Accueil / Test de RAIDOU Remastered — Vieux, mais tellement bon !

Test de RAIDOU Remastered — Vieux, mais tellement bon !

Pour ceux qui ont commencé la licence Shin Megami Tensei avec le 5e opus, difficile de savoir qui est vraiment Raidou Kuzunoha. Je vous le donne en mille : RAIDOU Remastered: The Mystery of the Soulless Army vous donnera les réponses que vous attendez. Les jeunes années du détective y sont décrites sous une forme qui s’éloigne fortement de la recette de base d’Atlus. Combats en temps réel, enquête sur fond d’un Japon fantasmé des années 30, agrémentée de références occidentales… Tous les ingrédients pour vous faire passer un bon moment sont réunis. Cependant, est-ce que revenir avec un titre aussi éloigné de la formule d’origine réussira à convaincre les fans du RPG au tour par tour ? Vous le découvrirez dans notre avis.

Raidou Kuzunoha XIV, à peine arrivé déjà en activité

Repère historique : RAIDOU Remastered se déroule en Taishō 20 (équivalent 1931). C’est une période bouillonnante : agitation sociale, réformes démocratiques, amour libre, explosion artistique… un terreau parfait pour un thriller occulte.

Racines occultes – le clan Kuzunoha : Il existe depuis l’ère Asuka (~1300 ans). Sa mission : traquer les démons dans l’ombre. Les enfants y sont formés très jeunes ; seuls ceux qui passent de terribles épreuves deviennent invocateurs. Parmi eux, quelques élus héritent du nom des quatre invocateurs fondateurs — « Raidou » en fait partie. Historiquement, le clan collabore avec l’organisation supranationale Yatagarasu, protectrice du Japon.

La cérémonie d’héritage, réalisée entre trois pins sacrés symbolisant les dieux créateurs, marque la frontière entre monde divin et monde humain — c’est là que notre Raidou XIV a reçu son titre, après une enfance presque recluse.

Tout commence à Tsukudo-Cho, quartier fictif d’un Tokyo version 1931. Raidou Kuzunoha XIV, fraîchement diplômé de la très discrète école des invocateurs, commence sa carrière en tant qu’assistant d’un détective privé un peu looser sur les bords : Narumi. L’agence Narumi, c’est un peu le QG des cas bizarres, ceux que la police préfère ignorer. Et ça tombe bien, parce que Raidou a un atout dans sa manche : il peut capturer et invoquer des démons.

Le décor est posé : un Japon où la magie noire, les sociétés secrètes et les rituels interdits se cachent sous les néons. Et quand une jeune femme, Kaya Daidōji, débarque au bureau en demandant qu’on la tue, on sent que quelque chose ne tourne pas rond. Elle n’a pas le temps d’en dire plus qu’elle se fait kidnapper par des soldats en capes rouges sortis de nulle part. C’est le début d’un sacré chantier...

RAIDOU Remastered: The Mystery of the Soulless Army_20250615222850

Note d’enquête – Journal de Narumi : « Nous avons rencontré une lycéenne au pont d’Ushigome‑Gaeri. J’ai demandé à Raidou de creuser : il s’agit de Kaya Daidōji, héritière d’une grande famille. Son oncle Kiyoshi et un mystérieux militaire semblent impliqués. À creuser de toute urgence… »

Très vite, Raidou et son compagnon Gouto — un chat noir qui n’a pas la langue dans sa poche — vont mettre le nez dans une affaire qui dépasse largement la disparition d’une héritière. Derrière l’enlèvement se cache un projet d’armée « sans âme » : des soldats artificiels créés par une branche militaire un peu trop ambitieuse, qui mêle technologie de pointe et sciences occultes. En gros, une bande de savants fous qui jouent avec des forces qui les dépassent.

L’enquête de Raidou va le mener dans tous les coins sombres de la capitale : manoirs, usines désaffectées, ruelles et débits de soda, mais aussi dans un monde parallèle peuplé exclusivement de démons, le fameux Monde Sombre. À chaque fois, il devra affronter des créatures inspirées des mythologies et folklores du monde entier, tout en recollant les morceaux d’un puzzle qui remonte à plusieurs générations.

RAIDOU Remastered ne se prive pas de jouer avec l’ambiance de l’époque. Les décors respirent les années 30 revisitées à la sauce fantastique : tramways, ambiance jazzy, temples paumés dans la brume… Ce n’est pas forcément beau, mais c’est stylé, et surtout très cohérent avec l’univers. Les dialogues sont pleins d’expressions old school, les personnages sont typés sans tomber dans la caricature, et l’humour noir de Gouto ou des situations viennent régulièrement détendre l’atmosphère.

RAIDOU Remastered

Mais ce qui fait le sel de l’histoire, c’est son mélange improbable de styles : d’un côté, on suit une vraie enquête avec des indices, des suspects, des retournements de situation ; de l’autre, on enchaîne les combats, les pactes démoniaques et les rituels d’invocation à grands coups de confinements. Le tout est découpé en chapitres façon série TV, avec un cliffhanger quasi systématique à la fin de chaque arc. Ça se lit et se joue comme un feuilleton rétro. Et comment dire, c'est divinement réalisé.

Et même si certains rebondissements sont un peu tirés par les cheveux, la sauce prend grâce à une mise en scène efficace et un vrai sens du rythme. L’histoire principale se double aussi d’une trame plus intime, centrée sur Kaya, sa famille, et une malédiction ancienne qui revient la hanter. Une manière pour le jeu de parler aussi de transmission, d’identité, et de choix entre devoir et liberté.

Sans en dire trop, RAIDOU Remastered ne se gêne pas pour glisser des clins d’œil très appuyés à l’histoire mondiale. On y croise des échos à des expériences scientifiques qui annoncent, à demi-mot, les recherches ayant mené aux armes les plus destructrices du XXe siècle. Il est aussi question d’ingérences étrangères, d’espions au passé trouble encore marqué par la chute d’un empire. Le mélange entre occultisme et ambitions technologiques donne lieu à une ambiance presque prémonitoire, où l’ésotérisme flirte avec les grandes peurs de l’époque.

Persona 5 Stri... RAIDOU Remastered !

Le système de combat laisse de côté le traditionnel tour par tour au profit d’affrontements en temps réel. À chaque rencontre, l’environnement se fige et se transforme en une petite arène, où l’on enchaîne frappes à l’épée — rapides pour harceler, lourdes pour briser les défenses —, tirs de revolver et invocations de deux démons simultanément. Chaque allié possède ses propres affinités élémentaires, et exploiter la faiblesse d’un ennemi permet de l’étourdir, ouvrant la voie aux techniques spéciales.

Parmi elles, le Fléau des démons, une attaque dévastatrice qui aspire le MAG des ennemis : une énergie essentielle qui alimente tous les pouvoirs surnaturels de Raidou, que ce soit pour invoquer des démons, activer certaines compétences ou sceller un ennemi. Pas de MAG, pas de magie — c’est littéralement le carburant de l’invocateur. Ce Fléau ne se déclenche qu’en plaçant une série de coups sans interruption ou en esquivant une attaque au bon moment.

Autre technique majeure : la Taillade spirituelle. Débloquée une fois la jauge d’esprit remplie, elle frappe tous les ennemis d’un coup, en prenant automatiquement l’élément le plus efficace contre l’ensemble du groupe. Et si certains adversaires résistent naturellement à cet élément ? Aucun souci : les dégâts passent outre leurs défenses.

Remplir cette fameuse jauge d'esprit se fait en jouant actif et malin : donner des ordres à ses démons (attaque, soin ou bonus), réussir un Fléau des démons, exploiter les points faibles ennemis, faire frapper un démon sur une cible déjà étourdie ou simplement terminer un combat. En bref, plus on enchaîne les bonnes décisions, plus on se rapproche de cette attaque ultime — un vrai cercle vertueux d’agressivité bien gérée.

Recruter de nouveaux camarades passe par l’Art du confinement : il suffit de se glisser près d’un démon pour l’enfermer dans un tube, à condition qu’il ne dépasse pas le niveau de Raidou et qu’il vous reste assez de MAG pour sceller l’affaire ; au passage, on peut même lui subtiliser un petit trésor ou voir ses statistiques augmenter si nous répondons correctement à ses questions. Rien n’interdit ensuite de faire combattre deux Jack Frost côte à côte, et plus on les emploie, plus leur loyauté grimpe : un démon loyal offre parfois un objet, débloque des fusions rares ou renforce une compétence, encourageant à faire tourner la troupe pour couvrir tous les éléments.

RAIDOU Remastered: The Mystery of the Soulless Army_20250617014054

Les compagnons rendent aussi service hors champ de bataille. Un démon de flamme peut enflammer un bûcher récalcitrant, un esprit de givre geler une conduite d’eau, un volt débusquer une cachette, un vent scanner les environs, une furie déplacer un bloc, un païen glaner les pensées d’un témoin, tandis que les spécialistes de la « démonstration » soignent ou améliorent l’équipe après quelques phases lunaires. Les volants atteignent les corniches, les petites créatures s’infiltrent dans les conduits, les raffinés dissuadent les rencontres, les monstres terrifiants les attirent, et quelques charmeurs usent d’un glamour redoutable — autant de pouvoirs qui transforment chaque quartier de RAIDOU Remastered en terrain de jeu d’enquête.

RAIDOU Remastered: The Mystery of the Soulless Army_20250617005907

Ce Tokyo alternatif ne manque pas d’à-côtés. Les fissures arillées, brèches lunaires visibles dans le monde réel aboutissent à un affrontement plus corsé mais augmentent le gain d'expérience et l’argent ; elles repoussent à la pleine lune. Les multiplier offre des récompenses si l’on va saluer la statue de renard du Sanctuaire sans nom — le pont entre le monde réel et le sombre. L’agence Narumi reçoit aussi ses dossiers : mini-mystères, exorcismes express ou livraisons étranges qui gonflent la bourse et le background. Et pour ceux qui en veulent toujours plus, la tour d’entraînement du Sanctuaire sans nom déroule ses étages grandissants, une bonne manière de prendre de l'expérience et de recruter de nouveau alliés.

RAIDOU Remastered: The Mystery of the Soulless Army_20250617134503

Le vrai plaisir, toutefois, vient de la forge et de la fusion. Au Goumaden, Dr Victor, un scientifique complètement fou, propose l’alchimie de l’épée : on fond une arme avec les cristaux d’essence — extraits des monstres ou récupérer en boutique et exploration — pour obtenir une lame flambant neuve et, surtout, apprendre des nouvelles compétences d’invocateur. Trois familles d’outils coupants vous attendent : l’épée, la lance, et la hache. Chacune peut embarquer des compétences de combat que l’on déclenche en pleine mêlée et des compétences passives qui restent actives tant qu’elle est équipée.

De plus, les démons que tu recrutes peuvent être fusionnés. Le principe est simple : tu combines deux créatures pour en obtenir une nouvelle, souvent plus puissante, avec des compétences héritées des parents. C’est là que le jeu dévoile toute sa richesse : choisir les bons candidats, transmettre les bons sorts, viser les bonnes affinités… La fusion reste un vrai terrain d’expérimentation. Et comme dans les autres jeux de la saga, c’est cette mécanique qui donne au système de progression sa profondeur et son côté addictif — on passe facilement plus de temps à peaufiner son bestiaire qu’à résoudre l’enquête principale.

Dernier détail : la puissance de l'héritage Kuzunoha. À force d’augmenter la loyauté globale de ses démons, Raidou gravit les rangs de son clan, décroche un nouveau titre — purement honorifique mais toujours classe – et surtout récupère quelques tubes supplémentaires pour transporter encore plus d’alliés.

RAIDOU Remastered: The Mystery of the Soulless Army_20250615230505

RAIDOU Remastered apporte pas mal de petits ajouts bienvenus. Le rythme général est plus souple grâce à l’ajout de la sauvegarde rapide et d’un système de voyage rapide très pratique pour éviter les allers-retours inutiles. Il est aussi possible de choisir son niveau de difficulté au début de l’aventure. Globalement, tout a été pensé pour que l’expérience reste fidèle à l’original tout en la rendant plus fluide et confortable à jouer aujourd’hui. Rien de révolutionnaire, mais suffisamment de petites améliorations pour rendre l’aventure plus agréable, surtout pour ceux qui découvrent Raidou pour la première fois.

RAIDOU Remastered : C'est vieux, c'est PS2, c'est lissé, mais c'est stylé

Le jeu envoie un style visuel immédiatement identifiable : un savant mélange d’Art déco à l’occidentale et de ruelles traditionnelles d’Edo, le tout à travers par des décors en 3D pré-calculés et détaillés. Le Tokyo des années 30 prend forme de manière à la fois réaliste et stylisée, avec des couleurs parfois vives, parfois ternes, des intérieurs feutrés et des tramway qui transforment le décor en polar occulte. Les personnages et les démons affichent des textures modernisées sans trahir leur design original : Raidou reste reconnaissable, et les créatures mythologiques viennent s’inscrire naturellement dans cette esthétique. Bon pour être franc, même si le jeu apporte son lot d'améliorations, il revient de très loin. C'est difficile de ne pas distinguer les polygones sur les modèles des démons et des personnages. Comme je le dis souvent pour les bonnes remastérisations : « En vrai, ça passe ! »

À l’oreille, Raidou Remastered joue sa carte jazz-crime à fond. Shoji Meguro mise sur une orchestration riche en cuivres et instruments à vent, parfaite pour évoquer l’insaisissable ambiance des années folles, teintée d’une touche électrique quand l’action surnaturelle déborde. Résultat : une bande-son calibrée oscillant sans fausse note entre ambiance feutrée, tension dramatique et riffs nerveux. Chaque moment — une course dans une ruelle, un moment d’enquête ou un combat en arène — est servi par une musique qui colle au rythme du jeu.

Pour couronner le tout, le jeu bénéficie d’un doublage intégral — y compris en anglais — qui donne plus de corps aux personnages. De l’atmosphère pesante d’une église désertée aux réparties cinglantes de Gouto, les voix trouvent toujours leur place et leur ton. Ce trio visuel, musical et vocal fait de RAIDOU Remastered une véritable réinterprétation respectueuse de l’original, fidèle et bien plus saisissante que l'opus PS2.

Le mot de la fin

Vu que je ne suis pas fan des remasters bâclés, je reste toujours sur mes gardes. Mais là, Raidou Remastered m’a presque fait changer d’avis. Ce n’est clairement pas parfait, mais Atlus a réussi à viser juste pour corriger les principaux points de friction : l’expérience de jeu est plus fluide, moins frustrante. On sent que le studio a tiré les leçons de ses précédentes remises à jour — je pense notamment à SMT III Nocturne — et cette fois, le résultat est plus convaincant. Ils ont donné un nouveau visage à ce titre qui, lors de sa sortie originale, n’a pas fait l’unanimité. Et le pari est réussi. Pas de révolution technique, mais assez de nouveautés bien exécutées pour justifier de s'y replonger.

— Vous pouvez lire notre interview de l'équipe en charge du projet juste ici : Entretien avec ATLUS sur Raidou Remastered — passionnant !

Tu aimes notre site et tu veux nous aider ?
  • Rejoins notre Discord
  • Partage notre contenu ou rejoins-nous sur nos Réseaux Sociaux
  • Tu veux soutenir le projet, rejoins nos généreux donateurs sur Patreon

8 RAIDOU Remastered: The Mystery of the Soulless Army

  • Date de sortie (japon) : 19/06/2025
  • Date de sortie (Europe) : 19/06/2025
  • Développeur : Atlus
  • Éditeur : Atlus
  • Genres : Action
  • Consoles : PS4, PS5, Switch, PC, Series
  • Scénario 80%
  • Technique 70%
  • Gameplay 90%
  • Plaisir 80%
  • L'ambiance de ce Tokyo fantasmé
  • Le ton, l'humour noir
  • La musique
  • Les affrontements énergiques et stratégiques
  • La DA des démons (mais bon on commence à avoir l'habitude)
  • Les mécaniques d'enquête bien intégrées
  • Les fusions qui prolongent incontestablement la durée de vie
  • La durée de vie (comptez 40 heures en ligne droite)
  • Gouto !
  • Visuellement, on sent d'où l'on vient
  • Les déplacements dans des environnements aux caméras fixes
Kuro
Kuro

✅ Créateur du média

✅ Amateur de culture pop, JRPG et retrogaming

✅ À l'âge de 38 ans, mon JRPG préféré demeure Chrono Trigger !

💔 RIP Akira Toriyama, tu resteras à jamais dans nos coeurs...

Articles: 2986

Laisser un commentaire