Calamity Angels: quand Idea Factory livre un concept original

Au début, Calamity Angels: Special Delivery, j’ai cru à une blague. À l’ère des mondes ouverts et des budgets colossaux, voilà qu’un studio japonais me propose de suivre une bande de livreurs dans un jeu de rôle. Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Je vais tenter d'en dessiner les premières lignes pour vous aiguillez, mais aussi pour comprendre, moi-même, la mouture.

Livreur, c'est le métier qui a pris des proportions gigantesques (un peu comme dans notre monde, avouons-le). Dans la région d’Orkotris, la guilde des livraisons centralise toutes les commandes et les confie à des équipes affiliées. Ces messagers doivent parcourir un monde envahi de monstres, franchir des murailles et survivre à des bandits... pour déposer... un paquet. Ce danger constant est d’ailleurs à l’origine du surnom de notre groupe : autrefois appelés Cutie Angels, ces courriers novices ont accumulé les ratés, livré des colis au mauvais endroit et semé la panique. Les habitants ont fini par les rebaptiser Calamity Angels, affectueusement. Leur cheffe se nomme Yuuri, et malgré son statut de débutante, elle rêve de faire de cette bande de misfits la meilleure équipe de la guilde.

Si la trame principale tient sur un post-it, l’univers laisse çà et là pas mal de subtilités. La ville principale vit sous la protection d’une énergie mystérieuse appelée Omoi Power, un pouvoir conféré par les dieux qui naît des émotions des êtres vivants. Cette énergie alimente les infrastructures, maintient des barrières anti-monstres et imprègne les paquets que vous devez transporter. Ces derniers contiennent donc une force vitale ; certaines créatures, les Omoikurai, se nourrissent de cette énergie. Si un colis perd toute son Omoi Power, il s’assombrit et tombe en morceaux, condamnant la livraison. L’ampleur de cette menace explique pourquoi les livraisons lointaines sont confiées à des escouades entraînées : les rues hors des remparts grouillent de bandits nommés Murtamars et de créatures féroces.

Mais concrètement, Calamity Angels, comment ça marche ?

Une journée typique commence par un passage au Bulletin Board, le tableau d’affichage de la guilde. C’est là que vous acceptez vos missions et découvrez les détails des commandes. Vous devez ensuite examiner chaque paquet, le remplir correctement et choisir le matériel nécessaire pour le voyage. Cette préparation reflète l’aspect logistique du jeu : si votre sac est mal organisé ou si vous négligez de prendre assez de potions et d’outils, vous risquez de vous retrouver démuni face à un monstre. Les récompenses à l’arrivée dépendent de la rapidité et de la qualité de votre travail ; plus vous livrez efficacement, plus la guilde vous gratifie. C’est un système qui fait doucement penser à Death Stranding dans les grandes lignes, le RPG mis à part.

Et comme si cela ne suffisait pas, vous devez aussi surveiller l’humeur de vos coéquipiers. Chaque membre a ses préférences et son caractère. S’ils se sentent délaissés ou stressés, ils peuvent refuser d’exécuter vos instructions en plein combat. Parfois, un courrier bougon déclenchera une attaque décisive ; une autre fois, il tournera les talons en ignorant vos ordres. Les missions se déroulent sur des cartes divisées en cases, façon plateau de jeu. Au début de chaque expédition, vous faites tourner une roulette qui détermine le nombre de cases que vous parcourrez. En chemin, vous pouvez tomber sur une boutique, sur un objet rare ou sur un boss — il faut vraiment avoir de la chance.

La progression est donc un mélange d’événements aléatoires et de stratégie : prenez-vous le risque d’avancer vite pour livrer avant la fin du décompte, ou explorez-vous les alentours pour obtenir des bonus et affronter des monstres supplémentaires ? Les livraisons sont estimées entre trois et cinq jours ouvrables ; un contretemps se paie cher…

Au cœur des affrontements, vous disposez d’un système de commandes qui vous permet de donner des ordres à chacun de vos livreurs. On choisit les compétences, on place ses personnages et on tente d’anticiper les réactions adverses. Mais contrairement à un tour par tour classique, l’équipe peut désobéir… Les développeurs ont voulu montrer que diriger des êtres humains est parfois plus complexe que de contrôler des soldats. Cette imprévisibilité, conjuguée aux coups du hasard de la roulette, place le joueur face à une situation presque réelle : « que feriez-vous si un de vos employés devenait soudain incontrôlable ? »

Calamity Angels ne serait pas le même sans son style visuel. Kei Nanameda, la dessinatrice de Mary Skelter et Death end re;Quest, a imaginé une galerie de personnages qui collent au délire de l'univers. Les sprites respirent la bonne humeur, les expressions sont variées et les costumes oscillent entre uniforme de livreur et équipement de combat improvisé. Et que dire si ce n'est que le résultat en est presque cartoonesque.

Bref, le 17 février 2026 est la nouvelle date de sortie chez nous, le jeu ayant été repoussé. Il sera disponible sur PS4, PS5 et Switch. C’est un style qu’il me tarde de découvrir : enfin un peu de changement dans le JRPG, même si, entendons-nous bien, cela reste une production à faible budget. Idea Factory nous a habitués à des jeux sincères mais généralement modestes. Cependant, nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise, compte tenu de l’originalité du concept.