Accueil / Bravely Default — Les prémices du nouvel âge d’or du JRPG

Bravely Default — Les prémices du nouvel âge d’or du JRPG

À une époque où le JRPG semblait perdre de sa superbe, une petite équipe de visionnaires au sein de Square Enix, la Team Asano, nommée ainsi en l’honneur de son créateur, décida de redonner au genre ses lettres de noblesse. Leur mission était claire : raviver la flamme des grandes aventures où stratégie, émotion et créativité se mêlent harmonieusement. Bravely Default, véritable lettre d’amour au JRPG classique, incarnait cette ambition avec brio. Ce jeu marqua pour moi une révélation, car c’est grâce à cet opus sur Nintendo 3DS que mon amour pour le genre est né.

Bravely Default, un renouveau du JRPG... Non pas sans mal !

Malgré son statut culte aujourd’hui, Bravely Default n’a pas rencontré immédiatement le succès commercial qu’il méritait lors de sa sortie en 2012. La communication limitée autour du titre et la concurrence d’autres grands jeux de la 3DS ont éclipsé son lancement. Bien que salué pour son hommage aux classiques du genre, le jeu a mis du temps à gagner en reconnaissance, notamment en dehors du marché japonais. Pourtant, même avec des critiques positives, de nombreux joueurs sont passés à côté, souvent rebutés par certains défauts de l'intrigue. En particulier, les chapitres 6 à 8, qui obligent à revisiter des donjons déjà explorés et à affronter des boss précédemment vaincus, ont été perçus comme répétitifs, freinant l’expérience pour les moins patients. Mais derrière ces imperfections se cachait une œuvre visionnaire, pierre angulaire du renouveau du JRPG moderne.

Pour ceux qui ont persévéré, Bravely Default s’est révélé être une aventure de grande qualité, marquant une étape essentielle dans la préservation du JRPG classique, qui, sans cette création, aurait peut-être sombré dans l’oubli. Pourtant, son héritage n’a pas été sans défis. En 2020, Tomoya Asano, créateur de la série, a présenté des excuses pour Bravely Second, la suite directe du premier opus. Bien que ce second volet ait reçu quelques retours positifs, l’équipe reconnaissait que de nombreux aspects n’étaient pas à la hauteur des attentes des fans. Ce jeu a servi de catalyseur pour une profonde introspection, une remise en question qui a influencé tous les projets ultérieurs de la Team Asano. Cette réflexion a porté ses fruits, comme en témoignent les succès critiques et commerciaux d’Octopath Traveler I & II, ainsi que le remake de Dragon Quest III. Ce parcours montre que l’échec n’est pas une fin, mais bien une opportunité de renouveau, une leçon que Square Enix a su mettre à profit.

Un scénario qui inspire

L’histoire de Bravely Default débute dans le paisible royaume de Caldisla, un lieu rapidement plongé dans le chaos suite à la destruction du village de Norende, réduit en cendres par une mystérieuse faille. Tiz Arrior, seul survivant de cette tragédie, se voit contraint de devenir le héros d’une aventure qui le dépasse. Sa quête le mène à rencontrer Agnès Oblige, Vestale du Vent, gardienne des cristaux élémentaires du monde. Ces cristaux, symboles de l’équilibre universel, sont plongés dans les ténèbres, et leur purification devient l’objectif central de leur périple. Au fil de leur voyage, ils sont rejoints par deux autres compagnons : Ringabel, un séducteur amnésique possédant un journal mystérieux prédisant l’avenir, et Edea Lee, une guerrière tiraillée entre son devoir familial et ses convictions personnelles. Ensemble, ces quatre héros forment un groupe improbable mais uni, prêt à affronter les dangers qui menacent leur monde.

Bravely Default

Le récit de Bravely Default suit la quête de ces héros à travers Luxendarc, un monde ancré dans la pure tradition médiévale fantastique. Leur mission consiste à purifier les cristaux élémentaires – Vent, Eau, Feu et Terre – pour prévenir une catastrophe mondiale imminente. Toutefois, chaque purification s’accompagne de dilemmes moraux et de batailles contre des adversaires redoutables, notamment les membres des Forces Eternia, un empire remettant en question l’ordre établi. Chaque région de Luxendarc offre son lot de narration, des personnages secondaires mémorables et des conflits philosophiques autour de thèmes tels que la foi, le pouvoir et la responsabilité.

Cependant, le cœur véritable de l’histoire se révèle dans la seconde moitié du jeu. Les héros découvrent alors que leur monde n’est qu’une facette d’une réalité bien plus vaste. En manipulant les cristaux, ils ouvrent des portails vers des dimensions parallèles et se retrouvent prisonniers d’une boucle temporelle, orchestrée par un ennemi redoutable. Ce retournement de situation bouleverse la perception du joueur, le forçant à revivre certains événements tout en questionnant la frontière entre héroïsme et manipulation. En rendant hommage aux classiques du JRPG tout en brisant leurs conventions, Bravely Default propose une aventure audacieuse et inoubliable, où les choix des héros trouvent un écho jusqu’à la conclusion de leur périple.

Une DA qui sait séduire

Et comment ne pas être séduit par cet essai audacieux de la Team Asano, déjà connue pour des titres comme le remake de Final Fantasy III sur DS ou le plus discret Final Fantasy: The 4 Heroes of Light. En observant de plus près, on remarque une continuité artistique entre The 4 Heroes of Light et Bravely Default. La direction artistique partage des similitudes évidentes : une miniaturisation des personnages, des proportions audacieusement modifiées, et une esthétique chibi empreinte de charme. C’était là toute l’identité visuelle que l’équipe cherchait à offrir, une signature qui marquait les esprits.

Cependant, l’évolution stylistique de la Team Asano prendra un tournant notable. Hormis Bravely Default II sur Nintendo Switch, où l'équipe conserve encore un style proche des origines, elle optera ensuite pour un véritable retour aux sources avec Octopath Traveler. Ce dernier abandonne la miniaturisation au profit d’une esthétique en pixel art, sublimée par la modernité du HD-2D, montrant une volonté d’honorer les classiques tout en explorant de nouveaux horizons artistiques.

Le gameplay brave le classique à défaut de l'oublier

Bravely Default ne se limite pas à son esthétique charmante ; il brille également par son gameplay, qui modernise avec brio les codes du JRPG classique. Au cœur de l’expérience se trouve le système de combat innovant Brave et Default, qui redéfinit le tour par tour traditionnel. Chaque personnage peut choisir entre deux options principales : Default, qui le met en position défensive tout en économisant un BP (Brave Point) pour un usage futur, ou Brave, qui permet de dépenser plusieurs BP en un seul tour pour enchaîner des attaques. Cette mécanique introduit une profondeur stratégique, où les joueurs doivent équilibrer prudence et agressivité, transformant chaque affrontement en un véritable puzzle tactique. De plus, un autre pilier du gameplay est le système de jobs, un hommage direct aux classiques de Final Fantasy, et plus particulièrement au troisième opus de la licence. Ce système offre une certaine flexibilité permettant aux joueurs d’attribuer à chaque personnage l’un des nombreux rôles disponibles, tels que Chevalier, Mage noir ou Moine, tout en leur donnant la possibilité de conserver les compétences d’un second job. L'impact de ces mécaniques ne s'est pas limité à Bravely Default. Des titres récents, comme Metaphor ReFantazio ou le remake de Dragon Quest III, se sont inspirés de ce système de jobs, preuve de l’influence durable de la Team Asano sur l’évolution du JRPG moderne.

Cette flexibilité dans le système de jobs permet des combinaisons presque infinies, allant des synergies évidentes à des choix audacieux qui récompensent pleinement la créativité des joueurs. Chaque job est acquis en vainquant un porteur d'astérisque, un boss majeur de l’histoire qui influence directement le système de progression — une idée brillante qui ajoute à la fois du challenge et renforce l'univers du jeu. En plus de ses mécaniques de gameplay, Bravely Default se distingue par ses innovations sociales. Grâce à la fonctionnalité StreetPass de la Nintendo 3DS, les joueurs peuvent recruter des villageois pour reconstruire Norende, le village natal de Tiz, détruit en début de jeu. Ce mini-jeu de gestion offre des récompenses uniques, telles que des objets rares ou des compétences spéciales. En parallèle, les joueurs peuvent invoquer les avatars de leurs amis en combat, leur permettant de bénéficier d'attaques puissantes ou de partager leurs propres capacités. Cette fonctionnalité renforce l’aspect communautaire du jeu, en dépit du fait qu’il reste une expérience principalement solo.

Ces particularités font de Bravely Default une expérience innovante qui réussit à équilibrer la nostalgie des JRPG classiques avec des innovations modernes, tout en offrant le terrain idéal pour la créativité des joueurs passionnés de theory crafting.

Bravely Default, le perce-neige d'un genre gelé

Pour conclure, cette initiative de la Team Asano n'a pas été vaine. Bravely Default s’est imposé comme l'une des œuvres les plus marquantes du début des années 2010 dans l'univers du genre qui nous est cher. À une époque où le genre semblait se perdre dans des mécaniques trop simplifiées ou éloignées de ses racines, ce jeu a su redonner aux joueurs ce qu'ils attendaient d'un vrai JRPG : un système de combat tactique profond, un scénario touchant et un monde riche à explorer. Il a, pour ma part, marqué un tournant. Ce retour aux fondamentaux, tout en intégrant des idées fraîches et innovantes, a redéfini ce que pouvait être un jeu de rôle japonais classique tout en flirtant avec les normes actuelles. La qualité de son écriture, ses personnages mémorables et l’équilibre entre exploration et stratégie ont permis à Bravely Default de se distinguer parmi tant d'autres.

L'impact de cette production va bien au-delà de son succès commercial. Bravely Default a joué un rôle primordial dans le renouveau du JRPG, inspirant une nouvelle génération de développeurs et ravivant l'intérêt des fans pour des expériences de jeu plus classiques. Il a été un modèle pour des titres comme Octopath Traveler, qui reprend une partie de son héritage en termes de mécaniques de gameplay. En fin de compte, Bravely Default n'est pas seulement un jeu parmi tant d'autres. Il fait partie de ces œuvres qui ont permis de raviver l’âme du genre, démontrant qu’il n’était pas encore éteint. C’est grâce à des jeux comme celui-ci que le JRPG a trouvé une nouvelle vie, bien ancrée dans ses racines tout en évoluant vers les horizons de nos temps les plus proches.

Tu aimes notre site et tu veux nous aider ?

Rejoins notre Discord pour postuler à la rédaction !

Tu n'aimes pas écrire ? Alors partage notre contenu ou rejoins nous sur nos
Réseaux Sociaux !

Tu veux soutenir le projet, découvre notre Patreon !

Kuro
Kuro

✅ Créateur du média

✅ Amateur de culture pop, JRPG et retrogaming

✅ À l'âge de 38 ans, mon JRPG préféré demeure Chrono Trigger !

💔 RIP Akira Toriyama, tu resteras à jamais dans nos coeurs...

Laisser un commentaire