Test de Xuan Yuan Sword 7 – un voyage qui vaut le détour ?

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Xuan Yuan Sword 7, sorti le 29 octobre 2020 en Asie et mondialement le 30 septembre 2021 sur Playstation 4, Xbox One et Steam, se voit adapté sur Nintendo Switch près de trois ans après. C’est l’occasion pour moi de vous donner mon avis sur cette version de cet Action-RPG publiée par Eastasiasoft et prenant racine à la fois dans l’histoire et la mythologie chinoise.

Je tiens tout d’abord à remercier Kuro et Naturel qui m’ont donné l’opportunité de réaliser mon premier test pour le site, essayons alors de ne pas les décevoir ! Je me suis muni pour cela d’une Switch, de ma plume et de mon esprit aventureux.

Il faut en premier lieu rappeler, si le chiffre 7 ne vous avait pas déjà mis la puce à l’oreille, que l’on touche là à une saga historique vieille de plus de 30ans. Développée par DOMO Studio du groupe SOFTSTAR Entertainment, elle compte près d’une trentaine de titres si on inclut la série subsidiaire des Gaiden et les autres spin-offs.

Ce n’est que récemment que le studio taiwanais s’est décidé à tâter l’eau hors de son continent. Après une timide sortie de Xuan Yuan Sword: The Gate of Firmament, leur septième épisode est leur premier titre numéroté à plonger dans les eaux internationales.

C'est l'histoire d'un frère et de sa sœur

Le jeu ne nécessite heureusement aucune connaissance particulière des précédents opus pour aborder celui-ci. L’histoire débute en 21 après J-C au crépuscule de la dynastie Xin dans un monde en proie à la guerre et peuplé de créatures issues du folklore de la mythologie chinoise. Nous découvrons notre héros Zhao, fils d’un officier impérial, dans une courte introduction se déroulant 13 ans plus tôt. À la suite d’évènements tragiques, le garçonnet est forcé de fuir emportant dans ses bras sa jeune sœur Xiang et un mystérieux parchemin confié par son père.

De retour au présent, Zhao devenu chasseur émérite prend soin de sa petite sœur à la santé fragile en acceptant diverses missions pour financer ses remèdes. Au cours de l’une d’elles, il guide un général impérial et ses soldats à travers la montagne, les menant jusqu’à une créature démoniaque. Sa récompense en poche et peu résolu à s’impliquer davantage, Zhao décide de rentrer chez lui. Il y retrouve malheureusement les soldats et le démon qui prend sa sœur en otage. Cette dernière est mortellement blessée et nous découvrons alors la capacité du héros à utiliser son parchemin céleste légué par son père. Il lui permet de ralentir le temps et de voyager dans une dimension parallèle.

Emportant sa sœur avec lui, il s’en va quérir l’aide de " Sa majesté " un personnage énigmatique scellé derrière une porte qui n’acceptera de l’aider qu’en échange de sa libération. La seule façon pour lui de la sauver sera donc d’aller à la rencontre des " Mohistes " un mouvement pacifiste versé dans l’art avancé de la mécanique.

Ainsi débute véritablement notre aventure pour Zhao et sa sœur Xiang, le suivant désormais sous forme d’esprit. Ils seront plongés au centre d’un conflit historique et d’une course contre la montre entre créatures surnaturelles d’un côté et affrontement idéologique de l’autre.

Les textes de Xuan Yuan Sword 7 sont, il faut le souligner, intégralement traduits en français. Cela est fort louable, car notre belle langue fait souvent office de petit canard boiteux lorsqu’un titre est adapté chez nous. Si elle reste dans l’ensemble de bonne facture, elle n’est malheureusement pas exempte de défauts, plusieurs fautes d’accord et coquilles s’y étant glissées.

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Une Chine antique, mais une narration en toc ?

Ouvrons maintenant les hostilités sur la première chose qui m’a dérangée dans ce jeu, sa narration. Nous sommes ici dans un récit fermé caractérisé par une intrigue linéaire où il ne peut y avoir qu’une seule fin. Il est donc primordial que ce que l’on nous raconte soit compréhensible, cohérent et parvienne à nous immerger dans l’œuvre.

Si les enjeux globaux sont clairs au début, leur mise en scène m’a semblé hasardeuse, superficielle. Des personnages apparaissent parfois au milieu de nulle part pour faire progresser l’intrigue. Il y a très peu de temps d’exposition qui permet de comprendre qui nous parle et dans quelle situation nous nous trouvons. J’avais régulièrement l’impression d’avoir raté des dialogues et de passer d’un objectif à un autre sans comprendre ce qu’il venait de se passer compliquant sévèrement mon implication dans le récit. Parfois les ficelles de la narration m’apparaissaient grossières, me donnant la désagréable sensation de me faire balloter par des détours constants. Il faut rechercher tel objet, telle personne et recommencer, encore.

Il y aussi plusieurs choses que je n’ai pas comprises, car très peu sont expliquées directement. Pourquoi Zhao peut-il ralentir le temps et se téléporter ? Des interludes dessinés montrent des dialogues de personnes nous étant totalement étrangères, qui sont-elles ? Pour le savoir il faut se renseigner soi-même dans un codex présent dans les menus.

Le scénario dans son ensemble comporte tout de même des réflexions intéressantes, doit-on accomplir n’importe quel sacrifice pour parvenir à ses fins ? Qui sont les véritables monstres entre les créatures démoniaques et les hommes se faisant la guerre ? Est-il possible d’avoir deux interprétations différentes d’une même doctrine ? Mais cela ne m’a pas semblé être suffisamment creusé.

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Malgré tout, j’ai trouvé les personnages principaux attachants. Zhao est courageux, déterminé et ne manque pas d’humour. Xiang, qui cherche à s’émanciper de l’ombre protectrice de son frère, est touchante. Hong qui rejoindra l’aventure plus tard est une femme forte indépendante et compatissante. Mention spéciale pour Ji Peng, un perroquet qui fera office de mascotte, aussi marrant que condescendant. Il était sympathique de voir leur relation évoluer au cours de leur voyage. Ce p’tit groupe fera souvent la causette lors de vos pérégrinations ou durant les feux de camp qui seront aussi l’occasion d’écouter des petites histoires sur la culture chinoise.

Il est cependant regrettable, à mon sens, que le même soin n’ait été apporté aux personnages secondaires qui échouent à être mémorables. L’antagoniste principal devra, lui, attendre la fin de l’aventure pour prendre un peu d’épaisseur.

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C’est loin, mais est-ce beau ?

En prenant place dans un si beau pays comme la Chine, c’était là l’occasion d’offrir une bonne dose d’exotisme, mais là aussi mon avis est mitigé.

 

Si j’ai trouvé les designs des protagonistes réussis et certains lieux vraiment agréables à l’œil, ce que je retiens le plus ce sont des montagnes avec de l’eau, des montagnes avec de la roche et des montagnes avec de la végétation. Les villages traversés sont mornes et interchangeables et composés de PNJ à qui il n’est pas vraiment possible de parler. Il m’aura fallu attendre le dernier tiers du jeu pour avoir un peu de variation.

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Pour moi, le jeu ne prend pas le temps de se poser pour nous permettre de profiter vraiment de son environnement. J’ai plus été dépaysé en deux heures sur Shenmue 2 qu’en quinze sur ce titre.

Au niveau des graphismes, le passage sur la Switch se fait sentir. Si l’on est épargné par les ralentissements, ce n’est pas le cas de l’aliasing omniprésent et des textures parfois grossièrement mises en valeur.

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Si les ombres et lumières parviennent quelquefois à masquer ces défauts, cette version est parfois bien trop sombre rendant compliquée la visibilité lors de combats contre les boss ou lors de la réalisation d’énigmes. J’ai par exemple été obligé de pousser la luminosité de la console à fond pour voir à peu près distinctement un panneau qui devait me servir d’indice.

Mes yeux ont également souffert de sous-titres trop petits me forçant à me concentrer pour ne rien manquer de ce qu’il se disait.

Je dois tout de même reconnaitre la qualité du doublage, mon oreille n’étant pourtant pas habituée au chinois, cela s’est fait sans heurt et m’a permis de saisir les intentions des personnages dans les dialogues.

Les musiques sont quant à elles le point fort du soft. Elles sont variées, envoutantes sans jamais être envahissantes, contribuent fortement à l’ambiance et compensent la monotonie des décors. J’ai particulièrement aimé la berceuse qui reviendra plusieurs fois lors du périple de nos héros.

J’ai d’ailleurs pu observer que sur de nombreux sites cette bande-son est attribuée à tort à Yōko Shimomura en raison d’une de ses compositions ayant servie à la bande-annonce du jeu. Alors rendons à Liu Bei ce qui appartient à Liu Bei et félicitons Izumi Wu, Rizet Tseng et Hong Zha pour leur travail.

Un ensemble complet un peu superficiel ?

Le jeu offre de nombreuses fonctionnalités que ce soit dans son interface ou dans ses combats, mais qui, selon moi, n’arrivent pas à casser sa linéarité et sa redondance.

La progression de l’intrigue est en effet très linéaire, ce n’est pas forcément un mal, mais j’aurais aimé un peu plus d’exploration. Un marqueur de quête affiche en permanence notre objectif principal et j’étais parfois plus concentré sur ce marqueur que sur ce qui m’entourait.

Les quêtes secondaires ne révolutionneront pas le genre, mais j’ai bien accroché à celle permettant de jouer au Zhuolu, un mini-jeu mélangeant les échecs et le morpion. Des énigmes sont également présentes, je n’ai trouvées ces dernières ni trop dures ni trop faciles à résoudre.

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Si son système de combat me rappelle celui de The Witcher 3, il manque pour moi de justesse pour profiter pleinement de ce qu’il propose.

Les combats se déroulent en temps réel. Ils se composent d’une attaque basique, d’une attaque lourde que vous pourrez choisir parmi quatre postures différentes (tigre, bœuf, loup et ours) et d’une attaque spéciale. À cela s’ajoute, un bouton d’esquive, un bouton de parade et des combinaisons permettant à vos alliés d’utiliser des techniques pour vous aider. Il vous sera aussi possible de créer un vortex pour capturer les âmes de vos ennemis et de ralentir brièvement le temps. Avec tout cela, vous pouvez exécuter des combos en assemblant les différentes touches.

Cela ne m’a pourtant pas empêché de m’ennuyer, j’ai très peu changé de posture au cours de ma partie, n’offrant de réelles différences et les affrontements se résumaient souvent à du matraquage de touches.

La faute aussi à une rigidité dans les animations, les déplacements et même parfois avec la caméra dans les endroits clos. Il m’était aussi difficile de lire les attaques des ennemis et de jauger la hitbox de mes coups sur les boss en particulier.

J’ai trouvé les pics de difficulté mal dosés, je pouvais mourir en boucle sur un boss et rouler sur le suivant, sans jamais craindre les monstres normaux.

Dans le monde céleste présent dans les menus vous aurez accès à divers ateliers. Ils permettent d’améliorer armes, armures, accessoires et de fusionner les âmes des ennemis capturés.

C’était agréable d’avoir la possibilité d’améliorer mon équipement sans jamais vraiment devoir en changer, mais la fusion se révèle au final assez négligeable, ses bénéfices étant peu conséquents.

Une expérience archaïque ?

Je n’ai pas pu m’empêcher de penser parfois que je me retrouvais face à un jeu de rôle de l’époque PS3/Xbox 360.

Il n’est pas possible de sauvegarder quand on veut, cela ne se fait que dans les feux de camp. Des colonnes permettent de se téléporter, mais placées hors des villages elles perdent ainsi leur intérêt. Il n’y a pas de cartes dans les donjons, il faut donc se fier à son marqueur de quête.

J’ai également eu ce sentiment dans les combats, la parade empêche tout mouvement si lent soit-il, chose qui coule pourtant de source dans n’importe quel jeu d’action de nos jours.

Alors ce voyage, j’embarque ?

Si vous avez lu mon test jusqu’ici, vous vous doutez bien de ma réponse. J’apprécie le fait que DOMO Studio se soit décidé à exporter leur licence chez nous, mais je considère leur œuvre trop imparfaite pour justifier un prix de 39€99 en 2024. Sa version Switch n’offrant de plus aucune addition notable.

Si je juge l’ensemble insuffisant, je ne reste pas non plus insensible à leur envie de bien faire et de vouloir partager leur culture. Et je jetterai volontiers un œil curieux à leur prochaine production tant les jeux traitant de l’Empire du Milieu ne sont malheureusement pas légion.

Xuan Yuan Sword 7 sortira sur Nintendo Switch le 30 mai 2024. Il est déjà disponible sur Xbox One et PS4.

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[ 5.1 ] Xuan Yuan Sword 7

  • Date de sortie (japon) : 30/05/2024
  • Date de sortie (Europe) : 30/05/2024
  • Développeur : Domo Studio, Softstar
  • Éditeur : Eastasiasoft
  • Genres : Action
  • Consoles : Switch
  • Scénario 55%
  • Direction artistique 65%
  • Gameplay 54%
  • Plaisir 33%
  • Les personnages principaux
  • La musique
  • L'ambiance générale, l'exotisme du jeu
  • Une narration superficielle
  • Un système de combat qui manque de justesse
  • Des personnages secondaires oubliables
  • Le jeu est pourvu d'un certain archaïsme autant graphiquement que conceptuellement

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Ogma
Ogma

Nostalgique de l'âge d'or du JRPG, amoureux de la culture japonaise et flirtant au gré de mes aventures entre les Final Fantasy, les Persona, les Yakuza et les Kiseki pour ne citer qu'eux

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