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Suikoden I & II — Retour sur des projets révolutionnaires

1995, vous introduisez le jeu Suikoden sur votre belle PlayStation toute grise. Le jeu démarre et une mélodie des plus agréable prend place dans la pièce. Cependant, il ne faudra pas longtemps avant de vous voir plongés dans un conflit politique qui vous dépasse. Votre mission ? Rassembler une armée de 108 héros, chacun avec son propre rôle à jouer dans cette fresque dépeignant trahison et révolte. Trois ans plus tard, Suikoden II débarque avec fracas. Les enjeux montent d’un cran : des amitiés brisées, des batailles colossales, et une histoire où chaque décision semble peser sur le destin du monde. Ce n’est pas juste une suite : c’est une claque narrative ! Aujourd’hui, près de trois décennies plus tard, ces deux légendes du RPG reviennent dans des versions remasterisées. Une nouvelle chance de découvrir des œuvres qui ont marqué l’histoire du JRPG. Si vous avez déjà été ému par ces aventures, ou si vous en entendez parler pour la première fois, attendez-vous à vivre une expérience aussi vaste qu'intemporelle. C'est dit !

Avant-propos

Les remasters de Suikoden I & II, renommés pour l’occasion Suikoden I&II HD Remaster: Gate Rune and Dunan Unification Wars, marquent le retour d’une saga légendaire du JRPG. Prévus pour le 6 mars 2025, ces versions modernisées donnent une nouvelle vie à deux jeux qui ont profondément marqué leur époque.

Avec des graphismes retravaillés, des portraits de personnages redessinés et des décors restaurés avec soin, ces remasters vont bien au-delà d’un simple coup de peinture. Ils intègrent des ajouts pensés pour le confort des joueurs d’aujourd’hui : combats accélérés, effets sonores revisités et diverses optimisations sans jamais trahir l’essence des originaux. Ce dossier a été conçu pour plonger dans ce qui a fait de ces jeux des œuvres cultes.

Que vous soyez un ancien joueur qui connaît déjà les 108 étoiles de la destinée sur le bout des doigts, ou un curieux qui s’apprête à découvrir cet univers pour la première fois, ce dossier vous propose un voyage dans un monde où le passé et le futur se rencontrent.

Les liens amazon, que vous pouvez retrouver dans le texte, sont juste là à titre informatif si vous voulez étendre vos connaissances sur certains sujets. Ce n'est pas une collaboration commerciale.

Remerciement à Sadness pour ses ajouts et corrections.

Se faire une place parmis les plus grands

L’histoire de Suikoden débute en 1995, une année charnière pour l’industrie du JRPG, avec la sortie de Chrono Trigger et Dragon Quest VI. Le 15 décembre de cette année, au Japon, un jeu s’apprête à marquer les esprits : Suikoden, un JRPG qui n’a rien à envier aux titans du genre. Proposé par Konami, ce jeu se distingue de ses concurrents par une approche originale. Son scénario s'inspire directement de la culture chinoise, et plus précisément du roman Au Bord de l’Eau, qui raconte l’histoire de 108 brigands s'opposant à la corruption du pouvoir. Cette base narrative unique en fait une expérience bien différente, avec un grand nombre de personnages. Le joueur incarne un personnage plongé dans un monde dévasté par la guerre et les rébellions.

À sa sortie en Amérique du Nord en 1996, Suikoden parvient à séduire un public plus large. Cependant, sa sortie en Europe n’aura lieu qu’en 1997, bien après la vague de succès de ses homologues. Pourtant, malgré son arrivée tardive, le jeu réussit à étonner de nombreux joueurs, en grande partie grâce à son histoire et son énorme casting.

Trois ans après la sortie japonaise du premier titre, le 17 décembre 1998, Suikoden II voit le jour. Le succès critique et commercial de son prédécesseur permet à Konami d’accorder à l’équipe un budget bien plus conséquent pour la suite. Et ce n’est pas qu’une question de finances : l’équipe, qui reprend les rênes du projet, est bien décidée à donner une nouvelle dimension à l’histoire et à enrichir le gameplay. Le directeur, feu Yoshitaka Murayama, qui avait insufflé toute la passion et la profondeur du premier jeu, revient avec un objectif : pousser l’univers de Suikoden à son apogée. Le jeu est plus grand, plus ambitieux, et surtout, plus sombre. Les 108 étoiles de la destinée ne sont plus de simples personnages à recruter, mais des figures complexes, dont les destins sont inextricablement liés à l’intrigue principale, qui mêle trahisons, guerres civiles et luttes de pouvoir.

La bande-son, toujours confiée à Miki Higashino, se voit enrichie d’un groupe de compositeurs, et la musique prend une place encore plus importante dans cette suite.

Pour les joueurs internationaux, la sortie de Suikoden II fut quelque peu chaotique. Après sa sortie au Japon, le jeu traverse l’Amérique du Nord en 1999, mais les joueurs européens devront patienter jusqu’en 2000 pour pouvoir enfin y jouer. La réception est toutefois unanimement enthousiaste. Suikoden II ne se contente pas de reproduire les mécaniques du premier jeu, mais les affine, les approfondit. Les combats sont plus tactiques, les personnages plus profonds, et l’intrigue prend une tournure tragique, où la frontière entre le bien et le mal devient de plus en plus floue.

Au fil des années, Suikoden II deviendra un modèle pour de nombreux JRPG à venir, bien que son succès commercial n’ait pas été à la hauteur de son influence. Un héritage que les remasters de 2025 auront l’ambition de faire revivre, du moins pour ceux qu'Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes n'a pas su convaincre.

Les plus grands héros sont souvent les plus meurtris

Suikoden débute avec Tir McDohl, un jeune homme qui semble être à l’abri des tourments du monde, fils d’un général puissant de l’Empire de la Rune écarlate. À ses yeux, tout semble ordonné, régulé par la loi de l’Empire. Mais, très vite, la réalité éclate en morceaux. Tir, à la fois innocent et naïf, découvre la corruption qui ronge les fondations même de son royaume. C’est par une série de rencontres et de révélations brutales qu’il se rend compte de la vérité : son propre père, l’homme qu’il admirait tant, est impliqué dans des pratiques aussi abominables qu’illégales. Ce n’est pas un malheureux accident de parcours, mais bien un système pourri jusqu’à l’os, où l’ambition et la cruauté remplacent la justice. Cette prise de conscience déchire Tir, le forçant à abandonner sa vie tranquille et à se joindre à la Résistance.

Trois ans après la fin du premier jeu, Suikoden II raconte son histoire à travers les yeux de Riou. Ce dernier, comme Tir, est un jeune homme forgé par la guerre, mais sa vie est brisée par une trahison majeure. Ancien soldat de l’Empire de la Rune Écarlate, il se retrouve pris au piège dans un conflit dont il ne comprend pas encore toutes les implications. Trahi par ceux qu’il croyait être ses alliés, Riou s’enfuit, dévasté, avec son ami d’enfance Jowy et sa sœur adoptive Nanami. Ensemble, ils devront naviguer dans un monde de plus en plus sombre, où l’amitié se mêle à la rivalité et où la loyauté est mise à l’épreuve.

Alors qu’ils découvrent que le prince de Highland, Luca Blight, manipule les événements pour déclencher une guerre, ils échappent de justesse à une embuscade en sautant d’une cascade. Par la suite, Riou et Jowy rejoignent un groupe de mercenaires de la Ville-État de Muse, recevant chacun une rune légendaire opposée, un événement qui scellera sans doute des destins divergents pour les deux amis.

Dans ce nouvel opus, l’histoire de Riou et Jowy façonne une aventure où règnent vengeance et justice : un voyage sur le fil du rasoir, entre amitié et rivalité.

Dans les deux jeux, la guerre n’est pas un simple décor ; elle est le moteur de tout. Les personnages sont confrontés à des choix impossibles, à des dilemmes qui vont bien au-delà de la simple survie. Chaque étoile, chaque personnage recruté, chaque allié gagné représente un morceau de l’humanité retrouvée, une petite victoire contre la cruauté du monde.

La force de Suikoden réside dans sa capacité à rendre chaque personnage, aussi secondaire soit-il, essentiel à une cause commune. Il n’y a pas de héros parfait dans ces récits ; seulement des hommes et des femmes (ou autres créatures) qui font de leur mieux pour naviguer dans un monde qui semble de plus en plus hors de contrôle. Les sacrifices sont nombreux, et parfois, la victoire a un goût amer, car dans ce monde, même les plus grands héros sont souvent les plus meurtris.

Suikoden I & II — Un voyage entre profondeur et stratégie

L'attrait des Suikoden existe vraiment à travers l'équilibre qu'il réussit à maintenir entre stratégie, exploration et développement des personnages. Dès le début, on sent qu’il ne s'agit pas seulement de combattre des monstres, mais de tisser des liens avec des personnages et de gérer des ressources. C'est cette dimension humaine qui rend l'expérience de Suikoden si mémorable, et je vais essayer de vous faire ressentir un peu de cela en explorant les principaux systèmes de ces deux jeux, et en voyant comment ils ont évolué entre le premier et le deuxième opus.

Système principal — Le cœur de Suikoden — Le recrutement des 108 étoiles

L'un des aspects les plus marquants de Suikoden réside dans son système des 108 étoiles de la destinée. Ce n’est pas juste un moyen de remplir l’équipe de personnages, mais une véritable quête humaine.

suikoden

Dans Suikoden I, la quête des 108 étoiles sont l'essence même du jeu. Le recrutement ne se limite pas aux combattants, vous rencontrerez aussi des artisans, des commerçants ou même des guérisseurs. Chaque personnage apporte non seulement ses compétences, mais également son propre récit. Les 108 étoiles, au final, incarnent des partenaires de guerre : elles sont des vies, des parcours croisés, et des rêves partagés dans la lutte contre l’oppression.

Dans Suikoden II, ce système de recrutement est étendu. Bien que tous les personnages ne bénéficient pas d’un arc narratif complet, plusieurs d'entre eux ont des histoires personnelles qui s’entrelacent avec celle de Riou et des autres héros. Certains personnages déclenchent des quêtes secondaires qui offrent un aperçu de leur passé, de leurs motivations et de leur lien avec la guerre en cours.

Combat — Le tour par tour réinventé

Les combats dans Suikoden suivent un système au tour par tour classique, mais l’un des aspects les plus intéressants est la formation des groupes. Dans chaque bataille, le joueur peut gérer un groupe de six personnages. L’aspect stratégique de ce système réside dans la composition de l’équipe, la répartition des rôles et la manière dont les personnages interagissent entre eux. Si un groupe de six semble assez large pour offrir de multiples possibilités, c’est surtout dans les interactions entre les personnages qu’il faut voir la vraie richesse du système.

Les attaques en duo, en trio jusqu'au quatuor sont des combinaisons spéciales qui permettent de déclencher des attaques dévastatrices. Par ailleurs, chaque individu est capable d'utiliser des runes. Ces artéfacts magiques rendent la construction de vos équipes plus flexible. Certaines peuvent être défensives, d'autres offensives. L'emploi judicieux de ces runes peut être décisif dans le déroulement d'une bataille. Nous pouvons aussi rajouter le fait que certaines runes sont spécifiques à certains personnages et ne peuvent être dissociées. Parmi elles figurent les 27 runes véritables, comme la Rune du Dragon, propre à Milia, ou encore les deux Runes de la Destinée, qui appartiennent exclusivement à Jowy et Riou.

Gestion et évolution — Construire et protéger un bastion

Dans Suikoden, la gestion ne se limite pas qu'aux personnages. Le joueur développe et protège une forteresse qui sert de base à ses personnages. Cette dernière évolue au fur et à mesure que de nouveaux personnages sont recrutés. De plus, chaque étoile de la destinée contribue à la pérénité de ce hub, que ce soit par des améliorations – comme la création d'objets ou la gestion des stocks – ou par des ajouts liés aux éléments narratifs du jeu. La gestion de cette base est donc essentielle, tant d’un point de vue pratique que symbolique.

Suikoden ajoute aussi des systèmes de combat différents du tour par tour classique à travers des affrontements d'armées. Dans Suikoden I, les escadrons sont divisées en groupes d'attaque comprenant des bataillons de trois personnages, chacun appartenant à une catégorie (Charge, Archer, Magie) avec des interactions stratégiques entre elles. D'autres groupes, comme les Stratèges et les Ninjas, apportent des avantages tactiques. Un groupe spécial, les Chevaliers Dragon, est uniquement vulnérable aux Archers.

Dans Suikoden II, les armées sont organisées en bataillons répartis sur un champ de bataille tactique, avec des obstacles naturels. Chaque bataillon a un commandant et deux auxiliaires, et les commandants peuvent avoir des compétences spéciales. Les combats sont au tour par tour, où les unités se déplacent, attaquent ou se défendent. Les batailles sont résolues par la comparaison des valeurs d'attaque et de défense, et certaines unités peuvent subir des attaques critiques. Si le bataillon du héros est vaincu, la bataille est perdue.

Le Pixel Art de Suikoden — Une fusion d'influences culturelles

Les deux premiers Suikoden se démarquent par une direction artistique soignée, portée par un pixel art qui réussit à capturer l’essence des RPG traditionnels tout en offrant une identité visuelle intemporelle. Inspiré en grande partie par l’Asie de l’Est médiévale, notamment la Chine impériale, le jeu retranscrit cette influence à travers ses architectures et ses costumes traditionnels  de grande qualité de détails.

Les environnements de Suikoden, qu’il s’agisse de villes, de forteresses ou de paysages, prennent vie grâce à un pixel art particulièrement soigné. Là où de nombreux studios de l’époque tentaient de s’adapter à la 3D naissante, Suikoden a fait le choix audacieux de rester dans la 2D, mettant en avant une maîtrise impressionnante du pixel art pour exploiter au mieux les capacités de la PlayStation. Cette décision donne au jeu une esthétique intemporelle qui continue de séduire les joueurs aujourd’hui.

En parallèle, le jeu intègre aussi des influences européennes et fantastiques. Certains uniformes militaires et bâtiments rappellent l’Europe médiévale, tandis que les personnages, souvent ornés de détails sophistiqués, portent la signature de l’art fantastique japonais. Les designs de Junko Kawano dans le premier opus témoignent particulièrement de cette richesse culturelle : chaque personnage, qu’il soit marchand, artisan ou général, arrive à se différencier par des traits et une tenue qui l'inscrivent dans l’histoire. Ce soin apporté à chaque détail est dépeint par le pixel art, qui permet une expressivité remarquable grâce à des animations subtiles et des palettes de couleurs nuancées.

Dans Suikoden I et II, le pixel art dépasse le simple rôle de support visuel : il devient un vecteur narratif. Chaque lieu, qu’il s’agisse d’une échoppe modeste ou d’une imposante forteresse, regorge de détails qui donnent l’impression d’un monde vibrant et habité. Les combats ne sont pas en reste, profitant d’animations soignées et d’effets visuels qui donnent du relief aux attaques spéciales et aux sorts. Ce travail minutieux, combiné à ses influences culturelles, forge une identité visuelle forte et mémorable.

Heureusement, l'attente n'est plus très longue

Les remasters HD de Suikoden I & II arriveront le 6 mars 2025 sur toutes les plateformes. Il me tarde de mettre les mains sur ces jeux que je n'ai pas eu l'occasion de découvrir à l'époque. L'écriture de ce dossier m'a beaucoup appris sur la licence. En réalité, je n'ai pas été conquis par ce que proposait Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes. Maintenant, je comprends les fondements d'une telle licence et je peux percevoir sous un meilleur jour son héritage.

Quoi qu'il en soit, d'après les dires de notre bon Sadnessqui ne se trompe que très rarement sur la qualité d'un titre – j'ai de bons espoirs pour la découverte des deux premiers opus de la franchise, en gardant à l’esprit qu’ils forment un tout indissociable. Et vous, qu'en pensez-vous ? L'espace commentaire est à vous, ainsi que celui de nos réseaux sociaux !

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Kuro
Kuro

✅ Créateur du média

✅ Amateur de culture pop, JRPG et retrogaming

✅ À l'âge de 38 ans, mon JRPG préféré demeure Chrono Trigger !

💔 RIP Akira Toriyama, tu resteras à jamais dans nos coeurs...

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2 commentaires

  1. Quelques fautes dans le dossier :
    "Le jeu démarre par une mélodie des plus agréable prend place dans la pièce. "
    Je mettrais "et" à la place de "par" ou il faut refaire la phrase.

    "L’histoire de Suikoden débute en 1995, une année charnière pour l’industrie le JRPG"
    du JRPG.

    "Trois après la sortie japonaise du premier titre," Trois ans

    Voilà. Sinon bon dossier.

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