Metaphor: ReFantazio
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Test de Metaphor: ReFantazio - La mélancolie d'une utopie !

Depuis un peu plus d'un an, Atlus nous abreuve d'informations sur Metaphor: ReFantazio. À quelques jours de sa sortie mondiale, JRPGFR a pris en mains ce que nous considérions comme un jeu exceptionnel. La société nippone avait d'abord lancé Shin Megami Tensei, s'en est suivi Persona, et désormais, parmi les très grandes licences, nous pourrions éventuellement imaginer celle-ci. Je tiens sur mon PC un très bon jeu, mais surtout, probablement l'élément rassembleur de ces trois franchises. Un peu d'fantaisie, quoi !

Ce test a été réalisé grâce à l'aimable concours de Cosmocover que nous remercions en ces termes. Et pour le délire, j'ai appelé le personnage principal Persona 5 !

Metaphor: ReFantazio - Une histoire digne d'Atlus !

Bon sang que la communication d'Atlus est à revoir ! Nous savions déjà tellement de choses ! Et encore plus depuis la sortie de la démo. Rappelons-le toutefois, vous incarnez un gentil bonhomme hétérochrome de

la tribu Elda

. Ce gentilhomme, guidé par une fée nommée

Gallica

, fait le messager vers une personne encore inconnue. Une fois la missive remise, la mission est on ne peut plus claire :

tuer Louis

! Sans se cacher, ce terrifiant méchant ourdit une drôle de

révolution

dans laquelle la pitié se transforme en aversion des plus faibles. Il veut devenir roi et établir son propre monde, sans faiblesse. Cela va sans dire que les ordres déjà présents, notamment les sanctistes, vont s'opposer à son couronnement.

S'en suit alors une course au trône pendant laquelle vous enlèverez le futur siège à vos concurrents. Aux mains de notre héros, affublé d'un livre interdit, vous allez essayer de créer un monde différent, votre monde. Oubliés le racisme, la méchanceté et tous les vices, ici, Metaphor: ReFantazio recherche le monde idéal. Et d'ailleurs, ce personnage va en rencontrer d'autres qui se joindront à lui. Le monde se constitue de huit tribus, qu'il réunira sous une seule et même bannière, du moins, en théorie. La course à la politique est lancée ! Chaque mot, chaque action aura une répercussion sur votre popularité et vous devrez jouer des coudes pour parvenir à vos fins ! Et vous comment envisageriez-vous le monde parfait ?

Yuichiro Tanaka nous compose-la une véritable œuvre fantasmée. Alors que nous vivons dans un monde qui dépeint, par les médias, que des faits malheureux, Metaphor: ReFantazio cache à peine sa parabole et nous en met plein les dents. La licence Persona nous dirigeait dans les épreuves difficiles de l'adolescence, Shin Megami Tensei nous faisait voyager dans ses mondes apocalyptiques pavés d'entités culturelles... Les joueurs d'antan, devenus adultes aujourd'hui vont se poser devant un récit qui aborde les sujets sensibles de nos âges. Parents, enfants, morts d'êtres chers, mortalité infantile, tout cela nous pousse dans nos retranchements, et c'est abordé crûment ! L'anxiété, que nous retrouverons dans le gameplay, doit absolument décamper au prix de la légèreté et l'envol de nos sourires. C'est une belle œuvre, même si elle décrypte ce qui va très mal dans notre monde. Le scénario est lisible très tôt et rapidement, mais vous ne serez pas prêts pour affronter les Humains de Metaphor ! J'ajoute toutefois que, comme souvent, Atlus reprend les codes scénaristiques de ses jeux passés, avec des longues séquences de discussions interminables. Mais cela nous sert à la jouabilité et voyons comment.

Un gameplay salvateur, mais facilitateur !

Magla oui, Magla non, on va pas en faire toute une histoire !

J'ai commencé ma partie en mode normal et je suis resté ainsi tout du long. Metaphor: ReFantazio est très abordable dans son gameplay. Particulièrement linéaire, mais Ô combien croustillant, l'attrait principal se distingue par son système d'Archétypes. Au nombre de 40, ces versions magiques et améliorées de nous-mêmes pour le combat vont vous faire vaciller plus d'une fois. Il est affolant d'envisager le nombre de combinaisons imaginables pour créer le meilleur groupe possible. Quand on veut le meilleur pour le monde, on cherche la meilleure équipe. Chaque Archétype se décline, une fois maximisé, sous un autre et ainsi de suite. Selon le lien établi, vous pourrez hériter plusieurs compétences provenant d'un autre Archétype... et ce n'est que le début ! Certains se débloqueront par le scénario et les quêtes annexes, mais surtout, leur évolution passera par les combats et les explorations. C'est très chronophage de tout vouloir faire, mais quelques objets vous permettront d'y arriver sans combattre !

Metaphor: ReFantazio

Chaque Archétype provoque des changements d'équipements, des forces résiduelles et des faiblesses bien réelles. Nous retrouvons-la l'essence des jeux au tour par tour, les faiblesses élémentaires. Atlus a conservé les affinités d'armes, déjà présentes dans Persona 5. Avant d'entrer en combat d'équipe, il est possible d'étourdir les ennemis façon jeu d'action, avec même une touche d'esquive. Selon votre niveau général, vous pourrez alors avancer dans les donjons en tuant et récoltant les récompenses habituelles d'un combat au tour par tour. Si les ennemis sont relativement abordables, les Humains le seront un peu moins. Pour les affronter, Gallica viendra régulièrement apporter sa touche personnelle à ces affrontements. Ils représentent une sorte de puzzle dont il faudra défaire les contours pour aborder le cœur !

Voilà de quoi bien étudier comment aborder vos futurs donjons. Metaphor: ReFantazio a pensé à tout avec des Informateurs dispersés dans les tavernes des villes. Ces derniers vous commissionneront pour les détails sur vos ennemis. Vous envisagerez donc votre future expédition sous les meilleurs auspices, puisque vous saurez comment établir votre groupe et développer vos Archétypes. Pour ce faire, vous aurez besoin de Magla, une sorte d'énergie magique dont tout le monde d'Euchronia dispose. Cependant, les couloirs labyrinthiques vous proposeront des cavités anti-Magla pour sauvegarder, discuter ou même voyager entre elles !

Pour commencer votre combat, vous disposez de quatre icônes de tour. Vous avez divers choix d'attaques et de compétences. Trouver la faiblesse de l'ennemi vous fera utiliser une demi-icône. Il en va de même pour les Symbioses. C'est la résonance entre deux Archétypes qui combinent deux techniques en une plus puissante. Cependant, elles nécessiteront deux icônes ou deux demi-icônes selon les affinités. Vous comptez donc bien ! Avec la compréhension d'un tel gameplay, vous pourriez avoir jusqu'à huit actions par tour ! Il est aussi très facile de perdre toutes ses actions d'un coup... Sans compter sur les équipements, classés par couleur, qui dévoilent des propriétés étonnantes ! D'ailleurs, j'ai opté pour la construction d'un personnage avec une très grosse... chance ! Des objets partout, partout des objets ! À la manière d'un dungeon crawler, certains équipements auront besoin d'être évalués ou même bénis pour en découvrir le véritable talent !  Chaque niveau gagné verra une statistique monter d'un point aléatoirement, tandis qu'un autre (ou deux) vous donnera le choix de bâtir le personnage de vos rêves. Si vous voulez en savoir plus, allez donc consulter l'Akademeia, sous la houlette de More et de ses recherches. Ce bonhomme, enfermé, sera le libérateur de vos Archétypes.

Toujours les concernant, et nous finirons par ce point, sachez qu'un autre aspect en débloquera de nouveaux. Pour cela, vous devrez entamer des discussions avec vos nouveaux amis, établir des liens et les conduire au plus haut niveau. Et je peux vous assurer que ça vaut le coup ! C'est alors que nous rentrons dans une autre partie du gameplay, la lecture. Si elle solidifie les amitiés, vous découvrirez les passés de chacun de vos compatriotes. Là encore, on rejoint une narration très belle, souvent noire, trop noire et abordant des thèmes liés à l'âge adulte. La parlotte tiendra à tout le monde, notamment pour améliorer cinq traits pour devenir un bon roi.

Avez-vous la sagesse et le courage de la tolérance ? L'éloquence de l'imagination vous en fait don !

La sagesse, l'imaginaire, le courage, la tolérance et l'éloquence sont autant de caractéristiques à faire grimper. Ces deux dernières mécaniques rappellent trait pour trait la licence Persona. D'autant plus que, pour continuer sur le pompage d'idées, vous aurez des échéances à tenir pour certaines de vos quêtes. Pour continuer dans la facilitation, je n'ai pas ressenti la même pression dans Metaphor: ReFantazio que dans un Persona 4 ou 5. Les dates sont lointaines et vous laissent tout le loisir de monter ce que vous avez à monter et de visiter ce que vous avez à visiter. L'utilité de ces traits se retrouvera dans certains dialogues pour accéder à de nouvelles quêtes et de nouveaux équipements !

Metaphor: ReFantazio

Arpentons les chemins mes amis ! Do you want to know More ?

L'arpenteur blindé sera lui aussi une véritable base. C'est grâce à lui et Neuras que vous passerez de ville en ville. Cuisine, aspirateur, bain, toilettes ou encore bibliothèque, ici, tout vous poussera à améliorer vos statistiques ou vos relations. Les primes de chasse vous éloigneront des bourgades et nécessiteront un certain temps, pour peu que ce soit sous embargo, alors les calculs doivent se poser. Sur votre route, vous rencontrerez d'autres arpenteurs, souvent des prétendants au trône, et entrerez en combat avec leurs conducteurs. Certains déplacements vous prendront plus de temps que d'autres, vous devrez donc camper et écouter vos compagnons dans leurs histoires. Comme Persona, la boucle de gameplay vous autorise à faire deux actions par journée. Heureusement, le héros peut se téléporter d'une ville à l'autre, sans utilisation houleuse du temps, pour peu qu'elle ait été déjà visitée.

En campement ou même en navigant, il est possible de voir surgir certains monstres, vous propulsant alors dans des affrontements non préparés. Des villages éparpillés ça-et-là vous proposeront une simple échoppe avec des articles spéciaux et/ou de quête. Dans l'ensemble, l'histoire des déplacements aurait pu aussi se faire sans la téléportation, apportant une énième touche de facilité. L'organisation est bien plus basique et plus linéaire que les autres jeux estampillés Atlus. Au moins, Neuras apporte une touche de légèreté à ce contexte, même si ça ne tient pas à ses ailes.

Pour conclure, Metaphor: ReFantazio me semble assez simple pour peu qu'on ait bien pris en main le processus. Les Archétypes sont la base du gameplay et la multitude de possibilités est délirante. Là où j'ai eu peine à organiser mon calendrier dans les autres licences d'Atlus, Metaphor: ReFantazio laisse beaucoup plus de libertés, ou du moins, j'ai ressenti bien moins de difficulté à tout réussir du premier coup. Les traits grimpent très vite. Le temps libre est démesuré par rapport à ce que proposaient les autres franchises. Mais peut-être est-ce là ce qui fait l'identité de cette nouveauté ? Toutefois, pour plus de difficultés, le temps vous fera passer un sale quart d'heure. Les conditions météorologiques du jeu viendront corser votre expérience, enlevant une icône de tour, peu importe le coup porté, critique ou non. Le jeu prend alors une autre tournure ! Pourtant, ce premier opus excelle dans l'imbrication de ses différents gameplay.

Metaphor: ReFantazio uto-pique les yeux !

Passons désormais à la partie qui fâche : les graphismes, la technique. C'est raté. Atlus s'est troué sur ce point, littéralement. Heureusement, dans ce marasme, les cinématiques sont exceptionnelles, bien que trop peu nombreuses. Le lancement de la musique par Gallica dans les premières minutes du jeu est absolument incroyable. Après, de ville en ville, la qualité redondante des accords fait que j'ai vite baissé le son, préférant écouter les dialogues plutôt que d'entendre le même morceau indéfiniment. Junah, hallucinante de talent, viendra poser sa voix dans une cinématique de très grandes qualités auditive et visuelle !

Favorisant des doublages anglais, ils collent assez bien aux personnages, même s'il y a parfois des incohérences dans les traductions. Amusons-nous un peu et imaginons la synchronisation des lèvres parfois décalée. Maintenant, pour les sons, ils restent assez agréables dans l'ensemble, avec un gros plus pour les musiques de Grand Trad ! Pour le reste, graphiquement et techniquement, c'est un désastre. Si vous pourrez cuisiner dans l'Arpenteur blindé, vous n'aurez pas une seule image de ce que vous avez préparé. Tant mieux, parce que la bouillie de pixels et les textures d'un autre temps ne sont plus pour moi.

Les donjons sont tous assez similaires dans leurs présentations et les monuments que nous visiterons pendant les escapades auraient pu être bien mieux modélisés. J'ai passé des fous rires sur la modélisation d'un chien ! Dans l'ensemble, les animaux sont triangulaires : poissons, chiens, et autres étrangetés. Cependant, j'ai grandement apprécié le renouveau du bestiaire. Même si nous perdons les références culturelles de Persona et SMT, Metaphor: ReFantazio sait développer des créatures uniques. Pour aller dans ce sens, les Humains, créatures inquiétantes et biscornues sont particulièrement horribles, représentant bien des tourments.

Seulement, voilà. Le tout représente des décalages importants entre les cinématiques magnifiques, des Humains angoissés et angoissants, sur des textures ratées. Sans compter l'aliasing et les villages alentours (autres que les grandes villes) qui sont juste posés sur un écran, ça ne marche pas. Notons toutefois la direction artistique d'une très belle qualité, mais Atlus semble n'avoir pas mis tous les éléments pour un rendu époustouflant. Dommage.

Mon PC est vieux et j'arrive malgré tout à le faire tourner, vous indiquant donc que le jeu est à la portée des anciennes machines, et quand on voit le résultat, on se dit qu'un Ys IX est bien plus beau ! Ponctué, à chaque fin de journée, par la même cinématique d'un nouveau roi qui se présente... Si on a l'ouïe dans le jeu, il manque clairement d'une bonne vision.

Metaphor: ReFantazio - Une révolution utopique !

Nous voici à cette conclusion tant espérée. Je me suis dévoué toute cette semaine à jouer à Metaphor: ReFantazio, laissant peu d'espace à mes autres activités. Si le jeu est long, il se met très vite en place. Nous avons rarement vu l'ennemi du peuple si vite dévoilé ! Louis est un révolutionnaire qui veut créer un monde dans lequel il éliminera toute faiblesse. N'est-ce pas là une des conditions de la vie ? Tout être malade, blessé, est écarté du groupe pour sa propre survie, c'est ce qu'il souhaite mettre en place. Le héros, lui, souhaite un monde sans souffrance, l'utopie généralisée. Si l'une représente une condition de la vie, l'autre témoigne plus d'une autre réalité. Infaisable, impensable, pourtant au creux de cette centaine d'heures qui vous attendent, se cache une irrémédiable envie de faire le bien autour de soi.

Pas tombé bien loin de la licence Persona, chaque pas et acte nous rappellent cette licence tant appréciée. Si j'ai évoqué un lien avec Shin Megami Tensei, je vous laisse le soin d'en découvrir les tenants et aboutissants. C'est édifiant. Malgré l'impureté graphique, le gameplay et la direction artistique sauvent le jeu ! La compréhension du gameplay vous apportera satisfaction, toujours soutenue par l'étreinte du temps. Toutes les mécaniques imbriquées les unes dans les autres donnent Metaphor: ReFantazio. Il ne reste plus qu'à décider si vous avez l'âme d'un révolutionnaire ou d'un rêveur sans frontière. Atlus a su se dépatouiller d'un scénario très prévisible, mais dans une éloquence maîtrisée. C'est à nous de créer la magie de ce monde, de donner des sourires sur les visages et d'accepter les réalités des autres. Parce qu'au-delà d'un simple jeu, Atlus et Metaphor: ReFantazio nous donnent encore une fois une belle leçon de vie !

Metaphor: ReFantazio sortira le 11 octobre 2024 sur PS4 et PS5, Xbox Series & PC via Steam.

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8 Metaphor: ReFantazio

  • Date de sortie (japon) : 11/10/2024
  • Date de sortie (Europe) : 11/10/2024
  • Développeur : Atlus, Studio Zero
  • Éditeur : Atlus, Sega
  • Genres : Tour par tour, Visual Novel
  • Consoles : PS4, PS5, Switch, Series
  • Scénario 80%
  • Technique 56%
  • Gameplay 89%
  • Plaisir 86%
  • Les mécaniques de gameplay interconnectées
  • La leçon et la double lecture du scénario
  • La musique de Grand Trad
  • Les graphismes
  • La lisibilité du scénario
  • Le Danseur Masqué
Naturel
Naturel

Bonjour,
Laurent dit "Naturel" ou encore "Renault". Créateur de jeux de mots et à l'humour douteux, mais toujours drôle ! J'aime faire des rapprochement entre jeux vidéos et société.
Fan de la licence Final Fantasy par laquelle j'ai commencé à jouer aux RPG japonais, sans savoir que c'en étaient.
Mes jeux préférés sont FFVIII et Tales of Vesperia, mais amateur de tous jeux vidéos, exceptées les simulations sportives.

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