Sorti le 22 mars 2024 sur PS5, le titre de Team Ninja — édité par Koei Tecmo — n’a pas commencé sa vie dans la simplicité. Tout au mieux noté dans la moyenne haute et souvent décrié par la communauté, le titre était montré du doigt pour son manque flagrant de graphismes "New Gen". Annoncé par les créateurs de Nioh et Wo Long comme un de leurs jeux les plus ambitieux, les joueurs ne répondirent pas à leur appel. Ajoutant aux graphismes datés un système de quête vieillot pour continuer d’enterrer Rise of the Ronin, les critiques fusèrent. Qu’en était-il vraiment ? Avec l’arrivée de ce portage PC, il fallait que j’en aie le cœur net. Et la surprise allait être au menu…
Rise of the Ronin — Des débuts difficiles
C’était ça le plus compliqué. Accorder du crédit à un jeu que beaucoup taxaient de différents noms. Et des noms d’oiseaux, vous l’aurez compris. Le bougre commençait avec un passif et les premières heures de jeu n’allaient pas aider. Ce qui sautait aux yeux, c’était clairement les graphismes. Pas atroces, mais dignes d’une PS4 début de génération. Je pouvais aisément comprendre la colère des joueurs ayant dépensé leur argent durement gagné pour se procurer la galette. À plus de 80 euros, la pilule devait mal passer, c’était certain.
Ici, la version PC n’allait pas aider non plus. Les graphismes ne sont pas meilleurs — c’est un portage sans plus... Heureusement pour moi, je ne juge pas un livre à sa couverture. Et les graphismes ne sont pas hideux, juste techniquement datés.
Je m'arrête ici pour faire une petite remarque. Quand le menu de création des lames jumelles est lancé, le modèle standard du personnage masculin est assez reconnaissable. Vous pourrez ajuster le personnage à votre guise, masculin ou féminin, pour n'importe laquelle de vos lames jumelles. Mais le modèle de base ressemble comme deux gouttes d'eau à l'acteur nippon Hiroyuki Sanada. Le nom ne vous dit peut-être rien, mais le monsieur a joué dans quelques films : John Wick 4, le remake de Mortal Kombat, Bullet Train, Army of the Dead, 47 Ronin, Avengers: Endgame — il a aussi joué dans Bioman et San Ku Kaï, ce qui fait de lui certainement le meilleur acteur de l'univers. Et bien sûr, il a tenu un second rôle marquant dans The Last Samouraï, le film avec Tom Cruise qui parlait déjà de cette époque. Une attention aux détails qui allait se répéter tout au long de mon aventure.
Quant au jeu en lui-même, je ressentais d’emblée un système de quête type "FedEx" qui n’apportait ni la joie, ni la bonne humeur. Des allers-retours incessants, des objectifs flous, des rencontres qui semblent aléatoires. Beaucoup d’éléments qui ajoutaient au dossier de l’accusé. Et puis…


Le terrier du Lapin Blanc
Alors que je m’accrochais sans espoir de salut, le jeu s’ouvrit. De plus en plus. Dans des proportions que je n’attendais pas. D’abord dans son histoire. Dans l’Histoire, devrais-je dire. Parce que si, au début, vous êtes la lame jumelle à la recherche de son autre lame jumelle, la trame du scénario se densifie. Vite.
Une fois les premiers compagnons rencontrés, le jeu met le joueur face à des dilemmes. Des situations politiques qui, si au départ semblent bien éloignées des motivations du personnage principal, finissent par diriger chacun de ses pas. Dans un Yokohama en conflit entre les nouvelles influences occidentales et les anciennes traditions orientales, vous serez amené à évoluer au contact de différentes factions qui se font la guerre : les Pro-Shogunat, qui sont pour l’ouverture du Japon à l’extérieur, les Anti-Shogunat, qui cherchent à protéger le pays tout en bousculant les traditions, et les neutres, qui eux, luttent simplement pour survivre.
Intelligemment, Rise of the Ronin donne un visage humain à chacune de ces factions, chaque PNJ les représentant ayant ses motivations, ses qualités et ses défauts. Plus loin, ces compagnons virtuels allaient s’avérer être des personnages historiques ayant eu un réel rôle dans la manière dont le Japon allait se façonner. À titre d’exemple, Ryoma Sakamoto, le commodore Perry, Shoin Yoshida ou Shinsaku Takasugi ont vraiment existé. Ils ont bien pris part aux événements relatés dans le jeu, bien entendu de manière différente dans la réalité. Mais le fait de pouvoir comprendre l’ère de la restauration Meiji en compagnie de personnages historiques donne une saveur particulière à ce que Rise of the Ronin essaye de nous raconter.


Les environs de la ville ne sont pas en reste. Parcourus en monde ouvert, le joueur pourra y trouver différents scénarios qui aideront à comprendre ce qu'il pouvait se passer dans les campagnes de cette époque. Des maladies aux faillites, des agressions à l’extraction de ressources, le joueur verra de tout dans son périple. Et ça ne fera qu’ajouter à la fresque de cette époque peinte par les développeurs.
Sans compter que ces régions pourront être explorées à la recherche de bannières des Lames secrètes, points de ravitaillement automatique de vos ressources, qui servent aussi de points de voyage rapide. Attention cependant, à la manière d’un Fromsoft, que ce soit en mission scénarisée ou dans le monde ouvert, utiliser ces bannières fera réapparaître les ennemis. Vous pourrez aussi y trouver des coffres aux trésors, des lieux importants, des combats pour ramener l’ordre ou encore des chats. Important les chats ! Le tout pour arriver à une exploration complète de la zone vous donnant accès à des récompenses très intéressantes.


Quant à l’écriture, elle est fine et travaillée. Les PNJ reconnaîtront le protagoniste pour ce qu’il est ou ce qu’il a fait. Si vous travaillez pour des factions rivales, ils le sauront. Mais les scénaristes ont suffisamment travaillé leur sujet pour qu’à aucun moment cela n’empêche l’avancée du récit. Il y aura des choix qui seront faits. Des personnages en pâtiront. Mais rien ne s’arrêtera, et les motivations des personnages non joueurs feront sentir au protagoniste que ses actions parlent pour lui.
Et de l’action, il va y en avoir…
En retard, en avance, en un éclair
Le timing. Rise of the Ronin vous transmet directement le message, ici un combat au sabre est une question de positionnement, et de timing . Il est au cœur de la Parade Éclair. C’est avec ce coup que vous pourrez éviter les pires attaques, celles qui sont non blocables — le PNJ s’entoure d’un halo rouge — mais aussi à l’aide duquel vous pourrez ouvrir la garde de votre adversaire. C’est le premier coup qui sera mit vraiment en évidence. Mais il est le loin d’être le seul. Coup de base, saut, esquive et blocage font partie de votre arsenal. Ils sont tous importants et le Ki les nourris — votre énergie qui permet d’exécuter toutes ces actions. Le combat devient une science.
— Voici l’exemple d’un de mes derniers combats pour que vous compreniez.
Quatre ennemis me font face : un archer, un lancier, un sabreur et un colosse armé d’une massue. L’archer va me lancer des effets d’état avec des flèches enflammées, je vais m’occuper de lui en premier. J’esquive les premiers coups et me fraye un chemin jusqu’à lui. Je n’attends pas et j’enchaîne des coups de base. Il sort son sabre, je pare son attaque, parade éclair, j’enchaîne les coups, il tombe. Je m’éloigne un peu pour récupérer le Ki si important. Mais déjà, le lancier est sur moi. Ce sont de sales bêtes, leurs coups s’arment mais ne démarrent pas toujours au même moment. Je bloque le premier pour analyser le pattern. Bien, il exécute des coups standards. Plus loin, le colosse lance une attaque. Il plante sa masse dans le sol et projette des rochers à distance, je les esquive et reste concentré sur le lancier. Il lance une attaque non bloquable, je lis correctement le coup, parade éclair, enchaînement, il est au sol, plus que deux.
Entre déplacements et esquives, je mets de l’espace entre le colosse et moi. Je me concentre sur le sabreur. Il utilise une arme à deux mains — un Odashi — il va falloir attendre le bon moment et changer de style. Blocage, esquive, parade éclair, coup final. À toi, le colosse. Il recommence son attaque à distance, mais avec la parade éclair, je lui renvoie ses rochers — on peut s'en servir pour renvoyer les projectiles. Il vacille. Je l’attaque. Le combat va durer, mais au bout de deux parades éclairs et de la récupération de Ki, il s’écroule. Suite de la mission.
Ce n’était qu’un combat standard. Vous pouvez — si vous en avez la possibilité — attaquer furtivement. À distance avec l’arc ou le fusil, ou au corps à corps avec l’exécution. Vous avez la possibilité de prendre des toniques pour augmenter momentanément vos statistiques, d’utiliser des pierres à aiguiser qui enflamment ou empoisonnent vos lames. De même avec vos flèches. Vous pouvez utiliser des pots à lancer pour enflammer vos adversaires ou créer un nuage de fumée — la liste des possibilités est encore longue...
Rien que pour le combat en tant que tel vous pouvez équiper trois styles différents qui seront plus ou moins efficaces contre vos adversaires. Vous pourrez prendre l’information directement à côté de la barre de vie de votre ennemi. Changez de style, adaptez-vous et le combat n’en sera que plus simple. Ces styles existent pour toutes les armes du jeu, vous y avez plusieurs niveau de maîtrise, vous permettant d’effectuer des coups avancés et plus dévastateurs. Ce pan du gameplay est entièrement intégré à l’histoire dans le sens où c’est par vos relations avec les PNJ et les rencontres avec les fugitifs importants qu'ils vont se débloquer et évoluer.
Bien entendu, vous gagnerez du matériel. Armes, armures et babioles enchantées qui permettront d’augmenter vos dégâts, vos résistances, votre chance ou toutes autres statistiques présentes sur la pièce. Il y aura des sets d’équipements puissants, la possibilité chez le forgeron d’en construire, d’en acheter, d’améliorer et même de détruire une pièce, soit pour en récupérer les composants, soit pour en extraire une statistique et l’appliquer à une autre — ici aussi la liste est longue.
Pour terminer, vous pourrez optimiser tout ça à l’aide de cinq catégories de statistiques. Force, Agilité, Charisme et Intelligence qui vous permettront de définir plus en avant vos dégâts ou ce que vous récupérerez à chaque bannière que vous utiliserez.
Néanmoins, il reste une ombre au tableau. Quelque chose qui peut vite faire sortir le joueur de l’immersion. Et c’est l’intelligence artificielle des PNJ. Il y a des moments durant lesquels elle est vraiment aux fraises. Alors, c’est sympathique et le joueur peut en abuser. Mais avoir systématiquement une portée de détection grande comme un court de badminton, c’est limite. Vous attaquez des bandits sur une route, vous voulez les attirer vers vous pour bien les aligner et les larrons repartent vers leur point de départ. Après 20 mètres.
Pour ce qui est des éliminations furtives, la sauce est un peu la même. Voilà ce que pourrait être une scène qui dépeint cette action.
Le joueur, tel le Ninja maître des ombres, grimpe sur un toit pour éliminer deux sentinelles. Les prénommés Roger et Marcel. Il bande son arc et décoche le projectile meurtrier. Roger est touché !
« Marcel ! »
« Roger, mon bon Roger ! Qui t’a planté cette hideuse flèche en pleine tête ?! »
« Aargh Marcel je me meurs ! »
« Pars tranquille Roger, mon ami, mon frère d’arme, sur mon honneur je vengerai ta mort ! »
Marcel part à la recherche de l’assassin de son meilleur ami. Pendant ce temps, le joueur, toujours sur son toit, se remet en position furtive.
Après quelques secondes arrive Raoul.
« Hé Marcel, il y a un problème ? »
« Euh non tout va bien. »
« T’as pas vu Roger ? »
« Roger ? C’est qui Roger ? »
Rassurez-vous, ce n’est pas tout le temps comme ça. Mais assez régulier pour que je puisse me faire cette histoire dans la tête alors que j’étais sur une grosse mission du scénario de l’histoire principale … Oui, par moment, l’IA aussi est datée…
Une dépiction au pixel pas prêt
C’est le sujet qui fâche le plus. Du moins les joueurs qui ont payé plus de 80 euros pour — à l’époque — une exclusivité Playstation 5. Au moment où la communauté attendait des prouesses technologiques sur la dernière née des consoles Sony (nous avons bien compris au fil du temps que la PS5 ne tiendrait pas ses promesses), Team Ninja présentait Rise of the Ronin comme un de ses jeux les plus abouti. Et la douche fut glaciale.
Les personnages semblent rigides et le manque de physique au niveau des vêtements n’arrangent rien. Le monde est peuplé, mais les modèles sont régulièrement réutilisés. Au point où ça se sent. Certains PNJ devraient être d’une beauté fatale. Et, euh, non en fait. L’animation de la monture est tout aussi rigide que les personnages. Les environnements ne sont pas vilains mais ils dégagent un côté plat. Et si nous devons comparer le titre à la nouvelle itération d’Assassin’s Creed, c’est sûr, on y est pas.
Tout est pourtant bien conçu. Les vêtements d’époque, la manière dont les gens pouvaient s’habiller et qui marquait leur rang social. Le côté mélange culturel qui influence la tradition. Une pointe de technologie de l’époque, le tout enrobé dans un design qui n’est pas sans nous rappeler le manga et animé "Ruroni Kenshin" — Kenshin le vagabond. Mais oui, Rise of the Ronin, au niveau graphique et beauté brute, est à la traîne.
Mais un graphisme techniquement avancé est-il gage d’un bon jeu ?
Rise of the Ronin — Trancher tel le sabre
Je ne pense pas que Team Ninja ait voulu parler de prouesses technique en présentant Rise of the Ronin comme un jeu ambitieux. C’est un RPG dans le sens ancien du terme. Vos choix auront des conséquences. La manière dont vous aborderez l’aventure et les combats façonnera votre style d’évolution et ce que vous chercherez à débloquer dans les talents et les compétences. Cela influera directement vos résultats. Si vous ne voulez pas utiliser tel ou tel outil, vous ne serez pas nécessairement obligés de le faire.
Les quêtes et leur système "Fedex" est un bon moyen d’explorer le monde et de découvrir un tas de choses intéressantes. C’est vieillot, certes, mais efficace.
L’histoire est son point fort. Au milieu de cette lutte d’influence, vous serez amené à mieux comprendre ce qui a pu se passer à cette époque. Les personnages que vous croiserez seront attachants de par leurs motivations et leurs personnalités. Les liens que vous pourrez entretenir avec eux vous en apprendront plus et l’histoire, ainsi que le combat, se verront influencés.
Rise of the Ronin est avant tout, je pense, des couches de mécaniques RPG correctement interconnectées pour raconter une période importante aux yeux du peuple Japonais. Une période qui eut aussi de grandes répercussions sur le monde occidental. Team Ninja enveloppe son titre d’une saveur d'anime qui se traduit plus par de petites touches de design que par une direction artistique globale.
Si pour vous de beaux graphismes sont primordiaux, alors passez votre chemin.
À contrario, si vous cherchez un RPG qui peut vous amener des histoires à vivre, de l’Histoire et des combats vraiment pas mauvais, alors vous pourriez vous laisser tenter.
Gardez toutefois le prix en tête. Il s’agit d’un portage, avec tout ce que nous avons pu voir comme défauts. Défauts qui ne seront pas corrigés dans cette version PC. Et je ne parle pas ici du problème qui fait qu’à l’heure ou j’écris ces lignes, le jeu tournent mal en Ultra. Vous le savez comme moi, ça se règle en un patch...
Pour ma part, je suis complètement conquis. Je repars de ce pas aiguiser mon Katana et ma Naginata. J'ai des fugitifs à capturer et des amis à libérer.
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Rise of the Ronin
- Date de sortie (japon) : 11/03/2025
- Date de sortie (Europe) : 11/03/2025
- Développeur : Team Ninja
- Éditeur : Koei Tecmo
- Genres : Action
- Consoles : PC
- Scénario 100%
- Technique 60%
- Gameplay 80%
- Plaisir 80%
- L'Histoire
- Compagnons vivants et plein de surprises
- Le combat
- Les activités annexes
- La technique datée