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Persona 4 Revival — Le meilleur choix pour Atlus ?

Est-ce la nostalgie qui nous pousse à refaire le voyage, ou bien la conviction qu’il reste encore une vérité cachée au bout du chemin parcouru autrefois ? Lorsqu’un jeu vidéo ressort des limbes du passé sous une nouvelle lumière, la question se pose inévitablement. Pourquoi revenir aujourd’hui à Persona 4, près de dix-sept ans après ses premiers pas sur PlayStation 2 ? Peut-être parce qu’à l’ombre de la modernité galopante, certaines histoires méritent d’être ravivées pour éclairer notre présent.

Atlus a créé la surprise hier en annonçant lors du Xbox Games Showcase 2025 le retour de Persona 4 dans une version remake complète intitulée Persona 4 Revival. Le jeu est prévu sur PlayStation 5, Xbox Series et PC – il rejoindra même le catalogue Game Pass dès son lancement. Un bref teaser a dévoilé un aperçu d’Inaba, la petite ville rurale emblématique du jeu, aux graphismes entièrement réinventés : le lit de la rivière Samegawa, le sanctuaire du renard, une salle de classe du lycée Yasogami, la rue commerçante… autant de lieux familiers désormais baignés d’un éclat nouveau. Aucune date de sortie n’a encore été partagée, Atlus soulignant que le projet n’en est qu’à ses débuts – une patience qui laisse espérer un travail soigné et réfléchi.

Persona 4 est un jeu culte. Tout le monde le sait. Nous, joueurs, l’avons senti dès nos premières heures à Inaba. Et Atlus, évidemment, n’a jamais oublié ce qu’il représente. Sorti en 2008 sur PlayStation 2, puis réédité dans une version enrichie (Golden) en 2012, le jeu a marqué toute une génération. Pas juste pour son gameplay ou son look. Ce qui reste en tête, c’est ce climat étrange. Une petite ville où il ne se passe rien, ou presque. Le genre d’endroit où on traîne avec des potes après l’école, sans vraiment savoir pourquoi c’est important, mais en sentant que ça l’est.

Persona 4, c’est une année entière passée dans la peau d’un lycéen transféré dans une petite ville de province, Inaba. Une ville ordinaire, en apparence, avec ses rues calmes, ses marchands familiers, ses jours de pluie. Mais derrière cette façade tranquille se cache une intrigue surnaturelle, une série de meurtres inexpliqués et une autre réalité, trouble, dans laquelle tout bascule. L’aventure, au fil des saisons, oscille entre le quotidien banal — les cours, les amis, les peines et les distributeurs de soda — et une enquête haletante dans un monde parallèle fait de brouillard et de vérités qu’on préférerait taire.

Mais ce qui donne à Persona 4 sa force, c’est ce qu’il raconte en creux. Chaque personnage y affronte son ombre, cette part de soi qu’on cache, qu’on rejette, qu’on ne veut pas voir. Le jeu parle de solitude, de honte, d’identité, mais toujours avec tendresse, sans jamais appuyer trop fort. Peu de jeux ont su, comme lui, dire autant avec autant de simplicité. Marier l’ordinaire et l’occulte, le banal et le tragique, pour parler avec une sincérité désarmante de ce besoin vital qu’on a tous, adolescent ou non : celui d’être vu, accepté, compris.

Persona 4

Alors, pourquoi ce retour aujourd’hui ? Est-ce pour de mauvaises raisons, comme souvent ? Un remake, encore un. L’industrie adore ça. C’est vendeur, c’est rassurant. On prend une valeur sûre, on l’habille mieux, on remet en rayon. On connaît la chanson. Et honnêtement, qui n’a pas eu ce petit haussement d’épaules en voyant le mot « Revival » collé à un vieux titre ? Il y a de quoi douter. Mais là, on sent autre chose. Pas un geste de lassitude. Pas un projet fait à la chaîne entre deux épisodes de Persona 5. Il y a quelque chose de plus personnel, de plus calme. Une sorte d’envie de revenir, sans fanfare. Comme quand on repasse par un lieu qu’on n’a pas vu depuis longtemps. Pas pour y faire le ménage. Juste pour voir. Sentir. Comprendre si ce qu’on y a vécu tient encore debout.

Atlus, de son côté, semble l’avoir compris. Ce remake, ils ne l’ont pas lancé pour cocher une case ou remplir un calendrier fiscal. On sent que c’est un projet qu’ils tiennent entre leurs mains avec précaution. Dès les premiers mots du directeur de P‑Studio, Kazuhisa Wada, le ton est donné : « Persona 4 est un titre spécial, qui occupe une place personnelle dans mon cœur. » C’est dit sans détour. Ce n’est pas un plan marketing, c’est presque un aveu. Une déclaration de quelqu’un qui revient sur un lieu important de sa propre histoire. Il parle de passion, d’amour, de respect pour le matériau original. Et surtout d’envie. L’envie de faire bien, pas juste de faire.

Alors oui, ils vont retoucher. Éclaircir certaines scènes. Moderniser ce qui a vieilli. Mais pas pour faire joli. Plutôt pour donner plus d’espace à ce qui comptait déjà. Pour que ce qu’on ressentait à l’époque soit encore plus net aujourd’hui. Le but n’est pas de réécrire l’histoire, mais de lui offrir un peu plus de clarté. Une meilleure lumière. Rien de plus, rien de moins. Et quelque part, c’est ce qui rend le projet crédible : cette volonté de rester au service du souvenir, et non de l’écraser sous une pluie d'effets aveuglants.

Persona 4

Et puis soyons clairs : Persona 4, c’est un pilier. Le refaire aujourd’hui, ce n’est pas fuir vers le passé, c’est lui redonner du souffle. Ça fait sens aussi d’un point de vue logique. Le remake de Persona 3 a très bien marché. Les rééditions de Persona 4 Golden sur les consoles modernes ont montré qu’il y avait encore un public, curieux, ouvert. Et Persona 5 a fait exploser la série. Donc oui, ça aurait été facile de se jeter directement sur Persona 6 ou de pondre un nouveau spin-off du 5 (Tactica, The Phantom X, Strikers...). Mais Atlus ne l’a pas fait. Ils ont pris un détour. Ils ont pris le temps. Et ce détour, c’est peut-être le meilleur chemin pour ne pas perdre ce qui fait l’âme de la série. C’est comme poser une pierre solide avant de continuer à bâtir. Pas parce qu’on ne sait pas où aller, mais parce qu’on tient à là d’où l’on vient.

Il y a là une forme de cohérence. Une honnêteté dans le geste. Ce Revival, ce n’est pas une tentative désespérée d’exister à nouveau, ni un déguisement pour un vieux jeu. C’est une façon de dire : « Cette histoire-là, elle compte encore. Elle a encore des choses à prouver. » Et franchement, quand on repense à ce que Persona 4 racontait — sur les apparences, le regard des autres, la difficulté de s’assumer, le besoin de se connecter vraiment — on se dit que oui, ce serait presque dommage de ne pas lui offrir une nouvelle voix aujourd’hui. Parce que ces sujets n’ont pas disparu. Ils sont même devenus encore plus pressants, dans un monde où on passe nos vies à se construire des profils, à cacher ce qui déborde, à lisser ce qui tremble.

Revenir à Persona 4, c’est un peu comme rouvrir une vieille boîte qu’on avait rangée dans un coin. On ne sait pas trop ce qu’on va y trouver. Mais on sait que ça va faire quelque chose. Que ça va réveiller un truc qu’on croyait rangé pour de bon. Et si Revival réussit ça, s’il réussit à recréer ce frisson discret qu’on ressentait quand la télé s’allumait seule à minuit… alors oui, ce remake aura eu tout son sens.

Et c’est ça qu’on attend, au fond. Pas un jeu parfait. Pas un chef-d’œuvre repassé au filtre 4K. Juste une émotion qui revient. Un souvenir qui reprend vie. Une voix familière, qui nous dit encore une fois : « T’as le droit de douter. T’as le droit de chercher. Mais regarde autour de toi : t’es pas le seul. »

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Kuro
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✅ Créateur du média

✅ Amateur de culture pop, JRPG et retrogaming

✅ À l'âge de 38 ans, mon JRPG préféré demeure Chrono Trigger !

💔 RIP Akira Toriyama, tu resteras à jamais dans nos coeurs...

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