Né en 1986, Dragon Quest a changé à jamais le visage du RPG japonais. Même si ce n’est pas le premier jeu de rôle fabriqué au Japon — on pense à The Black Onyx ou Dragon Slayer en 1984 —, le titre fut le précurseur du genre que nous connaissons aujourd’hui. Square Enix, avec le talent de monsieur Asano, a créé une esthétique qui changera à jamais l’histoire du genre : le HD-2D. La quintessence de cette technologie trouve son foyer de choix dans les deux premiers opus de la série Dragon Quest, avec des ajouts qui ne ternissent pas l’œuvre originale, mais qui, à leur manière, proposent quelque chose de rafraîchissant, de neuf. J’ai passé une cinquantaine d’heures sur ces deux opus sans vraiment m’en rendre compte. L’immersion y était, la nostalgie aussi. Mais cette réinvention fait-elle honneur aux racines du JRPG ? C’est précisément ce que nous allons voir dans ce test.
Elric, l'être de légende... et ses descendants
Grâce aux efforts héroïques d’Elric, l’être de légende, le Seigneur des Enfers fut vaincu et la paix revint sur le royaume d’Alefgard. Hélas, cette paix ne dura guère. Des profondeurs des ténèbres surgit le diabolique Lordragon, qui déchaîna sur le monde une horde de monstres semant la désolation. C’est alors à vous, descendant d’Elric, qu’incomba la lourde tâche d’éliminer les forces du mal et de venir en aide aux plus faibles.
Un jour, tandis qu’il dormait, le jeune héros entendit une voix mystérieuse lui lui murmure de sauver le monde et de se rendre à Tantegel. À son réveil, des cris et des fracas retentirent : des monstres attaquaient une troupe de soldats. Sans hésiter, il se précipita à leur secours. Après un combat acharné, les soldats, reconnaissants, l’interrogèrent sur son identité. Il leur révéla alors qu’il appartenait à la lignée d’Elric et leur confia le rêve étrange qui l’avait guidé jusqu’à eux. Convaincus de son destin hors du commun, les soldats décidèrent de l’escorter jusqu’à Tantegel. En chemin, ils lui parlèrent de la menace grandissante de Lordragon et lui indiquèrent l’emplacement de sa forteresse maudite.

Lorsque le jeune héros arriva enfin à Tantegel, il fut conduit devant le roi, qui vit en lui la lueur de l’espoir. Le monarque lui confia alors sa mission : se rendre à la grotte d’Elric et au Sanctuaire Diluvien, afin d’y découvrir les secrets nécessaires pour vaincre le mal. Sur ces paroles, le jeune sauveur du monde s’inclina devant son roi… et son épopée ne faisait que commencer.
Dragon Quest II prend place plusieurs générations après les événements du premier jeu. Les années passèrent, et certains descendants d’Elric quittèrent leurs terres pour fonder de nouveaux royaumes, à l’image de leurs ancêtres. Ainsi émergèrent trois nations gouvernées par les héritiers du héros légendaire. La première, et la plus ancienne, fut le royaume de Médiévande, baptisé d’après le château qu’Elric avait bâti pour son épouse. Vint ensuite le royaume de Cannock, une contrée paisible nichée entre montagnes brumeuses et forêts luxuriantes. Enfin naquit le royaume de Ruisselune, fondé par un descendant versé dans les arts magiques, terre d’accueil des sorciers venus du monde entier.

Mais la paix fut de courte durée : Ruisselune fut soudain attaqué par une armée de monstres. Le roi périt au combat, laissant sa fille unique orpheline de père et de mère. Le seul soldat ayant survécu au massacre entreprit un long voyage jusqu’à Médiévande pour annoncer la terrible nouvelle. À l’écoute de son récit, le roi convoqua son fils et lui révéla qu’une tragédie semblable avait autrefois frappé le monde : plusieurs décennies plus tôt, une armée de créatures avait ravagé les terres enneigées de Névéria, menée par le redoutable Kaos, autoproclamé Grand Prêtre. Craignant que l’histoire ne se répète, le roi chargea son fils de prévenir le souverain de Cannock et de se rendre à Ruisselune afin de constater l’ampleur du désastre. Ainsi commença la nouvelle épopée des descendants d’Elric, héritiers du courage et gardiens de la lumière.

Comme vous l’avez sans doute remarqué, on ne peut pas faire plus classique. Pourtant, l’histoire et sa structure narrative ont été modernisées avec une réelle finesse. On s’attache désormais aux personnages beaucoup plus facilement dans ces deux nouveaux titres. Dragon Quest a toujours su osciller entre légèreté et gravité, mais ici, on prend un véritable plaisir à suivre les aventures des descendants d’Elric, portées par une écriture plus humaine et nuancée. J’avoue avoir une préférence pour la princesse de Ruisselune : son personnage est étonnamment juste, écrit avec sensibilité, et l’on développe pour elle une véritable empathie grâce à sa personnalité et à son entourage — ses cousins et cousines — toujours bienveillants. Pour moi, c'est la véritable héroïne du deuxième opus.

Les deux jeux ajoutent également de nouvelles races : les fées et les nains pour le premier, tandis que les sirènes font leur apparition dans le second. De nouvelles petites histoires et quêtes viennent prolonger l’expérience, sans pour autant que l’on ressente de longueurs artificielles. De plus, de nouvelles lignes de dialogue, des flashbacks et une mise en scène qui rend justice au matériel d’origine — dans les limites de l’HD-2D — rendent la lecture de l’histoire ô combien plus digeste.
L'aventure est à nos portes
Le cœur du jeu reste fidèle à la formule classique du tour par tour, avec ses rencontres aléatoires et ses menus à l’ancienne. Pourtant, Square Enix a apporté plusieurs ajustements. Dans les deux jeux, on découvre un tout nouveau système de parchemins : des objets éparpillés à travers le monde qui permettent au héros d’apprendre des sorts ou des aptitudes. La race des fées apporte aussi une nouvelle fonctionnalité pour les combats : les sceaux. Grâce à ces objets magiques, vos attaques peuvent devenir plus puissantes et certains avantages vous sont offerts en combat, comme un gain de PM lors de la défense ou une transformation des compétences en versions plus puissantes selon le pourcentage de points de vie restants du personnage.

Dans Dragon Quest I, le héros affronte désormais plusieurs ennemis à la fois. De son côté, Dragon Quest II profite d’un groupe de quatre personnages — avec la Princesse de Cannock désormais jouable après une dizaine d'heures de jeu. Enfin, des QOL viennent faciliter la prise en main : on peut attribuer ses sorts favoris à des raccourcis, activer des indicateurs de faiblesse pour les ennemis, ou ajuster la vitesse des combats, affichages des points d'intérêt comme les coffres, les zones secrètes... En combat, nous avons toujours le menu Tactique emblématique de la série avec les scripts prédéfinis pour le comportement des personnages : Pas de PM, Sans pitié, Suivre les ordres...

Dans Dragon Quest II, à un certain stade de l’aventure, votre bateau pourra même visiter les fonds marins. Une fonctionnalité qui plaira sans doute aux grinders, vu la difficulté et l’expérience offertes par les monstres qui s’y cachent. En parallèle, des marqueurs sur la carte aident désormais à ne pas perdre les objectifs.
Globalement, l'expérience est pensée pour rendre l'aventure plus plaisante, mais pas plus facile. En effet, les combats peuvent s'avérer difficiles, le grind ne suffisant pas toujours à venir à bout des boss les plus féroces. Les deux remakes intègrent enfin plusieurs améliorations : sauvegarde automatique, redémarrage rapide après une défaite et options de difficulté ajustables. Le mode « Quête du Dragonnet » permet par exemple de rendre le jeu plus simple, avec des options comme l’invincibilité des personnages. Toutes ces options sont bien sûr facultatives, mais quand on débute dans le JRPG, ça permet de s'y plonger sans trop de frustration.
L'HD-2D à son paroxysme
La direction artistique adopte pleinement le style HD-2D. Ce mélange de sprites 2D et de décors tridimensionnels donne vie à un monde miniature à la fois rétro et somptueux. Les villages, les donjons et les plaines d’Alefgard profitent d’un nouvel éclairage, d’effets de particules subtils et de textures détaillées. Le résultat est saisissant : Dragon Quest I & II HD-2D Remake réussit à s'approprier l’esthétique d’origine tout en rendant la direction artistique plus proche des précédents épisodes — surtout dans son respect des ton et des couleurs.

Côté musique, Square Enix rend un véritable hommage à Kōichi Sugiyama. Ses thèmes emblématiques ont été réarrangés avec finesse par l’équipe actuelle qui a choisi de respecter l’esprit orchestral et la douceur mélodique de ses compositions. Les morceaux gagnent en ampleur, mais conservent cette touche nostalgique propre aux premiers épisodes.
Dragon Quest I & II HD-2D Remake — Évidemment !
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que je vous conseille cette réinterprétation des deux premiers épisodes. Car même si vous avez déjà fait les jeux sur d’anciens supports, ces versions sont véritablement des reliques historiques. Ce que j’ai aimé, c’est leur difficulté ! Vous allez peut-être trouver ça bizarre, mais ça m’a fait du bien de repartir farmer du monstre. Pas parce que j’y étais obligé, ni parce que les rencontres aléatoires sont affreusement nombreuses, mais simplement pour le plaisir de voir mes personnages monter en puissance. Les petits plaisirs qu’on retrouve avec un JRPG et que, bien souvent, les productions actuelles tentent de gommer sous couvert d’accessibilité. Il est difficile de trouver des défauts, tant la promesse n’est pas de transformer totalement le matériel d’origine, mais de l’inclure dans cette philosophie de la restauration, comme si l’on prenait le temps de dépoussiérer et de nettoyer une vieille toile. Bien sûr, le jeu reste empreint d’un certain archaïsme, mais l’enveloppe et l’ergonomie nous transportent dans le passé avec ce qu’il faut de rampe pour ne jamais nous faire trébucher.
Dragon Quest I & II HD-2D Remake
- Date de sortie (Japon) : 30/10/2025
- Date de sortie (Europe) : 30/10/2025
- Développeur : Square Enix
- Éditeur : Square Enix
- Genres : Tour par tour
- Consoles : PS5, Switch, PC, Series
- Scénario 70%
- Technique 100%
- Gameplay 80%
- Plaisir 90%
- Direction artistique HD-2D sublime
- Bande-son réarrangée respectueuse
- Améliorations QOL nombreuses
- Nouveaux contenus et quêtes
- Combat classique mieux rythmé
- Pics de difficulté
- Rencontres aléatoires trop nombreuses
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