Avec Atelier Resleriana: The Red Alchemist & the White Guardian, Gust signe un retour qui cherche à concilier tradition et nouveauté. On retrouve le cœur de la série, cet équilibre délicat entre exploration, combats et alchimie, mais l’aventure prend cette fois une ampleur différente en s’articulant autour d’un objectif clair : la renaissance de la ville de Hallfein. Tout est pensé pour lier la progression du joueur à la reconstruction de cette cité marquée par un drame mystérieux.
Atelier Resleriana, reconstruire et découvrir les vestiges du passé
Dès l’ouverture, Atelier Resleriana plante un décor qui m’a accroché bien plus que prévu. On arrive à Hallfein, une ville autrefois animée par le commerce et les mines, aujourd’hui réduite à un souvenir après un désastre inexpliqué. Pendant des années, l’endroit est resté interdit. Mais voilà qu’un projet de restauration voit le jour, et avec lui, la promesse d’un nouveau départ. En revenant ici, on n’incarne pas des héros parachutés dans une grande épopée : on suit deux jeunes adultes qui cherchent simplement à redonner vie à leur maison, leur passé, et à comprendre ce qui s’est vraiment passé. Et c’est précisément cette approche plus intime qui m’a happé.

Les deux protagonistes, Rias et Slade, incarnent parfaitement ce mélange de quotidien et de mystère. Rias, toujours souriante et déterminée, veut rouvrir la boutique de son grand-père disparu, mais découvre vite qu’elle a un don insoupçonné pour l’alchimie. Slade, lui, est plus réservé, presque protecteur. Il ne maîtrise pas l’alchimie, mais son Geist Core lui permet d’ouvrir des portails vers d'autres dimensions. J’ai aimé la dynamique entre eux : lui qui la pousse à croire en ses talents, elle qui apporte l’énergie et l’élan. Leur quête, c’est une histoire de retour aux sources, de reconstruction, et de vielles disparitions mystérieuses dans les ruines qui se terrent non loin d'Hallfein. C’est peut-être classique, mais ça marche, parce que le jeu prend le temps de rendre ces deux-là crédibles et attachants avant de les embarquer dans une aventure plus vaste.
Une générosité sans pareille
Au cœur de l’expérience, il y a la ville de Hallfein. Jadis florissante, détruite par un accident inexpliqué, elle devient peu à peu le théâtre d’un double projet : retrouver la vérité sur la catastrophe et redonner vie à ses rues désertes. Toute la progression du jeu repose sur cette boucle : vendre les créations de Rias dans sa boutique, investir les bénéfices aux côtés de sa sœur Camilla, et voir la ville reprendre son éclat d'antan. À chaque retour en ville, tu sens que Hallfein reprend vie. De nouveaux marchands apparaissent, des habitants reviennent, et parfois même des personnages connus de la saga passent faire un tour. C’est tout bête, mais ça donne vraiment envie d’y retourner encore et encore quand tu es fan de la franchise.

La boutique de Rias, le Mistletoe Miscellaneous, est la première pièce de ce puzzle. On choisit quels objets poser sur les étagères, en tenant compte à la fois des couleurs de dons — les Gift Colors – et de l’offre et de la demande qui évolue en fonction de la ville. Les fées recrutées dans les Dimensional Paths — dont nous parlerons plus tard — viennent ensuite gérer le magasin. Chacune a ses statistiques, certaines plus douées pour accueillir les clients, d’autres pour tenir l’inventaire ou assurer le ménage. Leur endurance entre aussi en ligne de compte : impossible d’exploiter indéfiniment la même équipe. En remplissant les objectifs fixés, la boutique monte de niveau, permettant de vendre davantage et à meilleur prix, tout en débloquant des pans entiers du scénario.

Le développement de la ville ne passe pas que par la boutique. Au Star Landing, le QG du projet tenu par Camilla, on peut investir son argent et ses matériaux dans les cinq districts de Hallfein : commerçant, résidentiel, manufacturier, nature et agricole. Chaque mise à niveau débloque quelque chose de concret : de nouveaux stocks chez les marchands, des quêtes en plus, ou carrément une montée du niveau global de la ville. Et surtout, ça change la clientèle. Si tu te mets à vendre surtout des armes et armures, tu verras débarquer plus d’aventuriers… mais du coup, bonne chance pour écouler tes faucilles.
Le gameplay d’Atelier Resleriana: The Red Alchemist & the White Guardian repose sur deux grands cycles. Le premier, fidèle à l’ADN de la série, tourne autour de l’exploration du monde, de la récolte d’ingrédients, de la synthèse d’objets et de l’affrontement contre les monstres qui rôdent dans les zones visitées. Le second cycle, nous l'avons détaillé ci-dessus.
Dans Atelier Resleriana, on explore le monde, on traverse les dimensions
L'exploration nait à travers les différentes portes de Hallfein, on accède aux mines, aux ruines et, plus tard, aux mystérieux Dimensional Paths qui mènent vers des contrées lointaines du continent de Lantarna. Ces derniers sont des donjons générés aléatoirement. Certains couloirs sont scellés, d’autres mènent à des zones piégées où l’on reste coincé jusqu’à avoir rempli une condition. Rias et Slade, les deux protagonistes, se complètent parfaitement : elle utilise son fouet pour franchir des crevasses ou atteindre des hauteurs, lui déploie son Geist Core pour pulvériser les rochers qui bloquent certains passages.

Les Starpearls cachées dans des coffres ou sur des ennemis offrent des bonus fixes ou aléatoires, donnant envie de fouiller partout. Et pour corser l’affaire, les Field Bosses surgissent parfois sur la carte : énormes, auréolés de rouge, ils réclament une préparation sérieuse mais lâchent des récompenses généreuses. Entre les outils de récolte à gérer — faucille, filet, herminette — et les zones instables qui se réorganisent à chaque visite, on n’explore jamais deux fois de la même façon.
Du côté des quêtes, les Bond Quests permettent de tisser des liens plus forts avec les compagnons, les Town Requests des habitants rapportent de l’argent tout en aidant à la reconstruction, tandis que les Placing Orders ouvrent l’accès à des ingrédients rares. Même les Épisodes scénarisés ajoutent un supplément d’âme, dévoilant des fragments plus intimes de certains personnages.

L’interface colle bien au rythme de l’aventure. La minicarte est super pratique : elle montre où traînent les monstres, quels coffres sont encore fermés, où se trouvent les points de voyage rapide, et en ville, qui a besoin d’aide. Pouvoir rentrer à l’atelier en un clic rend les déplacements bien plus fluides, et côté prise en main, ça reste simple et efficace : courir, sauter, gérer la caméra, pas besoin de plus.
Pour la collecte, le jeu met quelques barrières intelligentes. Si un ingrédient affiche un cadenas, c’est que ton rang est trop bas. À toi alors d’améliorer ton matériel ou d’avancer dans tes talents pour débloquer ce qui manquait. Et comme les ressources sont classées du petit rang E jusqu’au rang S arc-en-ciel, chaque sortie donne envie de pousser un peu plus loin, juste pour tomber sur ce matériau rare tant convoité.
Personnages, combats et progression
Dès les premières heures, Atelier Resleriana donne le ton : le jeu est profond, mais sans jamais devenir prise de tête. L’arbre de compétences le montre bien : les points récoltés en combat ou en quêtes sont communs, et c’est toi qui choisis si tu boostes un perso ou si tu répartis pour avoir une équipe plus équilibrée. Ça a l’air simple dit comme ça, mais en pratique ça change vraiment ta façon de construire ton groupe.

Le système de combat vaut vraiment le détour. Tout se joue sur une timeline où chaque action repousse ou rapproche ton prochain tour. Placer un First Strike sur le terrain donne un avantage immédiat, mais c’est surtout la jauge Unite qui met de la tension. Plus elle monte, plus tes options s’ouvrent : attaques bonus, dégâts boostés, et au sommet, le Unite Burst, qui fait enchaîner toute ta première ligne sans interruption. Ça donne des phases intenses où tu sens que chaque coup préparé peut retourner la situation. Et autour de ça, d’autres mécaniques viennent pimenter les combats : la Stun Gauge, qui une fois vidée rend l’ennemi vulnérable et le retarde, ou la Precision Guard, un blocage millimétré qui réduit les dégâts et évite les statuts.

Même les personnages en retrait ne restent pas passifs. Ils peuvent se glisser dans l’action et prendre le relais au bon moment. Avec du TP — une ressource à utiliser en combat — ils enchaînent jusqu’à trois attaques via la Multi-Action. Et comme ce TP s’accumule en attaquant, en encaissant ou en étourdissant, il y a toujours une ressource à gérer pour trouver une ouverture. Les objets, eux, restent un pilier comme dans tout Atelier : il faut les équiper avant de partir, leurs utilisations sont limitées, et certaines combinaisons déclenchent des réactions spéciales avec l’Item Mix. On peut aussi changer un personnage en plein combat au prix de son tour.

Le plus important, l'alchimie
L’alchimie dans Atelier Resleriana reprend les bases de la série mais se présente de manière plus lisible. La synthèse se déroule en deux étapes. D’abord, tu actives le cœur de la recette en ajoutant les ingrédients obligatoires. Ensuite, tu ajoutes des effets et des traits à ton objet. Le tout repose sur les Gift Colours, qu’il faut relier entre eux pour booster la qualité du résultat. Imagine un jeu de dominos simplifié : la deuxième couleur d’une pièce doit correspondre à la première de la suivante. Ça paraît simple dit comme ça, mais quand tu veux tirer le maximum d’un objet, ça devient vite un vrai petit casse-tête. Chaque recette a ses ingrédients imposés, mais c’est dans ces bonus que tu peux vraiment personnaliser et donner ta touche à tes créations.

C’est là que les choses deviennent grisantes. Pendant la deuxième étape, on peut glisser des Arrange Ingredients : leurs Gift Colours se transmettent à l’objet final, et si tu utilises un catalyseur, tu modifies carrément la catégorie ou la couleur du prochain slot — pratique, si tu bloques sur une recette.
De plus, les recettes peuvent donner des objets tout à fait différents via le Recipe Morph. En plein milieu d’une synthèse, certains emplacements d’ingrédients se mettent à briller. Si tu places le bon composant, la recette change et l’objet se transforme en quelque chose de nouveau. La première fois que ça arrive, c'est vraiment cool : « tu pars pour fabriquer une arme toute simple et tu te retrouves avec une version améliorée, voire carrément un nouvel outil de récolte qui va changer ta prochaine expédition ». Certaines recettes bifurquent même en deux options différentes, ce qui oblige à choisir puis à recommencer plus tard pour débloquer l’autre. L’idée est simple, mais elle donne envie d’expérimenter juste pour voir jusqu’où ça peut aller. Et une fois la recette trouvée, elle est enregistrée : plus besoin de galérer, tu peux la refaire comme une recette classique.

De plus, tu peux aussi améliorer ou remixer tes créations. Ce système, déjà présent avant mais plus précis ici, repose sur l’aide de tes compagnons. Chaque membre de l’équipe a ses propres talents et ses Gift Colors, qui influencent les traits transmis aux objets. En combinant bien ces couleurs, tu orientes ton objet : plus puissant, plus résistant, ou avec des effets bonus. Même les fées participent : certaines peuvent dupliquer tes objets, d’autres restaurent automatiquement leur nombre maximal en exploration et en combat sans avoir besoin de repasser par la case de l'alchimie.
Gust sait toujours comment attirer l'oeil
La direction artistique d’Atelier Resleriana joue clairement sur la continuité de la série tout en donnant une vraie identité à ce nouvel épisode. Les environnements mélangent des décors lumineux et colorés avec des zones plus mystérieuses, presque mélancoliques, ce qui colle bien à l’histoire de Hallfein, une ville à la fois belle et brisée. Les personnages, eux, profitent de modèles 3D très soignés, fidèles aux illustrations qui ont fait la renommée de la saga.
On sent que chaque détail, des costumes aux animations d’attaque, a été pensé pour donner vie à un monde qui garde ce côté chaleureux propre à Atelier, même quand l’aventure aborde des thèmes plus sombres. Résultat, on se retrouve dans un univers qui accroche l’œil dès les premières minutes et qui garde cette patte « conte coloré » malgré les drames qu’il raconte.
Atelier Resleriana: The Red Alchemist & the White Guardian, alors on fonce ?
Après avoir passé des heures sur la trilogie Ryza et m’être baladé dans le monde ouvert de Yumia, revenir à un Atelier plus classique m’a fait un bien fou. Ce qui m’a accroché, c’est surtout le système de dimensions parallèles, avec leurs difficultés qui montent progressivement. On n’est pas dans un dungeon crawler pur et dur, mais ces zones ajoutent un vrai vent de fraîcheur à la formule habituelle, avec une petite dose de hasard qui parlera aux fans du genre.
Côté alchimie, j’ai trouvé le système beaucoup plus clair que dans les anciens épisodes. Les synthèses sont plus linéaires, plus rapides aussi, mais ça ne veut pas dire qu’on perd en liberté : on garde toujours ce plaisir de tester, combiner et optimiser. Alors oui, il n’y a pas de français, et oui, le jeu repose sur un gacha qui a depuis fermé ses portes. Mais malgré ça, il reste cette boucle addictive qui rappelle tout le savoir-faire de Gust et pourquoi Atelier continue d’être une licence si spéciale.
Revoir des personnages issus des anciens arcs, c’est clairement un petit bonus qui fait plaisir. Croiser Sophie, Totori ou même Ryza donne un sentiment de continuité dans l’univers de Resleriana, sans qu’on ait à subir les contraintes du gacha d’origine. Ce n’est pas parce qu’elles ne sont pas toutes jouables que la nostalgie n’opère pas, au contraire. Le fan service est bien là, mais il reste à sa place : l’histoire de Rias et Slade reste au premier plan, et ces clins d’œil restent de simples easter eggs, amusants à repérer mais jamais envahissants.
Pourtant, j’ai encore des doutes sur le succès d'Atelier Resleriana: The Red Alchemist & the White Guardian. La barrière de la langue, le côté fan service assumé et surtout l’envie de Gust d’en faire des suites me laissent un peu sceptique. Oui, le jeu est excellent, oui, son gameplay tourne parfaitement… mais je ne me vois pas forcément embarquer pour une duo/trilogie entière dans cet univers. À mes yeux, Resleriana marche parce qu’il est unique dans la saga, une sorte d’exception qui brille en dehors des arcs principaux. Et c’est comme ça qu’il devrait rester.
Jeux liés à cet article
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Atelier Resleriana: The Red Alchemist & the White Guardian
- Date de sortie (Japon) : 26/09/2025
- Date de sortie (Europe) : 26/09/2025
- Développeur : Gust
- Éditeur : Koei Tecmo
- Genres : Tour par tour
- Consoles : PS5, Switch, PC
- Scénario 70%
- Technique 90%
- Gameplay 80%
- Plaisir 80%
- Alchimie claire et accessible
- Dimensions parallèles stimulantes
- Combats dynamiques et variés
- Ville qui évolue vraiment
- Direction artistique soignée
- Pas de traduction française
- Risque de suites forcées




