Débuter avec les JRPG d'Atlus en 2025 — C'est simple !

Sous un ciel crépusculaire, dans le Japon des années 80, une étoile discrète mais ambitieuse s'apprêtait à briller dans l'univers du jeu vidéo. Son nom ? Atlus. Peu savaient alors que cette modeste entreprise, fondée en 1986, façonnerait l'avenir du JRPG d'une manière aussi sombre que passionnante. Pour bien débuter dans les franchises d'Atlus, il est essentiel de comprendre les éléments qui définissent leurs productions. En analysant cette recette unique, nous pourrons déterminer par où commencer et surtout, comment s'y plonger de la manière la plus accessible.

Naissance d'Atlus

Les premières années furent celles de l’expérimentation. Atlus débuta comme développeur pour d'autres sociétés avant de prendre son envol. En 1987, un frisson parcourut l'industrie lorsque Digital Devil Story: Megami Tensei fit son apparition.

Digital Devil Story: Megami Tensei est un jeu de rôle basé sur une trilogie de romans de science-fantasy écrits par Aya Nishitani. Deux versions distinctes ont été développées en 1987 : l'une par Atlus et publiée par Namco sur Famicom, et l'autre par Telenet Japan pour divers PC, avec l'aide d'Atlus.

L'histoire suit Akemi Nakajima et Yumiko Shirasagi, deux lycéens japonais confrontés aux forces de Lucifer après que Nakajima a créé un programme d'invocation de démons. La version Famicom propose un gameplay en vue à la première personne avec des combats au tour par tour et un système de négociation avec les démons.

Simple. Les ingrédients de base sont déjà réunis pour préparer les mets de choix que sont les productions d'Atlus aujourd'hui. Bien sûr, de l'eau a coulé sous les ponts depuis 1987, et les premiers opus ont mis du temps à arriver chez nous, voire n'ont jamais été publiés. Mais ce n'est pas la question ici. Pour comprendre comment commencer, nous devons analyser les composants d'un jeu Atlus, sa fabrication.

Philosophie

Pour appréhender toute l’histoire et les influences des franchises d’Atlus, et plus particulièrement de la saga fondatrice Shin Megami Tensei (SMT), je ne peux que vous recommander l’ouvrage de Third Editions. Sous la plume érudite de Ludovic Castro, "La Saga Shin Megami Tensei. D’apocalypses en renaissances" nous convie à une exploration profonde de cette série emblématique.

C’est un excellent point de départ pour saisir l’essence de cette saga, autour de laquelle gravitent des licences comme Persona ou Devil Summoner, illustrée notamment par Soul Hackers 1 & 2. On y retrouve aussi des œuvres telles que Tokyo Mirage Sessions #FE, un curieux mélange avec l’univers de Fire Emblem, ou encore la duologie Persona Q, qui fusionne l’univers de Persona avec les mécaniques d’un autre titre phare d’Atlus : Etrian Odyssey.

Nous voilà avec la pointe visible de l'iceberg.

Entre démons et vie scolaire, ou même plus adulte dans un contexte de fin du monde, les JRPG d'Atlus ont cette capacité à nous raconter des histoires qui rappellent la vie réelle, avec des thématiques plus que d'actualité. À cela s'ajoute une collection de croyances philosophiques et religieuses du monde entier : hindouisme, christianisme, folklore japonais, satanisme et bien d'autres. Un véritable bouillon de cultures, qui viendra parfaire nos aventures.

Cependant, Atlus ne cherche pas à instruire le joueur. Le studio prend le temps de nous immerger dans la peau de ses personnages. Cela se traduit par de longs dialogues dans la série Persona, ou encore par l’ambiance apocalyptico-dérangeante de Shin Megami Tensei. Bien entendu, cela ne concerne que les franchises satellites de cette série. Etrian Odyssey, son autre licence phare, se distingue par sa difficulté et son inspiration marquée par les origines du Dungeon Crawler, à la manière de Wizardry.

Je ne compte pas entrer dans les détails de chaque inspiration. Une chose est sûre, avant de commencer ne serait-ce qu'un seul de leurs JRPG, vous deviez être informés sur leur densité culturelle — c'est chose faite.

Difficulté

Est-ce réellement une question d'accessibilité ? Si les œuvres d'Atlus sont souvent des jeux qui demandent une grande implication, d'autres titres plus accessibles existent bel et bien. Avant de vous en dresser la liste, prenons un moment pour examiner les fondements du gameplay.

— Le tout est de remplir toutes les cases... Si vous ne comprenez pas encore où je veux en venir, tout deviendra plus évident dans les prochaines lignes.

Au cœur de l’expérience de Shin Megami Tensei réside une exploration minutieuse de donjons labyrinthiques et une gestion complexe d’une équipe de démons. La mécanique de fusion des démons permet de mélanger des entités démoniaques pour en créer de plus puissantes. Cependant, recruter ces créatures ne suffit pas. Les comprendre, les manipuler comme des ressources sera votre principal objectif. Chaque démon possède des compétences élémentaires. C’est la connaissance de ces forces et faiblesses et leur exploitation, qui vous permettra de bâtir une équipe viable.

C'est ici que nous rempliront les cases. Comment ? Cela passera par une couverture quasi complète de toutes les affinités élémentaires du jeu à travers les spécialités de vos démons ou personnages. Dans le cas de Shin Megami Tensei, la gestion se concentrera sur les démons. Pour Persona ou même Tokyo Mirage Sessions, elle s’étendra également aux personnages et à l'amélioration de votre équipement.

Couvrir l'ensemble des affinités sera suffisant pour le début. Très vite, il faudra étudier une ou plusieurs routines et cela commence par choisir un bon équilibre entre compétences offensives, défensives et sorts passifs de bonus ou malus. Commencez par vous blinder le premier tour avec des sorts tels que Rakunda, Tarunda, Sukunda, et Matarunda. Ces compétences de débuffing peuvent rapidement inverser la tendance du combat en votre faveur, car elles affaiblissent l'ennemi de manière significative.

Une fois que vous avez établi vos avantages sur le terrain pendant plusieurs tours, il est temps de passer à l'offensive. Priorisez d'abord les compétences physiques, car elles ne consomment pas de PM. C'est lorsque vous découvrez une faiblesse que l'effet boule de neige commence. En général, dans les JRPG d'Atlus, dévoiler une faiblesse ennemie n'est que le début des hostilités.

Dans Persona, par exemple, cela permet d'enchaîner avec un coup supplémentaire. Dans Shin Megami Tensei, cela déclenche un Press Turn, vous offrant un tour supplémentaire pour chaque faiblesse exploitée. Ce système de tours bonus permet de multiplier vos actions et de maintenir une offensive constante. Et ce n'est en aucun cas à négliger ! Car les ennemis peuvent faire la même chose avec vous — l'objectif est de laisser la patate chaude dans les mains de l'ennemi le plus longtemps possible.

Nous pourrions citer Soul Hackers 2 comme un JRPG avec un système de combat plus abordable. Bien que certains boss puissent attaquer plusieurs fois durant leur tour, le système y est assez différent. Pendant le combat, si une faiblesse élémentaire est exploitée, un de vos démons se prépare dans l'ombre, et c'est à la fin du tour que vous pourrez lancer un assaut global — plus simple à comprendre, plus direct.

À cette fondation s’ajoute un système de combat au tour par tour précis. Attaquer, utiliser des sorts ou des objets, et surtout, tenter de négocier avec les démons. Ces négociations peuvent prendre plusieurs formes dans les différents jeux d'Atlus — parfois à travers des discutions, parfois par la chance, parfois en récompense de combat, etc.

Les mécaniques de l'écosystème Shin Megami Tensei n’est pas une base à prendre à la légère. elle exige une certaine minutie dans la gestion des ressources et la planification pour les combats classiques. Pour les combats de boss, c'en est tout autre. Eux ont des patterns à observer qui modifieront drastiquement vos routines de combats. Néanmoins, ces affrontements, seront d'excellentes inspirations pour renforcer vos propres réflexions et stratégies.

Choisir

Globalement, si je devais vous conseiller un jeu de l'univers étendu de Shin Megami Tensei, je vous orienterais sans aucune hésitation vers Soul Hackers 2 (SH2). Comme je l'ai mentionné plus haut, bien que l'exigence soit présente, le système de combat y est moins complexe, plus direct ! De plus, l'histoire n'est pas des plus profondes, ce qui vous permet de vous concentrer pleinement sur les combats et de vous familiariser avec le large éventail de compétences de la licence.

— Et Persona 5, alors ?

Je suis d'accord qu'avant la sortie de SH2, cela aurait été le meilleur choix. Cependant, la lourdeur de la segmentation des journées, la gestion du temps et les interminables dialogues peuvent rebuter les plus débutants d'entre vous. SH2 est plus direct, et ses donjons sont de véritables terrains de jeu pour laisser libre cours à votre créativité. De plus, le recrutement de démons y reste très simple. Lors de l'exploration, vous en croiserez et, en échange d'objets, de PV ou de PM, ils vous rejoindront rapidement. En outre, au Cirque du Goumaden, chez Viktor, vous recevrez des suggestions pour fusionner des démons, ce qui vous évitera de vous casser la tête à déterminer les prochains démons à produire pour renforcer votre équipe.

— Après, je peux lancer Persona 5 ?

Pas tout de suite ! Pour vous immerger totalement dans le monde de Shin Megami Tensei, il est préférable d'enchaîner sur sa cinquième mouture dans sa version Vengeance. En effet, ce dernier vous offrira plusieurs niveaux de difficulté, le Press Turn emblématique de la série, un scénario plus accessible et localisé en français. De plus, il ajoutera des fonctionnalités d'accessibilité vous permettant de renforcer vos liens avec les démons et des zones dont le level design s'oriente plus sur l'exploration que sur le labyrinthique (coucou SMT III Nocturne...). C'est une manière d'aborder l'univers tellement plus agréable pour les nouveaux venus, et je pense que c'est important de le placer en deuxième position.

— Bon maintenant Persona 5, non ?

Patience, jeune brebis ! Je placerais en troisième position notre bon Persona 3 Reload. Même si la gestion des journées est bien présente, les zones à visiter de jour ou de nuit sont moins nombreuses, et l'histoire est bien moins verbeuse que dans Persona 5. De plus, vous passerez beaucoup de temps dans les donjons, avec des options d'accessibilité qui correspondent mieux aux habitudes actuelles, comme la récupération automatique inspirée de Persona 5 ou la cartographie anticipée des prochains étages de donjon. Persona 3 Reload introduit également une nouvelle capacité à débloquer appelée Théurgie. Celle-ci agit comme une sorte de limite, déclenchant une attaque puissante qui annule les faiblesses ou les résistances des ennemis.

Pour moi, Persona 3 Reload est l'opus le plus accessible de cette sous-série de SMT.

— Persona 5 ?

Oui, c'est enfin le tour du GOAT d'Atlus. C'est ici que commencent les hostilités. S'il est plus accessible qu'un SMT IV ou sa suite SMT IV Apocalypse, il n'en reste pas moins exigeant dans sa gestion du calendrier. Le nombre d'activités qui vous est offert est de loin la première des difficultés. Que choisir, avec qui s'entretenir ? Quelle activité me permettra de monter telles ou telles statistiques ? Autant de questions qui peuvent vous pousser à faire n'importe quoi.

À ce stade, vous comprendrez déjà mieux comment créer un build viable et vous aurez un premier avant-goût de la vie estudiantine avec Persona 3 Reload. Il ne restera plus qu'à vous de maîtriser la gestion journalière de vos activités.

Après

Pour terminer ce "guide", je dirais que la suite dépend de vous ! Si vous avez réussi à tenir jusqu'ici, sachez que vous mettez un pied dans le monde fascinant et parfois élitiste des JRPG d'Atlus — je rigole, bien sûr. Ce que je peux vous conseiller, c’est de vous aventurer vers Persona 4 Golden, puis de bifurquer vers Shin Megami Tensei IV et SMT IV Apocalypse, pour ne citer qu'eux. Vous pouvez même vous tourner vers Metaphor: ReFantazio, car avec tout ce que vous avez déjà appris, vous serez en mesure d'en saisir les subtilités et d'en profiter pleinement. En réalité, si vous avez décidé de rentrer dans les univers d'Atlus et que vous êtes déterminés à vous y amuser, sachez que vous ne verrez plus jamais les autres JRPG au tour par tour de la même manière.