Candidat de substitution à Skyrim, Avowed était perçu, dès la diffusion de sa première bande-annonce, comme un "Skyrim Killer". Le studio Obsidian Entertainment, bien connu pour le titre Pillars of Eternity, a donc entrepris de créer un jeu reprenant les codes du genre, tout en affirmant sa propre identité et en conservant l’attrait si particulier du monde d’Eora. Bien sûr, on pourrait déjà sanctionner le titre, notamment en raison du bashing médiatique qui l’accuse d’être un jeu purement wokiste, mais ne serait-ce pas un jugement un peu hâtif ? Avowed possède-t-il des atouts lui permettant de s’imposer comme un bon jeu sur la scène du RPG ? C’est ce que nous allons tenter de déterminer à travers ce test.
Avant de véritablement entrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que je ne suis pas un grand fervent des RPG occidentaux. Je ne m’y suis mis que récemment grâce à de grands titres comme Pillars of Eternity ou Divinity: Original Sin II. Je n’ai que très peu joué à Skyrim, n’ayant pas eu le déclic à sa sortie. Je suis donc en terrain peu connu, avec un regard neuf sur le genre, ce qui peut apporter une perspective originale sur cet A-RPG.
Une histoire simple, mais efficace
Obsidian Entertainment est un studio reconnu pour son écriture soignée et sa capacité à créer des histoires intéressantes. Cela a pour effet de garder les joueurs en haleine pendant de longues heures sans les ennuyer. Disons-le d’emblée : Avowed est un jeu très bavard. Cela ne m’a pas gêné, car je suis habitué à jouer à des titres riches en dialogues, avec une quantité impressionnante de textes à lire, à écouter, et un lore détaillé à découvrir.
Avowed plonge le joueur dans une aventure où une mystérieuse épidémie ravage les Terres vivantes. En tant qu’émissaire d’Aedyr, vous devez enquêter sur cette crise et découvrir son origine. Votre quête vous mène à explorer le Malrêve, un fléau qui touche les hommes, les animaux et même la terre. Ses symptômes sont redoutables : confusion, hallucinations, puis un comportement erratique, comme si les victimes étaient prisonnières d’un cauchemar éveillé. Lorsque le mal atteint son stade ultime, il transforme les victimes en onilotes, des créatures violentes et déformées, envahies par des excroissances fongiques, jusqu’à la perte totale de leur esprit et de leur âme.
Comme mentionné plus tôt, vous incarnez non seulement un émissaire, mais aussi un être divin. Vous êtes une entité d’une puissance exceptionnelle, souvent liée aux dieux du panthéon d’Eora. Dans Avowed, les êtres divins font figure de menace, car leur existence perturbe l’ordre établi et suscite la méfiance. De plus, leur apparence diffère de celle des humains : cornes en bois, champignons sur la tête ou autres caractéristiques uniques. Ce contraste met en lumière un thème important du jeu : la différence. Il ne s’agit pas de différences liées au "genre", mais de diversité physique, de couleurs et d’apparences.
Le récit se suit facilement et il n’est pas nécessaire d’avoir joué à Pillars of Eternity pour comprendre les enjeux. Le monde d’Eora est riche, et le jeu vidéo réussit à maintenir cette cohérence grâce aux dialogues, à son ambiance et aux nombreux écrits à découvrir tout au long de l’aventure.
Cela dit, soyons francs : ce n’est pas l’histoire qui m’a tenu en haleine. Non pas qu’elle soit inintéressante, mais le jeu a bien plus à offrir que son récit, malgré quelques lacunes visibles dès les premières minutes de jeu.
Avowed, en retard sur certains aspects !
Avowed ne peut pas se vanter d’être un titre de nouvelle génération. Certes, le jeu est beau et propose parfois des panoramas agréables, mais il semble plutôt appartenir à une époque d’il y a dix ans selon bien des aspects. L’une des choses les plus frappantes est sans doute l’inertie de certains PNJ. J’ai l’habitude de voir cela dans les J-RPG, mais dans ce type de RPG, l’immersion doit être totale, surtout quand on joue un personnage à la troisième personne. Les PNJ répètent sans cesse les mêmes répliques et effectuent les mêmes allers-retours.
Si l’on parle de la direction artistique, qui ne plaira peut-être pas à tout le monde en raison de son côté très flashy, l’ensemble reste cohérent. On prend plaisir à explorer les différents biomes du jeu, grâce à un level design bien maîtrisé. Il est évident que le titre a été conçu pour séduire un large public. Cependant, on peut le voir sur les réseaux sociaux, le jeu divise.
Certains détracteurs pointent aussi l’absence apparente de cycle jour/nuit. Cette fonctionnalité existe bel et bien et est très bien intégrée, sans se limiter au campement.
En revanche, une chose que l’on ne peut pas reprocher au jeu, c’est sa musique. Bien qu’elle ne soit pas exceptionnelle, elle accompagne parfaitement l’ambiance du jeu et nous plonge réellement dans le monde d’Eora. Quant au casting vocal, il n’y a rien à redire. Les acteurs qui ont prêté leurs voix aux différents personnages on fait du bon travail même si on aurait apprécié un casting français.
En somme, Avowed, sur le plan technique, oscille entre le bon et le moins bon. Même s’il a fait l’impasse sur le concept d’open-world pour nous offrir des biomes cohérents, le tout reste en deçà de ce qu'on pourrait attendre du studio.
Un gameplay rigide mais immersif
Création et évolution dans Avowed
Au début de l’aventure, vous pourrez créer votre personnage en choisissant, en plus des options de personnalisation comme la coiffure, les atouts divins et divers maquillages ou tatouages, un archétype. Ce choix influencera non seulement les réponses que vous pourrez donner, mais aussi vos caractéristiques de départ. Certains archétypes seront plus axés sur le combat au corps à corps, tandis que d’autres privilégieront la magie.
Pour ma part, j’ai opté pour une approche de rôdeur en intégrant un grimoire à mon arsenal. Cela m’a permis d’être efficace aussi bien en magie qu’avec les armes à feu, au lieu de me limiter uniquement à l’arc. À chaque montée de niveau, vous pourrez renforcer votre intelligence, votre force ou votre endurance selon les points que vous souhaitez attribuer. Ceux-ci peuvent également aussi débloquer divers passifs ou techniques issus de toutes les branches. En somme, vous pouvez façonner votre personnage comme bon vous semble et ainsi varier le gameplay à chaque partie.
Une particularité appréciable d’Avowed est la possibilité de réattribuer ses caractéristiques et points de compétence à volonté, moyennant une certaine somme d’argent. Comme mentionné plus haut, vous avez une grande liberté dans le choix des armes : épées à deux mains, dagues, baguettes, grimoires ou encore armes à feu, offrant ainsi un gameplay varié et adaptable selon vos préférences.
Les compagnons, comme Kai, disposent eux aussi de points de compétence que vous pouvez allouer à votre guise. Toutefois, il n’est pas possible de transformer un combattant en un puissant mage. Chaque personnage secondaire possède son propre archétype : certains sont spécialisés dans les combats à distance, tandis que d’autres excellent dans les soins et les affaiblissements.
Au final, le système de spécialisation est bien pensé et permet de modeler son style de jeu selon ses envies. Même si les options de personnalisation esthétique du personnage restent limitées, la possibilité d’utiliser la transmogrification des armures compense en partie ce manque. On ne peut que saluer le travail d’Obsidian sur cet aspect du jeu.
Baston rigide !
Avowed est un jeu d'action se jouant à la première personne, mais peut parfaitement se jouer à la troisième (même si je n'ai pas apprécié ce mode) . Vous disposez d’une barre de vie, d’une jauge d’essence (permettant d’utiliser des sorts et des techniques) et d’une barre d’endurance. Lors des affrontements, vous pourrez attaquer, parer, bloquer les coups avec un bouclier si vous en avez un, mais aussi esquiver. La prise en main est assez intuitive et, une fois votre personnage personnalisé à votre goût, les combats deviennent vraiment intéressants. De plus, en utilisant certaines armes ou sorts élémentaires, vous pourrez geler, étourdir ou électrocuter vos adversaires.
Vous avez également la possibilité d’utiliser divers objets en combat, comme des potions ou des bombes. C'est une alternative aux sorts pour ceux qui préfèrent une approche plus physique. Avowed offre une grande liberté dans la personnalisation de votre style de jeu.
Vous ne serez pas seul face aux dangers : vos compagnons vous prêteront main-forte lors des affrontements. Cependant, il est impossible de modifier leur équipement ou de leur donner des ordres précis. Vous pourrez seulement leur demander d’activer certaines compétences, comme soigner un allié ou enflammer un ennemi. J’ai toutefois trouvé leur intelligence artificielle perfectible, surtout lors de combats impliquant plusieurs adversaires ou contre certains boss. Kai, par exemple, a souvent foncé tête baissée dans la mêlée pour rien, ce qui l’a conduit à mourir à plusieurs reprises. Étant donné que mon personnage n’était pas taillé pour encaisser les coups, je devais constamment trouver un moyen de le ranimer.
On pourrait reprocher un certain manque de dynamisme dans certaines actions, mais cela apporte une dimension plus réaliste aux combats. Chaque sort nécessite un temps d’incantation. Manier une arme à deux mains demande plus de temps qu’une dague. Porter une armure lourde réduit l’endurance disponible pour les affrontements.
Un mot sur la difficulté du jeu : personnellement, je l’ai trouvée assez relevée, notamment lorsque plusieurs ennemis attaquent en même temps. Jouant en mode difificile, il a fallu bien me préparer avant chaque affrontement. Cela oblige à faire évoluer son équipement, améliorer ses compétences et éviter de foncer tête baissée, sous peine de mauvaises surprises.
Exploration, quêtes & compagnies
Obsidian a choisi de ne pas proposer un open-world. Vous évoluerez donc dans différentes zones, plus ou moins vastes, et l’exploration occupera une place importante. À titre d’exemple, j’ai passé une quinzaine d’heures à fouiller entièrement la première région, sans recourir à aucune aide ou solution.
Que trouve-t-on dans ces environnements ? Des campements où vous pourrez vous reposer et discuter avec vos compagnons. Des balises servant de points de téléportation mais aussi des quêtes. Des cavernes peuplées de créatures hostiles et surtout… de nombreux coffres ! Un détail appréciable : un léger signal sonore indique la présence d’un trésor à proximité, ce qui encourage à explorer chaque recoin. En dehors de cela, certaines zones cachent également des lieux d’intérêt où vous pourrez récupérer divers objets ou accomplir des missions.
Concernant les quêtes, elles se divisent en plusieurs catégories : la trame principale, les quêtes secondaires, les contrats de chasse et les chasses aux trésors. Chacune joue un rôle précis. L’histoire principale fait progresser l’intrigue, tandis que les missions secondaires permettent d’approfondir la connaissance du monde et de ses habitants. Les contrats consistent à éliminer des adversaires désignés, tandis que les chasses aux trésors offrent un défi original : seule une illustration du lieu sert d’indice pour localiser la cachette.
L’un des aspects intéressants est la liberté laissée dans la résolution des quêtes. Il est souvent possible d’opter pour différentes approches : le combat n’est pas toujours la seule issue, et vos décisions auront parfois des conséquences. Certaines missions peuvent devenir inaccessibles si vous avancez trop dans l’histoire ou prenez des décisions allant à l’encontre d’autres objectifs. Il m’est ainsi arrivé de ne plus pouvoir achever une quête parce que mes choix avaient modifié le déroulement du jeu.
Dans votre campement, plusieurs interactions sont possibles. Vous pourrez vous soigner, approfondir vos relations avec vos compagnons et améliorer votre équipement grâce à la forge. Les objets trouvés ou achetés au fil de vos voyages pourront être renforcés ou enchantés. L’un des éléments les plus importants du camp est le système de Totems. Ces artefacts, fragmentés en plusieurs morceaux disséminés dans le monde, octroient des bonus permanents une fois reconstitués. Explorer minutieusement chaque zone pour les retrouver s’avère donc essentiel. Une carte avec quelques indications est disponible chez certains marchands pour faciliter cette tâche.
L’exploration dans Avowed est très plaisante et laisse une grande liberté. Si vous préférez une immersion totale, vous pouvez désactiver certaines aides comme la boussole ou la mini-carte qui indiquent les objectifs et les objets importants. C’est toujours gratifiant de tomber sur une grotte au détour d’un chemin, d’y entrer, d’en explorer chaque recoin et d’en ressortir les poches pleines d’or… et peut-être même avec une arme unique en prime.
Avowed, pas si mauvais que ça ?
Alors, qu’ai-je vraiment pensé d’Avowed ? Après ce test et ces quarante heures passées sur ce titre, j’ai longtemps hésité à déterminer s’il s’agissait d’un bon jeu ou d’un mauvais jeu. J’ai pris le temps de réfléchir, de regarder des vidéos et des tests d’autres personnes sans vouloir dénaturer mon propre jugement.
Certes, le jeu présente de grandes lacunes : sa rigidité en combat, son côté un peu trop old-school concernant les personnages, et son aspect ultra-flashy qui ne plaira pas à tout le monde. Pourtant, si l’on parvient à jouer à un jeu, même dans le cadre d’un test, et à le terminer, on ne peut pas dire qu’on ne l’a pas apprécié. Qui serait assez fou pour passer quarante heures sur un jeu complètement nul ?
Bref, Avowed a été une bouffée d’air frais pour moi. J’ai vraiment apprécié explorer Eora, notamment grâce à son gameplay rigide mais parfaitement maîtrisé. Les choix ont un réel impact sur le monde qui nous entoure et c'est un vrai plus. Son exploration est simple mais remarquablement efficace. Un autre aspect très positif pour moi est son système de classe et de progression ultra-flexible, qui permet de jouer à sa manière, par exemple avec un pistolet et un grimoire comme armes.
Faites-vous donc votre propre avis sur Avowed. Vous le détesterez peut-être, ou vous passerez, comme moi, un bon moment. Après tout, c’est tout ce qu’on demande à un jeu vidéo.
Jeux liés à cet article
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Avowed
- Date de sortie (japon) : 18/02/2025
- Date de sortie (Europe) : 18/02/2025
- Développeur : Obsidian Entertainment
- Éditeur : Xbox Game Studios
- Genres : Action
- Consoles : PC, Series
- Scénario 65%
- Technique 65%
- Gameplay 70%
- Plaisir 70%
- Un gameplay rigide mais prenant
- Des biomes cohérents
- L'exploration
- Pas de VF
- Des animations rigides
- Techniquement en deçà des standards