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Test de Final Fantasy Tactics: The Ivalice Chronicles — Bien vieilli ?

Frappez-moi ! C’est la première fois que je mets les mains sur Final Fantasy Tactics. Là où beaucoup restent attachés à la version PSP pour ses ajouts, mais moins convaincus par ses performances, Final Fantasy Tactics: The Ivalice Chronicle revient à la version d’origine, tout en ajoutant des scènes animées et quelques améliorations d’interface bien pensées. Pour être honnête, je n’ai pas ressenti exactement la même chose que certains de mes camarades à propos du jeu. « C’est un chef-d’œuvre », m’a-t-on dit. « Le meilleur Final Fantasy », ai-je entendu au détour d’une conversation. Après l’avoir enfin expérimenté, je peux l’affirmer : ce Tactics est sans aucun doute un excellent JRPG tactique. Mais de là à lui donner le brassard de capitaine… on va nuancer un peu tout ça... dans ce test.

L'élaboration du test fut possible grâce à une version numérique PS5 reçue en avance par l'éditeur.

Ivalice en guerre

Final Fantasy Tactics: The Ivalice Chronicles nous emmène en Ivalice, un royaume encore marqué par la guerre. Les cicatrices sont partout, et derrière chaque bataille se cachent des enjeux de pouvoir. La noblesse, l’armée, l’Église… chacun essaie de tirer la couverture de son côté. Ce climat de tension densifie le récit, et on sent que rien n’est jamais acquis.

Au cœur de cette fresque, il y a Ramza Beoulve. Un jeune homme issu d’une famille de nobles, mais qui se rend vite compte que son nom ne suffit pas à guider ses choix. Ce qu’il cherche, c’est une justice authentique, pas celle qu’on lui dicte. Sa sincérité peut sembler naïve, mais elle donne à son parcours une force particulière.

Hypothèse — Une improvisation un peu confuse pour un classique du JRPG Quand Square Enix a publié l'interview de Kazutoyo Maehiro, le directeur du jeu, il disait ceci : « Le plus gros obstacle ? Aucune donnée source ou code d’origine n’a survécu. Ce n’était pas une erreur de gestion : à l’époque, conserver ces éléments n’était tout simplement pas la norme. La version japonaise servait de base, et on écrasait les fichiers pour localiser le jeu, sans sauvegarde intermédiaire. Il n’y avait pas non plus de patchs ou de mises à jour possibles. Résultat : nous avons dû reconstruire le jeu de zéro, parfois en rejouant à l’original et en recréant les sensations au feeling. C’était titanesque. » je ne crois pas une seconde que le code source de Final Fantasy Tactics ait totalement disparu. Square Enix est une société immense, avec les moyens de conserver et d’archiver ses projets, surtout un titre qui a marqué son époque, et que des logiciels de gestion de version existaient déjà à l'époque (RCS ou CVS, des outils qui permettent de créer des versions incrémentales et donc des mises à jour). Pour moi, cette histoire de perte sert surtout d’excuse : elle permet d’expliquer pourquoi la version PSP (The War of the Lions) n’a pas été reprise, et de justifier en parallèle la sortie d’un portage vendu plus cher sous prétexte d’un « travail titanesque ». Je pense que le code de base existe toujours quelque part, mais que la communication officielle préfère accentuer la difficulté pour légitimer des choix économiques plutôt que techniques. « Nous utilisions toutes les ressources dont nous disposions. Nous avons analysé toutes ces différentes versions pour essayer de retrouver ce que nous considérions comme l’original, » a déclaré Maehiro. « En plus de cela, nous sommes même allés sur différents sites créés par des fans afin d’y chercher des données, parce que nous savons que vous faites un excellent travail pour tout tenir à jour. » Franchement, quand j’ai lu ça, j’ai eu l’impression que Square Enix s’enfonçait encore plus. Avouer qu’ils ont dû comparer des vieilles versions éparpillées et carrément fouiller les sites de fans pour reconstruire le jeu, ça ressemble plus à du bricolage qu’à une vraie méthode. On parle d’une boîte qui vaut des milliards et qui gère des licences mythiques, et pourtant ils finissent par s’appuyer sur le travail gratuit des communautés pour remettre de l’ordre dans leurs propres archives. Pour moi, ça ne sonne pas comme une fatalité technique, mais comme une excuse mal habile pour justifier un portage vendu au prix fort. Bref, à vous de vous faire votre propre avis.

À ses côtés, Delita Heiral. L’ami d’enfance, qui n’a pas grandi avec les mêmes privilèges. Sa vision est plus dure, plus pragmatique. Il comprend très vite les règles du jeu politique et il veut les retourner à son avantage. Ramza et Delita suivent deux routes différentes, pas toujours opposées, mais qui les empêchent de vraiment avancer ensemble : l’un agit avec son cœur, l’autre avec sa tête. L’un avec l’envie de rendre le monde plus équitable, l’autre avance avec les cicatrices laissées par la différence de castes.

Final Fantasy Tactics

Les autres personnages apportent chacun une nuance. Agrias, la chevaleresse, reste un repère de loyauté dans un monde instable. Mustadio, plus simple, apporte une touche humaine et inventive. Alma, la sœur de Ramza, incarne un soutien précieux au milieu du chaos. Quant aux frères Beoulve, ils posent la question du poids d’un héritage familial, entre honneur et contraintes. Et les actions, aussi cruelles soient-elles, ne sont pas toujours dictées par de mauvaises raisons.

Et c’est ce mélange qui fait la force de Tactics. On progresse dans une aventure où les combats au tour par tour sont solides et exigeants, mais où chaque personnage porte aussi un dilemme, une conviction. L’histoire se vit et se poursuit dans les choix, dans les idées, dans les rapports de force. Quand tu te rends compte que rien n’est tout à fait blanc, et que l’ami d’un jour peut devenir, plus tard, celui qui te portera le coup fatal.

Final Fantasy Tactics interroge ce qu’on appelle loyauté, justice ou pouvoir, et nous laisse réfléchir à la manière dont chacun choisit son propre chemin.

Final Fantasy Tactics ou les racines du RPG Tactique

Le premier constat frappe dès les premiers affrontements : Final Fantasy Tactics mise tout sur sa dimension stratégique. Le jeu se déroule sur une grille isométrique 3D. L’altitude et les obstacles changent la donne — attaquer depuis une pente haute ou prendre l’ennemi à revers inflige des dégâts supérieurs. Il faut sans cesse anticiper le positionnement de son équipe : un flanc découvert, un allié mal placé ou un couvert mal exploité, et l’ennemi peut vous punir.

L’autre pilier du gameplay, c’est le système de job très riche. Là encore on navigue avec émerveillement dans l’arbre de compétences : guerrier, mage, moine, voleur, et une dizaine d’autres, chacun avec ses propres capacités et armes autorisées. Le vrai charme vient de la progression croisée : vous pouvez apprendre des techniques en jouant guerrier, puis basculer en mage tout en conservant les compétences. Il n’est pas rare de faire devenir un chevalier un redoutable lanceur de sorts de soins, ou un moine qui balance du feu. Pour débloquer les jobs les plus puissants, le jeu vous incite à monter de nombreux métiers en parallèle. En bout de course on se retrouve avec des personnages sur-mesure.

Un troisième volet du gameplay concerne l’équipement et les objets. Chaque classe n’ayant pas accès aux mêmes armures ou armes, on passe son temps à optimiser l’équipement de tout le monde selon la situation. Les options proposent même la fonctionnalité d'équipement optimal qui, d’une pression de bouton, attribue les meilleurs bonus pour chaque type de personnage. Au final, on prend plaisir à fouiller les étals d’équipement en ville, à tester des combinaisons d’objets et à équiper chaque héros pour qu’il soit au mieux de sa forme selon le défi.

La version améliorée apporte enfin tout un tas de petits conforts qui rendent le tout plus facile d’accès. On peut désormais voir l’ordre de passage des personnages d’un bouton et même accélérer les animations de combat pour aller plus vite dans les échanges. Un système de combat automatique par unité qui permet de sélectionner un comportement à adopter. Un système de sauvegarde automatique pend votre progression évite les retours au menu, et surtout trois niveaux de difficulté adaptent le challenge. L’interface elle-même a été entièrement repensée : menus plus clairs, icônes explicites, informations de portée mieux affichées… tout cela rend le jeu original moins austère.

Ces ajustements (graphismes remis au goût du jour, doublage complet, texte français) permettent de replonger dans ce classique avec plus de confort sans édulcorer sa complexité. Bref, on retrouve le jeu d’origine dans ses tripes, mais débarrassé de ses irritants d’interface.

À vrai dire, le but est de superposer les jobs pour tous les débloquer. Les conditions sont très simples : pour chaque personnage, il faut atteindre un certain niveau de maîtrise dans un ou plusieurs jobs — ni plus, ni moins. En parallèle, les magasins voient leur inventaire s’étoffer au fur et à mesure de l’avancée dans l’histoire. Vous pourrez aussi écouter des rumeurs qui enrichissent le lore du jeu, ou envoyer certaines de vos unités en mission pour récupérer de l’expérience ainsi que des objets.

Pour la petite touche personnelle, rien dans ce Final Fantasy Tactics n’est réellement une surprise. Les bases du RPG tactique sont parfaitement maîtrisées, et elles me rappellent pourquoi j’aime tant le genre. Pourtant, quand on joue à des titres comme Fire Emblem ou Disgaea, on comprend vite que certains fans du genre peuvent rester sur leur faim. Triangle Strategy apportait des idées intéressantes — par exemple, le fait d’entourer un ennemi pour déclencher des attaques automatiques supplémentaires. De son côté, Fire Emblem mise sur les unités volantes, qui ajoutent une vraie profondeur au champ de bataille. Alors oui, le système de Final Fantasy Tactics excelle dans ce qu’il fait, mais face à la puissance des mécaniques d’un Unicorn Overlord, on ne peut que constater l’archaïsme d’un jeu qui, à l’époque, a sans doute mis une claque à beaucoup de fans de RPG… mais qui aujourd’hui peut sembler un peu léger.

Direction artistique inégale

La nouvelle direction artistique de Final Fantasy Tactics: The Ivalice Chronicles frappe d’abord par son respect du matériau d’origine — enfin, on y reviendra plus tard. Les sprites et les décors ont été polis sans trahir l’esthétique médiévale et rugueuse qui faisait l’identité du jeu. Les personnages gagnent en lisibilité, les animations paraissent plus fluides, et les effets visuels lors des sorts ou des attaques ont été légèrement retravailler pour donner un peu plus de dynamisme. On retrouve les assets de 1997, mais avec une patine un peu plus lisse qui rend l’ensemble plus acceptable, surtout pour ceux qui découvrent la série aujourd’hui.

Ce lifting affecte aussi l'interface utilisateur (ce qui est sans doute l'élément le plus simple à produire). Les menus, l’interface et même les portraits de personnages profitent d’une mise à jour plus claire, plus épurée, qui facilite la navigation. On sent que Square Enix a voulu faire redécouvrir l’univers d’Ivalice mais avec une optimisation de budget et d'effectif — pour un jeu proposé à 50 € c'est un peu un comble... Dois-je rappeler le prix de Clair Obscur à sa sortie ? Bref !

Le lissage global laisse aussi un goût de shader d’émulateur — ces fichus pixels arrondis et ces textures plates plaquées sur des modèles 3D. Je n’arrive pas à me défaire de l’idée que ça jure avec la nouvelle interface. Pourquoi ? Parce que les textes et les écrans sont en haute définition, avec des options qui respectent les standards actuels d’ergonomie.

Les animations ne sont pas en reste : elles sont travaillées et renforcent ce côté précieux, presque or et bois laqué — seulement quand on navigue dans les menus. Mais une fois en combat, on superpose ces éléments avec des graphismes vieillots qu’on tente de sauver comme on peut. Pour moi, c’est gênant, et j’assume cet avis : un jeu avec une telle qualité narrative et un gameplay aussi solide aurait mérité un traitement visuel à la hauteur, voire une refonte totale des graphismes, aussi bien en combat que dans les phases de narration.

Alors, convaincu ?

Pour conclure, et vous l’avez sans doute compris, j’ai adoré Final Fantasy Tactics: The Ivalice Chronicles. Au-delà de son gameplay simple mais riche en possibilités, et malgré des graphismes un peu austères, il abrite l’une des histoires les plus mémorables de la série. J’ai passé de très bons moments dessus, mais j’étais aussi content de l’avoir terminé. Non pas qu’il soit mauvais, loin de là, mais je n’ai pas ressenti tout l’engouement qu’on lui attribue, et ça reste bien sûr une appréciation personnelle. Enfin, je finirai là-dessus : cette version ne représente pas, selon moi, le traitement que le titre méritait… mais ça, c’est une autre histoire...

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8 Final Fantasy Tactics: The Ivalice Chronicles

  • Date de sortie (Japon) : 30/09/2025
  • Date de sortie (Europe) : 30/09/2025
  • Développeur : Square Enix
  • Éditeur : Square Enix
  • Genres : Tour par tour, Tactique
  • Consoles : PS5, Switch, PC, Series
  • Scénario 100%
  • Technique 60%
  • Gameplay 80%
  • Plaisir 80%
  • Histoire riche et mémorable
  • Système de jobs profond
  • Combats stratégiques exigeants
  • Personnages marquants et nuancés
  • Musiques épiques intemporelles
  • Graphismes datés et austères (hors interface utilisateur)
  • Manque des ajouts de The War of the Lions
Kuro
Kuro

✅ Créateur du média

✅ Amateur de culture pop, JRPG et retrogaming

✅ À l'âge de 38 ans, mon JRPG préféré demeure Chrono Trigger !

💔 RIP Akira Toriyama, tu resteras à jamais dans nos coeurs...

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