Granblue Fantasy: Relink a été annoncé sous le titre de Granblue Fantasy Project Re: Link en août 2016, avec le développement assuré par une collaboration entre PlatinumGames et Cygames. En septembre 2016, le jeu a été annoncé pour la PlayStation 4 avec une sortie prévue en 2018 lors de la conférence de presse du Tokyo Game Show de Sony. Ce RPG d'action a traversé un développement long et compliqué. Le résultat actuel ne correspond pas à l'image d'un développement difficile tel que celui d'Infinity Strash ou de Final Fantasy XV. Pourtant, je suis personnellement convaincu que le jeu aurait pu être une véritable surprise s'il avait, réellement, une histoire à raconter.
Sommaire
Granblue Fantasy: Relink - Filons au gré du vent et des nuages
Je comprends ceux qui font l'impasse sur une narration de qualité pour s'orienter uniquement sur le gameplay. Personnellement, ce n'est pas mon cas. Quand je joue à un JRPG, c'est avant tout pour son univers, pour son message. Il existe plein d'autres genres comme le Boss Rush ou le Beat them all qui sont de très bons défouloirs et qui brillent aussi par leurs qualités. Devil May Cry en est un excellent exemple. Ce que je peux reprocher à Granblue Fantasy, hors du contexte visuel que nous verrons plus tard, c'est son manque de structure narrative…
Il fut un temps où le dieu de la création, ayant forgé un monde composé d'innombrables îles, vit ses habitants célestes prospérer. Cependant, avec le temps, ces créatures se rebellèrent contre leur créateur, le fractionnant en deux entités distinctes. L'une détenait le pouvoir de destruction et de régénération, tandis que l'autre, possédant le pouvoir de création, se dissipa aux confins du ciel. Le dieu restant continua à gouverner le royaume céleste, marquant son histoire par un cycle incessant de destruction et de régénération. Bien que le dieu de la création puisse créer des mondes à partir du néant, son incapacité à détruire les condamnait tous à une inévitable stagnation.
Granblue Fantasy: Relink se déroule dans le monde des cieux, où d'innombrables îles flottent dans l'immensité azurée. En tant que capitaine d'un équipage de navigateurs, vous êtes accompagné d'un fringant petit dragon nommé Vyrn et d'une jeune fille aux pouvoirs mystérieux appelée Lyria. En compagnie de vos équipiers hauts en couleur, vous naviguez vers Estalucia, une île légendaire située au-delà des confins des cieux. Sur le continent céleste de Zegagrande, les îles sont gardées par de puissantes créatures originelles, et le vent transporte des rumeurs sur une organisation secrète connue sous le nom d'Église d'Avia. Lors d'une mission, Lyria, surnommée la Chamane, est enlevée par un groupe d'antagonistes. C'est à vous et à votre équipe d'aventuriers d'explorer les cieux pour tenter de la sauver.
L'histoire, telle qu'elle est racontée peut sembler des plus captivante, cependant… Le schéma narratif de Granblue Fantasy: Relink suit une structure par chapitres, ceux-ci étant subdivisés en épisodes. À différents moments, il vous sera possible de faire une pause dans l'intrigue principale pour vous adonner à d'autres activités, telles que l'accomplissement de quêtes secondaires ou l'amélioration de vos équipements. Ce qui me déplaît particulièrement dans le jeu, c'est sa manière de raconter une histoire de manière extrêmement linéaire, semblable à un shônen fleuve, sans chercher à approfondir les personnages qui entourent le héros.
En d'autres termes, le problème réside dans le fait que pour en apprendre davantage sur les autres personnages, il est nécessaire de participer à des quêtes de destin. Celles-ci se résument à du texte, ni plus ni moins, sur une image illustrant une action du personnage. Certaines d'entre elles vous permettront tout au plus de participer à quelques combats. Aucune cinématique, aucune mise en scène pour ces quêtes spécifiques. Vous allez simplement dans le menu, lancez la quête, et lisez. Bien que les développeurs aient eu la bonne idée d'ajouter des augmentations de statistiques lors de ces quêtes pour encourager les joueurs à en apprendre plus sur les personnages, l'expérience en devient malheureusement redondante. Au bout de la vingtième, on appuiera frénétiquement sur la touche X pour rapidement obtenir quelques points de statistiques et passer à autre chose.
Ce que je déteste dans Granblue Fantasy: Relink, et cela va de pair avec ce que j'ai abordé plus haut, c'est sa manière d'introduire les nouveaux personnages. Granblue Fantasy est à la base un Gacha Game, donc les personnages se gagnent en faisant des tirages aléatoires. Pour connaître leur histoire, vous allez devoir faire leur quête et celles-ci sont généralement un minimum scénarisées dans ce genre de jeu. Ici, dans Granblue Fantasy: Relink, l'histoire ou les quêtes secondaires vous donneront des tickets de personnage. Ces derniers pourront être utilisés pour en choisir un dans une liste. Rien ne vous choque ? Personnellement, quand je me retrouve face à un jeu qui arbore une telle direction artistique, musicale et visuelle, je m'attends à ressentir des émotions. Je veux voir ces personnages dans leur environnement initial, voir comment l'élément perturbateur de chaque personnage les pousse à vous rejoindre.
Mais si ce n'était que cela et que l'histoire demeurait captivante autour du personnage principal, ce serait un bon point. Cependant, même au cours des chapitres, nous percevons les événements venir de loin avec des réflexions du genre : "Allez, on y est presque, sauvons la princesse !" ou "C'est encore trop tôt pour atteindre notre objectif…". Il devient évident qu'à peine quelques heures nous séparent de l'antagoniste final et qu'il faut bien trouver des péripéties pour faire durer le suspense, qui ne suspend rien, car comme dans tout bon shônen, les actions se suivent et se ressemblent dans des contextes totalement différents.
Vous l'aurez compris, l'histoire et la narration de Granblue Fantasy: Relink sont, pour moi, d'une faible qualité. Maintenant, est-ce que le gameplay suffira à faire de ce jeu un magnifique RPG d'action, rien n'est moins sûr…
Un gameplay riche, mais peu de contexte
Granblue Fantasy: Relink présente de bons éléments pour son gameplay. Comme mentionné précédemment, l'histoire est divisée en chapitres. À chaque chapitre, vous embarquerez à bord du Grandcypher pour vous rendre vers une nouvelle destination. Les zones proposées sont relativement ouvertes et de tailles variées. Cependant, un petit inconvénient est que vous ne pouvez vous orienter qu'avec une ligne sur l'ATH, similaire à Skyrim ou God of War. Chaque zone visitée présente une structure similaire en termes d'activités telles que les combats, la recherche de coffres, les défis d'ennemis puissants et les défis de rapidité.
En ce qui concerne les combats, vous avez en bas à droite de l'écran une croix de compétences. En plus des attaques normales et puissantes, ainsi que de la garde et de l'esquive, vous avez la possibilité de personnaliser votre croix avec quatre compétences. Ces compétences s'apprennent au fur et à mesure de votre progression grâce à l'accumulation de points de mana (PDM), récoltés lors des combats, dans des coffres ou en récompense de quêtes. Veillez à bien faire attention, car les PDM sont partagés entre tous vos personnages, il faudra donc les répartir équitablement si vous ne voulez pas trop devoir grinder.
En ce qui concerne l'équipement, la mécanique diffère légèrement de ce à quoi je suis habitué. La progression s'effectue en trois étapes : en avançant dans l'arbre de compétences de chaque personnage, en augmentant de niveau, et en améliorant votre arme ainsi que vos sceaux. Vous pouvez obtenir des armes de différentes manières, que ce soit dans les coffres, en récompense de quêtes, ou en les forgeant. Pour la forge, vous devrez récolter des composants afin d'améliorer vos armes ou d'en produire de nouvelles. De plus, une quantité assez conséquente d'argent sera nécessaire pour chacune de ces actions. La progression d'une arme se fera par palier en fonction de sa rareté. Plus une arme est rare, plus elle possède de paliers, et pour dépasser la limite de chaque palier, il vous faudra des matériaux plus rares, etc. C'est une fonctionnalité classique des RPG mobiles qui est somme toute bien appliquée dans Granblue Fantasy: Relink.
Maintenant que vous savez comment obtenir un personnage puissant, mettons en application ces belles statistiques. Les affrontements se déroulent immédiatement sur le terrain. À l'instar de Final Fantasy XVI, les ennemis apparaissent directement sur le terrain et les combats n'ont pas lieu dans une arène distincte. Vous utiliserez vos attaques classiques pour faire monter votre jauge d'Arts, allant de I à IV. Bien sûr, vous pouvez utiliser vos compétences quand bon vous semble, mais au niveau maximum de votre jauge d'Art, vos compétences seront bien plus efficaces.
La particularité de ce RPG d'action réside dans les liens que les personnages partagent sur le champ de bataille. La jauge d'étourdissement de l'adversaire se remplit à mesure que vous lui infligez des dégâts. Une fois pleine, une chance de lien se déclenche. C'est à ce moment-là qu'il faudra lui asséner une attaque liée en appuyant sur le bouton rond. Le niveau de lien de votre personnage augmente donc progressivement à chaque attaque liée lancée. Une fois que tous les personnages atteignent les 100% de lien, vous recevez des bonus temporaires. Cette particularité vous permet de ralentir l'ennemi et de réduire le temps de recharge des compétences.
Une autre particularité des combats que j'apprécie tout particulièrement est l'utilisation des Arts célestes. En plus de remplir votre jauge de lien, ils vous permettent de déclencher des attaques surpuissantes avec une animation tout aussi remarquable. La jauge d'Art céleste se remplit au fur et à mesure des actions exécutées en combat. De plus, si la jauge d'Art céleste est remplie pour toute l'équipe en même temps, vous pourrez les lancer en chaîne via le Full Burst. Ce dernier réduira drastiquement la durée d'un combat, tant son efficacité est grande.
Les Boss dans Granblue Fantasy: Relink sont plutôt difficiles. En plus d'être de véritables sacs à PV, vous devrez utiliser tout ce que j'ai défini plus haut pour vous en sortir. En outre, pour corser encore un peu les choses, ils bénéficieront d'un mode nommé Overdrive qui rendra le monstre hors de contrôle, un état durant lequel vous devrez particulièrement faire attention. Pour les faire sortir de ce mode, il faudra l'attaquer jusqu'à faire tomber sa jauge à zéro. Une fois fait, la créature entrera en état de Break, vous laissant une fenêtre plus ou moins longue pour vous défouler.
Il faut également que je vous parle du contenu annexe du jeu. Le comptoir de quêtes sera votre rendez-vous pour rendre vos personnages surpuissants. Dans chaque ville, ce comptoir vous proposera des quêtes de différents types : Boss, Survie, Horde, Conquête, Défense. Ces quêtes sont relativement diversifiées afin que vous ne ressentiez pas une certaine redondance. Avec une centaine au compteur, vous aurez tout le loisir d'étendre la durée de vie du jeu. L'utilité de ces quêtes est de gagner en puissance. Ainsi, chaque quête vous offrira des récompenses pour optimiser vos armes ou des PDM pour avancer dans les arbres de compétences de vos personnages, en plus de proposer un bon moyen répétable d'engranger de l'expérience.
Bien entendu, les quêtes secondaires sont davantage des défis annexes. Aucune narration n'est incluse ; elles sont simplement là pour vous rendre plus performant en vous proposant un système de rang allant de C à S++, qui influencera vos récompenses obtenues. Dans le même contexte, les quêtes données par les PNJ en ville vous demanderont de tuer un certain nombre d'ennemis ou de récolter des objets. FedEx oblige, rien dans ces quêtes n'a plus d'attrait que de remplir votre inventaire.
Pour conclure sur une note intéressante, au cours de votre aventure, d'autres gameplays viendront élargir l'horizon du jeu. Des combats aériens, où vous prendrez les commandes de canons, en passant par le contrôle de mechas ou de créatures gigantesques, permettent aux environnements de montrer leur profondeur, vous procurant un certain sentiment de grandeur.
Il n'y a pas à dire, Granblue Fantasy: Relink possède un 'Gran' gameplay. Les possibilités sont énormes, et leur utilisation est plaisante et réellement gratifiante. Le problème, c'est que le contexte donné à tout cela est, pour ma part, un peu pauvre. Des quêtes très courtes et sans narration profonde, des zones plus ou moins grandes, mais rapidement parcourues, et un grand sentiment d'inachevé ou de vouloir plus qui s'étend jusqu'à la fin du jeu. Le gameplay est pour moi ce qu'il y a de plus réussi dans le soft, dommage que tout cela ne soit qu'une succession d'activités avec juste ce qu'il faut de contexte pour éviter de ressentir cette continuelle impression de déjà-vu.
Une véritable œuvre d'art visuelle et musicale
Granblue Fantasy: Relink excelle également dans sa direction artistique. Les décors sont des fresques colorées et succulentes pour l'œil. La musique chatouille nos oreilles à chaque instant, et chacune des notes jouées se marie à la perfection avec ce qui se passe à l'écran. Il y a une bonne diversité entre les biomes parcourus, et le design des personnages est somptueux. La mise en scène des cinématiques est très soignée et va très loin dans les prises de vue et les mouvements de caméra. Pour parler de cette dernière, je la trouve particulièrement bien configurée. Elle sait où se positionner en fonction de l'action et offre toujours la meilleure vue possible lors des affrontements ou de l'exploration. Une ombre vient tout de même noircir le tableau de la réalisation, il s'agit des animations en combat. Non pas qu'elles soient ratées, mais leur nombre transforme le champ de bataille en un environnement illisible. Heureusement, si vous avez du mal, vous pouvez opter pour le mode assistance et l'esquive automatique, mais avoir recours à ce genre d'options pour jouer à l'aveugle n'est pas très optimisé.
Globalement, la direction artistique est au top. Le jeu est une vraie oeuvre d'art et rien que pour cela le jeu vaut le détour. Le travail de Nobuo Uematsu (Final Fantasy) en est pour quelque chose. Hideo Minaba, quant à lui, nous propose l'une des meilleures directions artistiques visuelles de ces dernières années avec des personnages charmants et sexy tout en restant dans le politiquement acceptable, du grand art. En effet, il est difficile de critiquer la musique et les visuels du jeu tant ils sont d'une grande qualité.
Une aventure magnifique pas sans défauts
Comme je le mentionnais au début, il est difficile de donner un avis global sur Granblue Fantasy: Relink. Le jeu a de bonnes qualités en termes de gameplay et de direction artistique. Cependant, le contexte du jeu me semble trop simple pour que je sois pleinement satisfait. J'aurais souhaité une histoire plus captivante et des personnages plus développés, sans avoir à fouiller les menus du jeu pour découvrir les détails de l'univers. Pour ma part ce Granblue Fantasy: Relink ma laissera comme un goût d'inachevé, même si l'univers riche m'a permis d'entrevoir ce que les développeurs ont voulu me faire ressentir.
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Granblue Fantasy: Relink
- Date de sortie (japon) : 02/02/2024
- Date de sortie (Europe) : 02/02/2024
- Développeur : Cygames
- Éditeur : Cygames
- Genres : Action
- Consoles : Ps4, Ps5, PC
- Scénario 50%
- Technique 100%
- Gameplay 80%
- Plaisir 70%
- La direction artistique
- La musique
- Le gameplay en combat et ses possibilités
- La générosité du contenu annexe
- L'histoire trop maigre
- La redondance des quêtes
- Sa durée de vie (+-17 heures en ligne droite)