Test de Warriors: Abyss – Koei Tecmo nous joue la Hadès-style

Sorti le 13 février 2025, pendant la nuit du PlayStation State of Play où il était annoncé, le roguelite des créateurs des séries "musou" bien connues, Warriors: Abyss, nous a pris par surprise. Restait à savoir de quoi il s'agissait exactement. En effet, avec l'arrivée des clones de Vampire Survivor qui prennent une grande part de marché des jeux à l'appellation roguelite, nous avions été surpris de voir ce style accolé au nom "Warriors". Il allait s'avérer que ce jeu ne faisait pas partie de cette masse. C'est donc dans un titre qui tient bien plus de la pépite de Supergiant Games que je vous invite à me suivre.

Ce test fut réalisé grâce au noble concours de Koei Tecmo sur PC.

Warriors: Abyss — De quelles abysses parlons-nous ?

L'histoire de Warriors: Abyss, bien que simple prétexte pour nous faire enchaîner les combats, nous amène à pénétrer en Enfer (tiens, tiens…). Le roi de ce royaume, Enma, nous a convoqués pour l’aider à arracher son territoire des mains de Goma, une sinistre âme venue des tréfonds des enfers, qui a décidé de le renverser. Enma, affaibli, a recours à une tradition des anciens rois de l’Enfer : faire appel aux âmes des héros vivants pour obtenir de l’aide. Vous êtes l’une de ces âmes vivantes qui va l’accompagner dans la reconquête de son domaine.

Vous aurez la possibilité de prendre les commandes des héros légendaires des séries Dynasty Warriors/Samurai Warriors, ainsi que la capacité d’en invoquer. Vous voilà parti sur les routes des contrées infernales afin de contrecarrer le démon Goma. Rien de tonitruant à l’horizon : pas de surprise, pas de retournement de situation. Un scénario de jeu d’action des plus standards.

À sauver, les apparitions sporadiques d’Enma. Dans un style manga bien maîtrisé, il viendra ponctuer l’aventure de ses interventions. Ces dialogues simples pourront parfois provoquer un sourire, en fonction des choix que vous aurez faits.

Manette en main, qu’est-ce que ça dit ?

Tout d’abord, les contrôles. Ici, rien de neuf : c’est un musou classique, à la Dynasty Warriors/Samurai Warriors. Attaque normale, attaque chargée, attaque Musou et une esquive sous forme de dash. Rien d’exubérant. Sur ces bases solides, les développeurs construisent leur expérience de jeu roguelite.

L’Enfer est découpé en quatre zones. Chaque zone est divisée en sept champs de bataille classiques et un combat de boss. Vous parcourez ce monde en incarnant un héros de votre choix parmi la sélection disponible. Choisissez votre personnage et partez au combat. Chaque bataille, à l’exception des combats de boss, consiste à éliminer des ennemis de base, parfois plus coriaces en fonction des missions et événements spéciaux.

À la fin de chaque bataille, vous aurez la possibilité de nouer une alliance avec un autre héros parmi les 100 disponibles à l’heure actuelle, avant de choisir votre prochaine bataille. Le héros ajouté à votre groupe (affiché en bas de l’écran) vous apportera des bonus de statistiques améliorant votre puissance générale, ainsi que la possibilité de l’invoquer. L’invocation se déclenche via des enchaînements d’attaques normales et chargées : une fois appelé, le héros exécute une attaque puissante avant de disparaître du champ de bataille. Il faudra attendre plusieurs dizaines de secondes avant de pouvoir l’invoquer à nouveau. Vous pourrez avoir jusqu’à six héros actifs dans votre groupe, mais pourrez continuer à en recruter à chaque opportunité. Libre à vous ensuite d’organiser votre équipe comme bon vous semble pour obtenir la meilleure composition possible.

Les combats de boss se déroulent dans des arènes spécifiques. Le but est d’utiliser vos attaques et vos compagnons pour briser la "barrière" de l’ennemi (une sorte de super armure). Une fois celle-ci détruite, il faut enchaîner avec votre attaque la plus puissante : l’attaque Union, qui fait intervenir simultanément tous les membres de votre groupe pour infliger un maximum de dégâts en un minimum de temps. Attention, la "barrière" du boss se régénère complètement après quelques secondes. Il faudra donc répéter l’opération plusieurs fois tout en évitant de mourir.

Les boss utilisent des séquences d’attaques reconnaissables. L’apprentissage de leurs patterns est essentiel pour survivre. Si vous mourrez, peu importe votre progression, vous recommencez depuis le début. Toutefois, vous rapporterez de votre périple des Braises Karmiques, qui vous permettront de débloquer de nouveaux héros ou des bonus dans les Salles des âmes liées. Rien de bien original ou novateur : remplacez les héros par des bonus offerts par des dieux du panthéon, et vous obtenez une formule très proche de Hades.

Et pourtant…

Choisir son personnage dans la liste impressionnante de Warriors: Abyss fait plaisir. Chercher des noms connus (Cao Cao, mon gars sûr…), analyser leurs forces et faiblesses, espérer qu'ils soient dans un état de bonus (aléatoire et permettant d'augmenter le nombre de Braises Karmiques qui reviendront avec nous des terres infernales) enclenche la réflexion avant l'action brute.

• Quelles sont ses statistiques (points de vie, puissance, défense et vitesse) ? A-t-il des avantages sur ses emblèmes ?
• Sur les emblèmes de capacité comme la vigueur, le talent, la force, la vitesse, la sagesse ou le charme ?
• Sur ceux d'attributs qui définiront les dégâts de flamme, de glace, de foudre, de vent ou de déchirure ? Quels en sont les effets ?
• En parlant des emblèmes, ce héros fait-il partie des Tokugawa, des Wei, des Shu, des Cinq Tigres des Shu même, peut-être ?
• Est-il un général courageux, un général en chef, un souverain, un stratège, un maître archer ou encore une fleur de bataille ? Et quel héros débloquer ?
• Économiser pour débloquer ce héros majeur qui permettra d'avoir des bonus de niveau, ou alors avoir plus de Braises dès le départ de l'avenue ?

Ce sont autant de paramètres qui influenceront les choix et le déroulement des parties successives dans lesquelles vous vous lancerez. Parce que oui, il va falloir en jouer pour tout débloquer : héros, bonus, formations (comment arranger vos héros afin d'obtenir encore plus de bonus). N'oublions pas les succès, les records, les armes uniques et les morceaux de lore sous forme de journal que vous pourrez aussi débloquer. Les spécificités du musou fonctionnent bien avec les contraintes du roguelite. Bien vu, Koei Tecmo !

Mais à l’oeil, Warriors: Abyss ça donne quoi ?

La direction artistique est connue. Il n'y a rien de nouveau dans le design des héros ou des adversaires. La qualité est en dessous de ce que peut montrer son grand frère Dynasty Warriors Origins. Et c'est bien normal. On pourrait aisément le comparer à un Diablo 2 Resurrected. La caméra, positionnée plus ou moins au même angle, les hordes d'adversaires qui se ruent à l'attaque, les effets visuels qui remplissent l'écran… il n'était pas nécessaire d'aller plus loin dans le détail. Les environnements sont génériques et plutôt vides, mais encore une fois, le studio ne pouvait pas se permettre de remplir les aires d'environnement, par exemple. Il y avait bien des petits détails qui auraient pu faire ressentir une ambiance, comme des bordures non franchissables ou des effets sonores appropriés.

Ni les ennemis ni les environnements ne possèdent d'identité propre. Il n'y a rien de vraiment démoniaque ou infernal, si ce n'est peut-être les boss. Il y a bien certains ennemis qui sortent du lot, mais ils ont l'air d'avoir été collés là parce que "c'est l'Enfer, après tout". En ce qui concerne les attaques chargées des ennemis de base et des boss, le même problème se pose. Si les aires d'effet sont bien délimitées dans l'espace, elles sont toutes représentées dans le même mauve standard. Nous les voyons, nous savons ce que nous avons à faire, mais sans plus. Je comprends que la lisibilité de l'action à l'écran est un critère de qualité, surtout dans un jeu à l'ADN en partie musou. L'action est lisible, mais au détriment d'une ambiance qui aurait pu être amenée par des petits détails comme les bordures non franchissables ou des effets sonores appropriés.

Au niveau des ennemis de base, c'est la même chose. Personne ne demandait un bestiaire de plusieurs centaines de démons tous différents. Mais juste une petite passe sur les modèles aurait été bienvenue pour nous faire comprendre que ce n'est pas l'ennemi standard numéro 2643, mais plutôt un guerrier qui arpente ces contrées infernales. C'est dommage, parce que ces petits détails, mis bout à bout, finissent par donner à ce jeu une image de travail vite mis en boîte. Pas d'inachevé, soyons clairs. Mais un jeu sans effort conséquent.

Il se fait tard

À l'heure où j'écris ces lignes, Dynasty Warriors Origins est sorti depuis un mois seulement. Je me demande ce qu'il s'est passé. Le studio Koei Tecmo a-t-il voulu simplement, et sans trop d'investissement, tremper l'orteil dans un style légèrement différent pour vérifier si son public allait être séduit ? Était-ce un projet complet qui n'a pas pu bénéficier de toute l'attention des équipes à cause du développement de Dynasty Warriors Origins ? S'agissait-il de recycler un système de jeu prêt à l'emploi mais abandonné pour diverses raisons ? Ou encore de recycler des assets plus anciens pour faire une dernière entrée dans la compta de 2024, voire de début 2025 ? Ou peut-être de tout en même temps, qui sait…

Quoi qu'il en soit, je ne peux pas nier le plaisir que j'ai pris. Hadès, premier du nom, m'avait embarqué de la même manière à son époque. Les systèmes de la composante roguelite sont bien pensés et efficaces. Le jeu est maniable, la difficulté est bien gérée, les grands héros au rendez-vous. Il sera efficace pour ceux qui sont habitués à ces formules et qui ne font pas une fixation sur la beauté graphique. Mais pour ceux qui ne sont pas adeptes des concepts musou et roguelite, vraiment, passez votre chemin...

Warriors: Abyss est disponible sur PS5, PS4, Switch, Xbox One, Xbox Series X|S et PC.