Cladun X3 arrive en 2025, mais qu'est-ce que Cladun ?

Depuis quinze ans, la série Cladun occupe une place de niche, déjà, dans le paysage du jeu de rôle japonais. Pourtant, il trace une ligne claire entre nostalgie visuelle et systèmes de jeu d’une étonnante profondeur. En s’appuyant sur un moteur visuel volontairement rétro, proche des consoles 8-bit, elle rappelle les racines du dungeon crawler tout en injectant des idées modernes comme la génération procédurale et la personnalisation extrême des protagonistes. D’entrée de jeu, Cladun a choisi d’assumer un positionnement artisan qui préfère la rejouabilité à la grandiloquence cinématographique, une démarche qui a trouvé un écho durable auprès de joueuses et joueurs à la recherche d’expériences compactes mais inépuisables.

Le premier opus, Cladun: This is an RPG, paru en 2010 sur PlayStation Portable, posait déjà les bases de ce qui deviendrait la colonne vertébrale de la série. Son principe est simple : un village-hub miniature sert de base d’opérations, et à partir de là le joueur plonge dans des donjons composés d’étages générés aléatoirement, chacun régi par un chronomètre qui encourage la prise de risques. Ce choix du temps limité, couplé à la mort punitive et à un butin aussi abondant qu’imprévisible, insufflait une tension continue tout en multipliant les occasions d’expérimenter de nouvelles combinaisons d’armes et de sorts. Fait plus surprenant, le jeu permettait d’éditer non seulement les héros, mais aussi les sprites des boss finaux. Détournement créatif qui deviendra rapidement la marque de fabrique de Cladun. Au-delà de ce gimmick, cette capacité d’altérer le jeu de l’intérieur posait une question fondatrice : où s’arrête le joueur et où commence le concepteur ? La saga s’efforcera de repousser cette frontière à chaque itération.

Un an plus tard, Cladun X2 prolongeait l’expérience en doublant presque le volume de contenu et en raffinant l’algorithme de génération des cartes, tout en ajoutant un système de classes interchangeables qui permettait de réinitialiser une progression pour débloquer des aptitudes nouvelles. Cette suite introduisait également l’embryon du Magic Circle, un tableau stratégique dans lequel on plaçait des alliés sous forme de nœuds afin de renforcer les statistiques du personnage principal.

En adoptant une approche quasi tactique de la construction de build, le jeu s’inscrivait dans une tendance plus large du J-RPG de l’époque, celle qui cherchait à faire coexister action en temps réel et planification. La communauté, particulièrement active sur les forums occidentaux, a vu dans Cladun X2 une plate-forme d’expérimentation où la théorie du min-maxing rencontrait la spontanéité des runs procéduraux, générant d’innombrables guides maison et discussions sur l’équilibrage. Ainsi, dès 2012, la série possédait un terreau fertile d’idées que les développeurs allaient nourrir au fil des épisodes suivants.

Cladun Returns: This Is Sengoku, paru en 2016 sur PlayStation Vita puis en 2017 sur PlayStation 4 et PC, fut longtemps considéré comme l’épisode de la maturité, non parce qu’il rompait avec ses prédécesseurs, mais parce qu’il réévaluait leur héritage sous l’angle de la narration « historique ». En transposant son gameplay à l’ère féodale japonaise, le jeu réintroduisait les figures célèbres des guerres sous forme de personnages. C’est aussi dans cet opus que la bande-son chiptune est devenue un pilier identitaire, chaque morceau étant proposé en version moderne et rétro pour satisfaire la double fidélité au passé et à la modernité. À la lumière de cette réussite, Nippon Ichi pouvait envisager une suite numérotée tout en gardant l’audace nécessaire pour la moderniser en douceur.

Une sortie de Cladun X3 pointe son nez en septembre 2024 en simultanée sur PlayStation 4, PlayStation 5, Nintendo Switch et PC le 27 février 2025 au Japon. Quelques mois plus tard, le relais de l’information par NIS America confirmait qu’une version localisée en anglais verrait le jour en Occident avant la fin de l’année 2025, une précision consolidée par un communiqué d'hier qui visait explicitement le marché Switch nord-américain et européen.

Au cœur de Cladun X3 se trouve une version largement étendue du système de Magic Circles, désormais capable d’accueillir davantage de cases, de liens et d’effets conditionnels. Le fonctionnement reste familier : l’unité centrale incarne l’avatar actif dans le donjon, tandis que les satellites renforcent ses attributs, absorbent une partie des dégâts ou déclenchent des effets passifs comme la régénération de mana.

La nouveauté réside dans la possibilité d’enregistrer plusieurs configurations et de les rappeler à la volée, ce qui encourage à concevoir des compositions spécialisés pour chaque type de salle, de boss ou de défi chronométré. L’ergonomie retravaillée permet de déplacer les artefacts avec une simplicité enfantine, tout en fournissant un retour visuel instantané sur l’impact statistique.

L'évolution de X3 s’inscrit aussi dans un système procédural plus généreux : chaque donjon est généré à partir d’un assemblage de salles modulaires dont les variables — pièges, monstres, coffres, raccourcis — se recombinent à l’infini, tandis que la difficulté s’ajuste en temps réel en fonction des artefacts équipés. Le patch majeur déployé en mai 2025 ajoute un end-game conçu pour tester les limites de ces mécaniques, avec de nouveaux artefacts légendaires, des cercles maudits qui appliquent des malus permanents, et une poignée de labyrinthes de cent étages où le moindre faux pas peut être fatal.

Malgré cette densité mécanique, Cladun X3 reste avant tout une déclaration d’amour à l’esthétique 8-bit, comme le prouve son trailer d’annonce où les sprites défilent à l’écran sur une cadence chiptune frénétique. Au-delà du spectacle visuel, l’identité de Cladun repose sur une personnalisation hors norme, et ce troisième épisode pousse la logique encore plus loin. Les outils de création permettent de redessiner chaque pixel des héros, d’enregistrer plusieurs palettes colorimétriques et même d’importer des motifs partagés en ligne, reproduisant ainsi la circulation communautaire d’avatars déjà observée sur X2.

Cladun X3 ne cherche pas à tout réinventer : sa formule rétro, déjà bien à part, se suffit à elle-même. Son objectif est plutôt de peaufiner chaque détail, en poursuivant le travail amorcé par ses prédécesseurs. Le patch de mai 2025 ouvre une feuille de route prometteuse, avec des donjons spéciaux, des classements saisonniers et peut-être des extensions payantes. Ce qui impressionne, c’est la trajectoire du jeu : né sur PSP, longtemps réservé à un public de niche, il connaît aujourd’hui une sortie mondiale quasi simultanée. C’est le signe d’un marché en mutation, mais aussi de la fidélité d’un studio à sa vision. À l’heure des blockbusters ultra-réalistes et des mondes ouverts tentaculaires, Cladun X3 rappelle qu’un peu de pixel art, des mécaniques bien pensées et une vraie passion peuvent encore donner naissance à des jeux inoubliables.

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