Digimon Story Time Stranger — Mais quand vont-ils s'arrêter ?

Il aura fallu presque dix ans pour que la série Digimon Story revienne sous les projecteurs avec un nouvel épisode original. Dix années durant lesquelles les amateurs de monstres numériques ont patienté, parfois en se rabattant sur d’autres titres de la franchise, parfois en nourrissant la nostalgie d’un genre qui semblait avoir perdu sa voix propre. Annoncé pour une sortie sur PlayStation 5 le 3 octobre, Digimon Story: Time Stranger marque le retour d’une formule longtemps mise en sommeil : un RPG d’élevage et de stratégie où le lien entre humains et Digimon est non seulement thématique, mais constitutif de l’expérience de jeu. Une résurgence attendue qui, sans crier gare, choisit d’élargir le spectre de son univers, non seulement géographiquement — entre le monde des humains et le Digimonde — mais aussi temporellement. Le temps, cette matière mouvante, devient ici autant un terrain d’exploration qu’un enjeu narratif.

Développé par le studio japonais Media Vision, déjà à l’origine de Digimon Story: Cyber Sleuth, Time Stranger s’inscrit dans la continuité de son aîné tout en en assumant les ruptures. L’esthétique du jeu, les mécaniques de capture et d’entraînement, et surtout la structure narrative témoignent d’une volonté assumée de proposer une nouvelle lecture de l’univers Digimon.

Pour comprendre l'univers de ce nouvel opus, nous vous proposons déjà plusieurs papiers disponibles ici : Digimon Story Time Stranger.

Le PlayStation Blog nous propose aujourd'hui un approfondissement des mécaniques de gameplay. Dès le début du jeu, le joueur se voit confronté à un Digimon hostile, qu’il devra vaincre avec l’aide d’un partenaire fourni par ADAMAS. Ce premier affrontement marque le point de départ d’un système de collection : ici, on ne capture pas une créature en l’affaiblissant, mais en l’ayant affrontée suffisamment de fois pour en extraire un échantillon de données, processus nommé Conversion.

La Digivolution, mécanique principale de l’expérience Digimon depuis les débuts de la franchise, s’éloigne ici de la progression hiérarchique pour devenir un réseau ramifié. Un Digimon peut évoluer selon différentes branches, selon des conditions spécifiques à remplir, mais il peut aussi désévoluer, c’est-à-dire revenir à une forme antérieure. Ce retour en arrière permet au joueur de réadapter son Digimon, de réattribuer certains paramètres, ou d’explorer de nouvelles possibilités d’évolution qui auraient été inaccessibles autrement. À cette souplesse structurelle s’ajoute une complexité tactique renforcée par un système de combat au tour par tour articulé autour de deux variables fondamentales : les attributs et les éléments.

Sept types d’attributs (parmi lesquels Virus, Anti-Virus ou Données) et onze types d’éléments (Feu, Eau, Plante, etc.) interagissent entre eux selon une logique de forces et de faiblesses croisées. Un Digimon de type Virus, par exemple, subira le double de dégâts face à une attaque lancée par un Digimon de type Anti-Virus, surtout si cette attaque est elle-même d’un élément auquel il est vulnérable. Ce système, qui peut paraître austère en surface, favorise une approche stratégique à plusieurs niveaux : il ne s’agit plus seulement d’avoir une équipe équilibrée, mais de penser en amont la synergie entre attributs, éléments et types de compétences. En cela, Time Stranger s’éloigne du simple affrontement de chiffres pour s’ériger en véritable échiquier numérique.

Mais la principale innovation de ce nouveau volet tient sans doute dans l’introduction d’un système de personnalités. Chaque Digimon hérite, lors de sa conversion, de l’une des seize personnalités disponibles. Ces traits de caractère influencent non seulement la croissance des statistiques, mais aussi l’apprentissage de compétences, les conditions d’évolution et même les comportements en combat. Un Digimon de type « Daring », par exemple, bénéficiera d’un boost significatif en attaque et en défense, le rendant particulièrement apte aux joutes physiques. Le joueur n’a plus affaire à des créatures interchangeables : deux Digimon de même espèce pourront se comporter de façon radicalement différente selon leur personnalité. Plus encore, cette dernière n’est pas figée : elle peut être modifiée grâce à des objets spécifiques et à un entraînement ciblé dans la Digiferme.

Ce souci du détail se retrouve également dans le système de progression du joueur lui-même, incarné par son statut d’agent ADAMAS. Chaque mission accomplie rapporte des points qui permettent de débloquer des compétences passives. Celles-ci peuvent affecter les gains d’expérience, la fréquence des évolutions, ou l’efficacité de certaines personnalités de Digimon. Ce que propose Time Stranger, c’est une sorte de miroir évolutif : à mesure que les Digimon progressent, le joueur lui aussi gagne en capacité et en influence.

Cette symétrie atteint son point culminant avec les Cross Arts, des attaques spéciales déclenchées par la fusion temporaire entre le Digivice de l’agent et l’énergie d’un Digimon. Ces techniques, visuellement impressionnantes, modifient les paramètres du combat, apportant bonus de stats, attaques supplémentaires ou effets de soutien.

Ce que propose Digimon Story Time Stranger, c’est une tentative de redonner du souffle à une licence qui, tout en ayant connu un regain de popularité ces dernières années, peinait à s’imposer dans un paysage vidéoludique saturé de RPG et de jeux de collection de monstre. En intégrant des systèmes à la fois complexes et intuitifs, en articulant ses mécaniques autour d’une histoire plus consistante et en multipliant les niveaux de personnalisation, le titre de Media Vision semble vouloir parler autant aux fans qu'aux adorateurs de JRPG que nous sommes. Il y a, dans cette hybridation de figures familières et de structures nouvelles, quelque chose de profondément fidèle à l’esprit Digimon : cette idée que toute donnée peut être transformée, toute identité modulée, tout futur réécrit.

En attendant sa sortie le 3 octobre, Digimon Story: Time Stranger est déjà disponible en précommande sur PlayStation 5, Xbox Series X|S et PC.