Farmagia, ou Project Magia, fusion du travail déjà bien connu du studio Marvelous et de Hiro Mashima, est enfin disponible depuis le 1er novembre 2024 sur PC via Steam, Nintendo Switch et PlayStation 5. Ce mélange de jeu de ferme, de capture de monstres et d’aventure avait éveillé ma curiosité, et c’est avec plaisir que je me suis lancé dans ce test, assez léger, qui, je l’espère, vous donnera envie – ou non – de découvrir ce petit jeu sans prétention.
Test réalisé sur PlayStation 5, en mode difficile, avec de nombreuses heures passées sur la PlayStation Portal (vous comprendrez pourquoi).
Sommaire
Une histoire dégoulinant d'amitié
Dans Farmagia, l’aventure débute dans le monde de Felicidad, où les Farmagia, des fermiers capables de contrôler des monstres, vivent en harmonie avec eux. Mais tout change à la mort du souverain de Felicidad. Glaza, membre des Oración Seis, un groupe de généraux autrefois loyaux au Magus Diluculum et protecteurs de la société, en profite pour s’emparer du pouvoir et instaurer sa tyrannie. Vous incarnez Ten, un Farmagia courageux, qui doit unir ses alliés et ses monstres pour affronter Glaza et libérer Felicidad de son joug.
Hiro Mashima, créateur de Fairy Tail, fait ici un clin d'œil avec les Oración Seis, un nom familier pour les fans de la série. Dans Fairy Tail, l’Oración Seis représente un groupe de mages clandestins cherchant à semer chaos et destruction. Ce parallèle ajoute un peu de nostalgie et de profondeur à l’univers de Farmagia.
Pour en revenir à l’histoire de Farmagia, elle se déroule comme un bon shonen : des rebondissements et une touche d’émotion, même si le thème du pouvoir de l’amitié peut sembler un peu prévisible. Cependant, Marvelous apporte une dimension un peu plus sombre à ce récit classique, ce qui le rend intéressant. Malgré certains clichés, on s’attache rapidement à Ten et ses compagnons, qui nous entraînent dans une belle aventure.
La trame de Farmagia se divise en 12 chapitres, chacun centré sur un membre du groupe. Au fil des crises provoquées par la guerre, Ten et ses amis tentent de résoudre les problèmes de leurs compagnons, ce qui ajoute une dimension personnelle à chaque chapitre. En somme, même si l’histoire reste assez prévisible, l’évolution des personnages apporte une cohérence agréable et revisite joliment le thème de l’amitié. Parmi les gros jeux de cette fin d’année, j’ai trouvé agréable de m’aventurer dans un jeu chill où je me suis simplement laissé porter par la petite histoire qu’il propose.
Techniquement juste agréable
Il est difficile de donner un avis tranché sur le côté technique de Farmagia, surtout en sachant que le studio Marvelous n’a jamais été reconnu pour la qualité visuelle de ses jeux. Cependant, leur collaboration avec Hiro Mashima rend le jeu agréable à l’œil, ce qui est l’un des points forts de Farmagia. Bien sûr, il n’atteint pas le niveau visuel des grands RPG de cette fin d’année, mais ce n’est pas ce qu’on attend de lui. Le style graphique rappelle davantage un jeu mobile, et je pense qu’il se prête mieux à la Nintendo Switch qu’aux consoles de salon. Cela dit, ayant eu quelques déceptions avec des titres sur la Switch, comme Fate/Samurai Remnant, je préfère jouer à Farmagia sur PlayStation 5, surtout avec la possibilité d’utiliser la Portal pour l’aspect portable.
Il ne faut donc pas s’attendre à des merveilles visuelles. Le jeu utilise beaucoup de color swapping pour différencier certains monstres, et même si le design de Mashima est présent, l’ensemble peut sembler dépassé pour une console actuelle. Pourtant, malgré ces limites, on s’immerge facilement dans l’univers et on continue de jouer. Les illustrations et l’aspect visual novel sont réussis, et les quelques cinématiques, bien qu’en nombre limité, sont soignées.
En revanche, la musique, un élément que j’apprécie particulièrement dans les jeux vidéo, aurait mérité plus d’attention. Elle est agréable, sans fausse note, mais après vingt heures de jeu, l’absence de variété musicale se fait sentir. Cette redondance finit par provoquer une certaine lassitude.
En somme, Farmagia n’est pas une prouesse technique, mais il a d’autres qualités à offrir. On savait déjà que sur ce plan, il n’allait pas briller, et ce n’est pas ce qu’on attend de lui.
Addictif vous avez dit ?
HUB quand tu nous tiens !
Comme mentionné plus haut, Farmagia ne se distingue pas par sa technique, mais c’est par ses autres qualités qu’il tire son épingle du jeu. Comme de nombreux jeux de gestion de ferme, il devient rapidement addictif grâce à sa répétitivité et surtout, ici, son aspect de collection. On y revient régulièrement pour faire évoluer nos monstres, avec ce plaisir simple de voir progresser sa ferme.
Bien que la gestion ne soit pas aussi complexe que dans un Rune Factory, le jeu reste engageant. La ferme permet de faire pousser et élever les Farmagia, ces créatures qu’on prépare pour les explorations de donjons. Chaque journée est limitée par un nombre de PF utilisables, mais ici, la fatigue ne se régénère qu’après la réussite d’un donjon. Côté créatures, on retrouve encore du color swapping : par exemple, l’évolution de votre loup passera d’orange à bleu.
Dans votre exploitation, certaines espèces nécessitent plus de parcelles, ce qui implique une optimisation de l’espace pour en cultiver un maximum. Des Notes de recherche débloquent des compétences utiles pour gérer la ferme et progresser dans l’aventure. Pour activer ces compétences, il faut accumuler des points de recherche en plantant des graines.
Le HUB central permet de gérer la ferme, mais aussi de s’occuper du Ranch, où vous entraînez vos compagnons pour augmenter leurs niveaux et leurs statistiques (comme les points de vie, l’attaque et la défense). Améliorer certains attributs ouvre aussi la voie à des fusions de monstres, disponibles uniquement à partir de certaines conditions. Un magasin vous aide à faire évoluer la ferme et les monstres, et permet de créer des objets pour renforcer vos déesses élémentaires. Ces dernières, rencontrées dans les Sanctuaires élémentaux, rendent possibles de nouvelles fusions. En tissant des liens avec elles, en leur offrant des cadeaux ou en accomplissant des missions, vous gagnez des points d’affection qui améliorent votre compagnon de fusion.
Le jeu propose aussi quelques quêtes simples via le Mouton à cinq pattes, du type "vaincre un certain nombre de monstres" ou "ramener 5 carottes". Sans être très palpitantes, elles enrichissent le contenu du jeu. Pour avancer dans l’histoire, il faut se rendre au Château d’Avrion, où l’on progresse après chaque retour de donjon.
Ce système de HUB central rappelle un peu celui d’un titre bien connu, Etrian Odyssey. Cette ressemblance n’est pas un défaut, loin de là, et elle contribue au charme de Farmagia.
Pik-magia à l’attaque !
Abordons maintenant les combats et leur déroulement. Pour progresser dans l’histoire, vous devrez explorer des donjons générés aléatoirement, éliminant tous les monstres présents pour débloquer le niveau suivant, jusqu’au boss final. Ce système, bien connu des amateurs de RPG, peut parfois sembler répétitif si le gameplay ne reste pas suffisamment soigné et intéressant.
Avant chaque combat, vous formerez une équipe de quatre créatures, chacune ayant ses spécificités, comme le combat rapproché ou l’attaque à distance. Vous pourrez aussi sélectionner vos compétences de fusion ainsi que le leader de votre groupe. Cependant, j’ai trouvé que le choix du chef d’équipe, même en mode difficile, n’apportait que peu de variation au gameplay ; ses effets passifs, comme la régénération de PV assurée par Archie, manquent d’impact réel.
Prêt à entrer dans le donjon ? Une fois à l’intérieur, vous parcourrez les niveaux dans un style proche d’un A-RPG, sans pour autant rencontrer de grande complexité dans les boucles de gameplay. La progression se déroule ainsi : vous entrez dans un étage, affrontez divers ennemis en envoyant vos créatures au combat avec des boutons d’action, comme carré, croix, triangle et rond. Pour vaincre un adversaire, il est essentiel de comprendre ses jauges : chaque ennemi possède une barre de vie et une barre de KO. Lorsque la barre de vie atteint zéro, l’ennemi meurt ; quand la barre de KO est épuisée, il devient vulnérable. Vous devrez alors réaliser une charge symbiotique pour l’assommer temporairement, ce qui ouvre la possibilité de lancer une attaque de légion. Cette attaque coordonnée de toute l’équipe, ciblant un adversaire unique, inflige de lourds dégâts à sa barre de vie. Le système est efficace et offre une sensation de puissance satisfaisante ! De plus, des parades parfaites, rappelant celles de Ys mais en plus accessibles, permettent de réduire la barre de KO de façon significative. Enfin, l’attaque Fusion rassemble toutes vos créatures en un puissant compagnon, causant des dégâts massifs aux ennemis alentour — une véritable attaque ultime. Ce système confère une belle dynamique aux combats, nécessitant attention et précision, d’autant que vous devrez souvent affronter bien plus qu’un ou deux ennemis.
Une fois un étage achevé, vous pouvez récolter des matériaux, trouver des coffres, ou acquérir des talents de fées. Ces talents sont essentiels, car ils améliorent vos compétences passives et offrent divers avantages, comme une vitesse de déplacement accrue pour votre leader. Après avoir franchi tous les étages, vous atteindrez le boss, qu’il vous faudra vaincre pour conclure la séquence de donjon. Cette boucle de gameplay, bien que simpliste, reste plaisante. On prend plaisir à revisiter ces différents lieux, même si les monstres et les zones, quoique distincts selon les grands environnements explorés, tendent à se répéter.
Cependant, une fois la boucle de gameplay maîtrisée, même en mode difficile, le jeu reste assez accessible ; il suffit de bien synchroniser ses actions pour avancer sans trop de difficulté. Dernier point, n’espérez pas un titre très long : malgré l’importance de la ferme, Farmagia se termine en une vingtaine d’heures.
Farmagia : Simplement efficace, mais...
Alors, que vaut vraiment Farmagia ? Est-ce un bon jeu ? Un mauvais jeu ? J’ai pris plaisir à explorer cet univers, même si le jeu présente quelques faiblesses qui pourraient peser lourd en 2024. Farmagia n’est ni le plus beau jeu, ni celui avec le gameplay le plus profond. L’aspect agricole, assez simpliste, reste même anecdotique. Et pourtant, le concept fonctionne bien : on prend plaisir à passer chaque jour aux côtés de Ten et de ses amis, sans voir filer les vingt heures nécessaires pour terminer l’histoire.
La présence d’Hiro Mashima, dont je suis fan, y apporte sans doute une touche appréciable, mais même sans cet atout, Farmagia reste un titre intéressant pour ceux qui recherchent un jeu plus détendu, loin de la complexité de titres comme Metaphor: ReFantazio ou Romancing SaGa 2, par exemple.
Farmagia se prête d’ailleurs particulièrement bien à un usage portable. Les sessions de 20 à 30 minutes permettent d’accomplir une journée entière dans le jeu, et certains éléments, comme le HUB, rappellent l’esthétique mobile. Il lui manquerait toutefois quelques atouts pour devenir vraiment captivant : moins de répétitions dans les visuels, plus de variété dans la boucle de gameplay. Malgré tout, ce choix de simplicité donne une cohérence à l’expérience, qui fonctionne bien. On ne peut en vouloir au studio Marvelous, un petit studio malgré sa popularité auprès des fans de Rune Factory, par exemple.
Pour autant, il ne faut pas s’attendre à ce que Farmagia devienne votre jeu de l’année. Sa simplicité le rend efficace, mais son histoire reste prévisible en empruntant aux codes classiques du shonen. Pour ma part, j’ai réellement apprécié cette parenthèse rafraîchissante entre des titres plus intenses : le temps file quand on joue, et l’évasion reste, après tout, le but ultime d’un jeu vidéo. Bref, amis fans de jeux de ferme, de capture de monstres et d’A-RPG, laissez-vous tenter.
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Farmagia
- Date de sortie (japon) : 01/11/2024
- Date de sortie (Europe) : 01/11/2024
- Développeur : Marvelous
- Éditeur : Marvelous
- Genres : Action, Simulation
- Consoles : PS5, Switch, PC
- Scénario 75%
- Technique 78%
- Gameplay 70%
- Plaisir 80%
- Le travail d'Hiro Mashima
- Une boucle de gameplay agréable
- Une histoire classique, mais prenante
- Une OST redondante
- Le color swapping des monstres
- Léger manque de difficulté