
Le système de combat, lui, se veut fluide et accessible, reposant sur une base simple : une attaque principale que vous enchaînez en combos, avec des variations propres à chaque type d’arme.
Chaque Trésor sacré est associé à l’une des sept affinités élémentaires — l’amour, le vent, la terre, l’eau, la lumière, l’ombre et le feu — avec lesquelles vous composerez pour exploiter les faiblesses des ennemis, en particulier des boss, qui possèdent chacun une affinité dominante. Ces monstres puissants introduisent également une jauge d’étourdissement : en utilisant le bon élément, vous pouvez immobiliser temporairement la bête et lui infliger des dégâts accrus. L'esquive parfaite, elle, ralentira le temps pour laisser le champ libre à vos plus beaux enchaînements.



Enfin, à mesure que vous progressez, vous débloquerez le système de grange. Les animaux et monstres vous offriront en plus des ressources, une compagnie de choix, soit comme alliés face à la menace, soit comme montures. Pour les apprivoiser, vous devrez utiliser une des Danses spécifiques et, à la fin de l'affrontement, découvrir la nourriture qui leur plaît pour gagner leur confiance.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir à combattre. Si ma description peut sembler, à première vue, un peu académique — presque comme un inventaire de fonctionnalités —, la réalité en jeu est tout autre. L’interconnexion entre les mécaniques, les possibilités de build et les choix tactiques fonctionne avec une fluidité remarquable. J’ai passé d’excellents moments en donjon, et pour moi, c’est sans doute l’un des plus grands atouts de Guardians of Azuma.
— Après la bagarre, place au développement des villages !
Vous pensiez vous approcher de la fin du test ? Non ! Guardians of Azuma propose également une simulation de vie parmi les plus fluides et optimisées que j’aie pu expérimenter. Comment ? Grâce à l’ingéniosité des Trésors Sacrés — mais ils sont partout ceux-là ! Ces artefacts divins interviennent ici pour simplifier et enrichir les mécaniques agricoles : arroser de larges parcelles en un instant, récolter automatiquement les cultures proches, accélérer la pousse ou même améliorer le rendement en semences… tout est pensé pour rendre l’expérience plus rapide, plus intuitive, et surtout, moins répétitive. Histoire de vous laisser le temps de vous orienter sur ce qui vous plait le plus — c'est ce choix dans les activités qui fait la puissance du soft.
Chaque village d’Azuma dispose de zones dédiées au développement. Une fois équipé du Géofaçonneur — une sorte de longue pioche —, vous pourrez passer en mode construction. Ce mode vous permet de façonner librement le terrain en plaçant différents types de dalles : zones cultivables, chemins, canaux d’irrigation, petites collines… À vous de composer un environnement harmonieux et fonctionnel.
Vous pourrez également ériger divers bâtiments. Certains génèreront des revenus quotidiens, d’autres débloqueront de nouveaux services ou commerces. Menuiseries, salons de thé, forges, apothicaires ou échoppes généralistes enrichiront peu à peu la vie de vos villages, transformant ces lieux en véritables carrefours d’activité et de rencontres. En plus de l'attrait commercial et pratique de ces installations, elles vous octroieront des bonus pour votre personnage.
L’aménagement de votre village ne s’arrête pas là. Chaque élément que vous y ajoutez — qu’il s’agisse de bâtiments, de champs cultivés ou de simples éléments de décoration — contribue à faire monter le niveau global du village. Et à chaque palier atteint, la divinité tutélaire du lieu vous offrira de nouvelles bénédictions. Ce système donne une véritable dimension évolutive à vos efforts, où l’esthétique et l’organisation participent pleinement à votre progression.
— C'est bien tout ça ! Mais ça n'explique pas comment on crée !
— J'y viens, minute !
Pour pouvoir produire tous ces éléments, il vous faut des recettes. Celle-ci se gagne en répondant à des quêtes secondaires, en passant du temps avec les villageois, en répondant à des demandes spécifiques ou même en lustrant des sanctuaires — rien que ça !
Enfin… laissons un instant de côté la terraformation pour évoquer les nombreuses activités annexes qui rythment votre quotidien.
Comme tout bon jeu de simulation de vie, Guardians of Azuma regorge de petits événements et de requêtes à accomplir. Les habitants, toujours prompts à tendre la main, n’hésiteront pas à solliciter votre aide — parfois après une simple conversation, parfois via la Planche à vœux du village, où sont affichées les demandes en attente. Ces quêtes, souvent récompensées, peuvent être ponctuelles ou répétables.
Au fil du temps, vous apprendrez à connaître les visages familiers qui peuplent Azuma. Une vingtaine de personnages forment un casting lumineux, avec lesquels vous pourrez tisser des liens d’amitié… voire davantage. Partager un repas, offrir un cadeau, passer un moment en montagne — chaque interaction compte et peut ouvrir la voie à une relation plus intime. Mais attention : la romance ne se gagne pas si facilement. Il vous faudra prendre le temps d’apprendre les préférences de chacun, sous peine de voir votre relation stagner — il est où mon bisous ?



Si je dis ça, c'est qu'en renforçant vos liens, vous débloquerez divers bonus : amélioration des compétences de vos compagnons, gain de nouvelles recettes et même augmentation de vos statistiques personnelles. L’attachement devient alors bien plus qu’un simple à-côté — il s’intègre naturellement dans la progression globale du jeu.
Parmi les villageois, certains pourront aussi vous prêter main-forte dans la production de ressources ou la gestion de vos commerces. Une aide précieuse, certes, mais qui ne sera pas désintéressée — sauver Azuma, c’est bien, mais ça ne remplit pas le bidon. Pour les garder à vos côtés, il vous faudra répondre à leurs besoins : construire de nouvelles maisons, leur verser un salaire régulier, décorer les lieux de vie… Car oui, s’ils ne sont pas satisfaits, ils n’hésiteront pas à faire leurs valises. En contrepartie, chaque villageois possède sa propre spécialité : agriculture, jardinage, forge, extraction de minerais… À vous de les affecter intelligemment selon leurs compétences pour optimiser la production et faire prospérer votre village.
— Et au final, on dort quand ?
Jamais… Enfin, si. Une fois votre journée bien remplie, il sera temps de regagner votre nid douillet. Ce moment marque la clôture de vos activités : l’occasion de faire le point sur les salaires à verser, d’analyser l’état de votre économie et de comptabiliser bénéfices rapportés par vos expéditions — un passage plus classique pour le genre, mais toujours aussi satisfaisant.
Au fil des saisons.
Le soleil laisse place à la pluie.
Doucement...
Et pourtant, le jeu n’arrête pas de nous surprendre visuellement et auditivement. La direction artistique de Guardians of Azuma est somptueuse. Chaque région offre une palette de couleurs propre, oscillant entre les teintes chaudes des champs d’été et les teintes orangées des vallées d’automne. Les transitions saisonnières sont d’une douceur rare, presque méditative, et renforcent ce monde qui respire au rythme du temps qui passe.
Les décors, tout en courbes et textures naturelles, s’inspirent d’un Japon féodal idéalisé, mêlant spiritualité et fantaisie. Le moindre sanctuaire, le plus petit bosquet, la plus simple rizière semble pensé comme un tableau. C’est une DA qui ne cherche pas le réalisme, mais l’évocation : celle d’un monde à la fois apaisant et mystérieux, chargé de symboles et de détails.



Les effets de lumière apportent une touche onirique aux scènes de combat ou d’exploration, tandis que les animations, bien que parfois modestes, parviennent à transmettre une vraie douceur dans les gestes du quotidien — cueillir, semer, danser.
Sans être techniquement renversant, Guardians of Azuma charme par la cohérence et la générosité de son univers visuel. C’est un monde dans lequel on aime s’attarder, simplement pour voir la lumière évoluer ou entendre le vent courir dans les feuilles. Une invitation à l’exploration, portée par une direction artistique profondément inspirée par la culture populaire japonaise — à la croisée de l’animation, de Genshin Impact ou encore de Zelda: Breath of the Wild. Et si ces influences sont visibles, elles ne sont jamais pesantes : leur réinterprétation parviennent à forger une identité propre, à la fois familière et unique.
— Rien ne fâche alors, c'est un sans faute ?
Je ne dirais pas ça ! La version Nintendo Switch souffre, hélas, des mêmes limitations que bon nombre de productions tierces. Mipmapping trop visible — avec des textures qui changent brutalement en fonction de la distance —, affichage progressif brouillon, ombres baveuses… Les faiblesses techniques de la console sont bel et bien présentes. Marvelous a visiblement dû faire des choix : sacrifier une partie de la finesse graphique au profit d’une meilleure fluidité. Et malgré ces compromis, le jeu reste tout à fait jouable dans des conditions correctes — ce qui, en soi, le place au-dessus de bien d’autres titres, y compris certains en provenance directe de Big N.
— Au final ?
Vous n’imaginez pas à quel point il m’a été difficile de structurer ce test tant Rune Factory: Guardians of Azuma déborde de contenu. C’est, de loin, le projet le plus ambitieux jamais porté par Marvelous. Avec sa durée de vie colossale, ses innombrables systèmes imbriqués, ses personnages, son ambiance et ses secrets bien cachés, le jeu m’a offert un vrai moment de grâce vidéoludique. J’ai pris un plaisir immense à l’explorer dans sa globalité.
Bien sûr, tout n’est pas parfait. La version Nintendo Switch souffre de limites techniques évidentes, et l’on peut espérer une expérience plus nette sur Switch 2 ou PC. Mais au fond, cela ne suffit pas à entacher l’essentiel : Guardians of Azuma est un jeu profondément généreux, sincère, et façonné avec une passion palpable. Si vous aimez les JRPG riches et les jeux de simulation de vie denses, alors n’hésitez pas une seconde — peu importe le support, ce voyage mérite d’être vécu.
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Rune Factory: Guardians of Azuma
- Date de sortie (japon) : 05/06/2025
- Date de sortie (Europe) : 05/06/2025
- Développeur : Marvelous
- Éditeur : Marvelous
- Genres : Action, Simulation
- Consoles : Switch, PC
- Scénario 100%
- Technique 60%
- Gameplay 100%
- Plaisir 100%
- La densité du gameplay
- Les personnages
- Les romances engageantes
- Les facilités pour l'agriculture
- Le worldbuilding
- De loin le jeu le plus ambitieux du studio
- L'exploration
- La durée de vie
- La direction artistique et musicale
- La technique sur Nintendo Switch